Livre à une voix, celle d'
Alain Doucet, la quarantaine, belge originaire de Charleroi, humoriste pas assez reconnu et obligé par la force des choses de se trouver un boulot alimentaire.
Ce sera chauffeur-livreur. Il a le permis camion, oui, mais c'est tout juste. Il n'y connaît rien, Alain. Au contraire, il n'a pas le sens de l'orientation, n'aime pas la ville, ses sens uniques, son manque de parking, ses travaux.
Nouveau, il débute dans la tournée frigo puis évolue dans les différentes tournées Bruxelles périph, Alaska, Hainaut, Anvers-Limbourg etc. Il va parcourir toute la Belgique à bord de camions plus ou moins gros, frigorifiques, avec ou sans clim, avec ou sans radio.
Les bouchons, les files d'attente au déchargement, au chargement, on les subit avec lui.
Les erreurs du magasinier, les erreurs d'étiquetages, les livraisons au « grand comptant », les infractions du code de la route, le tachygraphe. Qui se doutait que ce boulot était si compliqué ?
Que dire des heures de livraison ? « Plusieurs clients se trouvent parfois dans le même quartier voire la même rue mais souvent j'ai un tea-room qui veut être servi de bonne heure, un italien qui n'ouvre pas avant 11h, un chinois à midi et cerise sur le gâteau ; un vidéoclub qui ouvre à 14heures ou un night-shop à 15-16-snif-17h. »
Alain s'adapte et miracle s'y fait même bien. « En tout cas, je suis un modèle pour tous ceux qui cherchent du boulot et trouvent un truc pour lequel ils ne sont pas faits au départ. C'est sûrement la preuve qu'on acquiert une compétence lorsqu‘elle devient indispensable à sa vie, à sa survie. Je m'y retrouve enfin dans Bruxelles, mon sens de l'orientation n'est pas encore parfait mais je n'utilise quasi plus le GPS sauf quand je suis trop crevé, riez ou pas, ça me fait une compagnie et je suis moins distrait pour l'itinéraire. Faut pas être intelligent dans cette société, juste avoir un peu de jugeote. »
Alain Doucet nous livre ses tribulations dans « chauffeur-livreur ». Il l'a écrit dans son bahut, pendant ses innombrables attentes. J'ai passé un bon moment car ce livre n'a rien du ton revanchard de la caissière d'
Anna Sam. Il nous décrit avec humour le monde du travail, celui du chauffeur-livreur, oui celui-là même qui embouteillait la route ce matin, garé en double file, dans une des artères de Bruxelles, oui, celle en travaux, bien sûr !