Citations sur Le Gardien des tempêtes, tome 1 : Le Gardien des tempêtes (27)
Qu'est-ce que tu voulais qu'elle me dise ? Que l'île a tué notre père ? Que les tempêtes sont magiques et que c'est la magie qui nous l'a pris ? Non, Fionny.
Il faut le voir pour le croire.
Son grand-père avait raison lorsqu'il disait qu'on n'avait pas peur pendant l'action, mais il avait oublié de mentionner un détail. On avait peur après. La terreur profita de l'obscurité pour descendre dans sa gorge et l'empêcher de respirer correctement. (pages 203)
-D'après mon expérience, il n'y a pas de peur, aussi petite soit elle, dont il faut avoir honte. Ta grand-mère souffrait d'anatidaephobie aiguë. Le savais-tu?
A peine Fionn avait-il entendu ce mot, que déjà il l'oubliait.
-Elle souffrait de quoi...?
Son grand-père joignit les mains devant ses lèvres.
-Elle avait peur d'être observé par un canard.
Fionn fixa le vieil homme, interloqué.
-Quoi?
-Anatidaephobie, articula son grand-père. La peur que quelque part, un canard vous observe.
- C'est curieux, mon garçon. Je ne sais pas qui tu es, avoua-t-il.
Fionn se décomposa.
- Mais je sais que je t'aime, ajouta son grand-père en fermant les yeux.
Il sourit, et on aurait dit que le soleil se levait au fond de lui. Fionn attendait de pouvoir à nouveau respirer pour répondre :
- Moi aussi, je t'aime, grand-père.
Et, par-dessus tout, il voulait que son père quitte le canot de sauvetage qui gisait au fond de la mer et vienne reprendre sa place. Il le désirait si fort qu'il caressait cette idée en s'endormant chaque soir, et se réveillait chaque matin en y songeant. Depuis qu'il était tout petit, cette pensée était blottie dans la petite fente entre son âme et son cœur, à l'endroit où le désir se dissolvait dans l'impossibilité.
Vivre une vie d'émerveillement à couper le souffle, si bien que lorsqu'elle s'estompera peu à peu, tu sentiras encore l'ombre du bonheur en toi et le sentiment de béatitude d'avoir ri le plus fort, aimé le plus profondément et vécu sans peur, même si les détails t'échappent.
Il tenta de se guider au son, mais celui-ci ne cessait de lui échapper, comme une station de radio mal réglée.
Fionn avait envie d'ajouter quelque chose; il aurait voulu dire à son grand-père qu'il l'aimait énormément. Qu'il l'avait réconcilié avec lui-même en lui donnant confiance en lui. Qu'il était l'étoile la plus brillante dans son ciel. Qu'il ne pouvait pas supporter de le voir oublier quoi que ce soit. Les mots s'accumulèrent sur sa langue jusqu'à ce qu'il se sente trop plein pour parler.
Sa barbe ressemblait à un nuage en fuite.
Il ne voulait pas qu'elle se noie. Juste qu'elle reste sous l'eau assez longtemps pour qu'un poisson vienne grignoter la partie de son cerveau responsable de son mauvais caractère.