Tour à tour, trois femmes et trois hommes qui viennent de passer le cap de la trentaine vont livrer des fragments de leur vie d'adulte, de leurs espoirs, illusions et désillusions au micro d'un interviewer discret qui mène une étude sur la génération des Millennials. Se livrent ainsi Sonia dont l'idéalisme le dispute à une certaine candeur, Sibylle, intellectuelle cynique et revenue de tout, Claire enfermée dans une vie bourgeoise ; Gauthier qui a pris le risque d'assumer une vie d'artiste à l'encontre des souhaits familiaux, Mikaël qui consume sa jeunesse pour éloigner le vide, et Samir, réfléchi et posé. Comment vont-ils témoigner de leur génération, devenue adulte au changement de millénaire ?
J'ai pu écouter ce livre audio grâce à une opération spéciale de Masse Critique.
L'auteur de « Nos trente ans : le spleen des Millennials » est
Arthur Dreyfus, écrivain concerné par le sujet qu'il traite puisqu'il est trentenaire.
Les entretiens qu'il conduit se déclinent autour de 7 grandes thématiques (telles que l'amour, le travail, la politique, la famille, …), qui constituent autant de chapitres, et qui amènent les personnes interviewées à s'exprimer autour de ce qu'est être adulte.
Peu à peu, on entre dans l'intimité des six personnages, on apprend à les connaître, à cerner leurs rêves, leurs manques, les valeurs mais aussi les angoisses qui les animent, les projets qui donnent de l'élan à leur vie.
La forme audio est bien pensée, avec de petites virgules musicales en début de chaque chapitre, dynamisant chaque nouvelle thématique. La mise en voix du texte par les comédiens-lecteurs rendent vivants et attirants les entretiens, leur jeu sonore nous fait toucher du doigt les émotions des personnages. On apprend peu à peu à entendre des hésitations, des affirmations par trop péremptoires, des peurs, des peines ou des joies ou détour des mots.
Certains personnages semblent plus attachants que d'autres, certains, dans la constance de leur cynisme, restent insupportables, telle Sibylle.
Si ces entretiens peuvent amuser parfois, toucher plus sûrement par l'humanité qui s'en dégage, ils intriguent cependant à la longue et l'on se demande quelle est la nature de cet objet fictionnel que l'on peine à identifier. Une fiction sociologique (bel oxymore, s'il en est…) ? Une étude fictionnelle ? Dès lors, qui en est le destinataire ? L'auditeur qui doit produire lui-même son analyse ? Qui doit lui-même adhérer ou non à ces propos qu'on lui donne à entendre ? C'est bien là ce qui m'a gênée car, sans recul proposé par l'interviewer en toile de fond, la fiction documentaire ne décolle pas, restant au niveau de l'opinion commune. Tiens donc ! Sibylle aurait sûrement eu une petite citation à nous dégotter à ce sujet…
Quoi qu'il en soit, je tiens à remercier vivement Babelio et les éditions Audible pour cette belle découverte audio.