J'ai trente-quatre ans, et je n'ai pas connu un seul jour dépourvu de soucis, pas un seul... Vivre ne serait-ce qu'une seule journée sans pensées, sans préoccupations, sans tristesse ni angoisse... Mais non, il faut que je me traîne au comité local... Où il y a une horloge, des portraits, des couloirs, où tout le monde doit faire mine d'être sérieux.
Je déteste les cérémonies funèbres. Non pas parce que quelqu’un est mort, je n’ai encore jamais enterré un être proche.
Et les défunts étrangers me sont indifférents. Malgré cela, je déteste les enterrements. Face à la mort d’autrui, toute action me paraît immorale. Je déteste les enterrements pour le sentiment convaincant de beau chagrin qui en émane. Pour les larmes des autres. Pour la sensation de joie soigneusement réprimée (ce n’est pas moi qui suis mort c’est un autre). Pour les pensées inquiètes qui se concentrent sur la beuverie qui va suivre. Pour les compliments démesurés prononcés à l’adresse du défunt (j’ai toujours envie de crier : « Il s’en fiche. Faites plutôt preuve d’indulgence à l’égard des vivants, par exemple à mon égard.
Il y a bien longtemps que je ne divise plus les gens en bons et en mauvais. Encore moins les personnages littéraires. En outre, je ne suis pas sûr que dans l’existence le crime entraîne des remords inévitables et que l’exploit soit récompensé par la félicité. Nous sommes tels que nous nous ressentons. Nos qualités et nos vices
remontent à la surface au contact subtil de la vie.
Dans la vie d’un journaliste, il y a tout ce qui embellit la vie d’un homme digne de ce nom.
La sincérité à Le journaliste exprime sincèrement des choses qu’il ne pense pas.
La créativité à Le journaliste crée continuellement en faisant passer la fiction pour une réalité.
L’amour à Le journaliste aime tendrement ce qui ne vaut pas la peine d’être aimé.