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EAN : 9782070127368
256 pages
Gallimard (18/02/2010)
3.42/5   31 notes
Résumé :
Deux histoires. Celle de Félix, dont la passion pour la chimie est contrariée par l'Occupation. La guerre le séparera de son frère, de ses parents, le propulsera sur les sommets des Pyrénées et l'entraînera dans une vie clandestine, puis vers une mort probable en Pologne. Celle d'Ernest, dont l'existence est bouleversée par une rencontre sur Internet. De ce hasard naîtra une correspondance passionnée, qui l'aidera à supporter une vie secrète et le transportera du Ca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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La synthèse du camphre - Arthur Dreyfus – Gallimard ( 254 pages- 21€)

Le narrateur rend hommage à son Grand-Père dont l' adolescence ne fut pas un long fleuve tranquille et « sans qui rien n' aurait jamais existé» de ce livre. Il opte pour le tutoiement comme s'il voulait revivre avec ce grand-père toutes les épreuves traversées durant la guerre et vérifier l' exactitude des faits , nourri par ses récits et confidences. Cela débute par la fuite à vélo , à16ans .
Ce sont les études interrompues , son engagement comme son frère dans les réseaux malgré le danger encouru, son arrestation , son évasion de la prison de Limoges , sa déportation à Dachau et l' horreur des camps :«  On y entre par la porte , on en sort par la cheminée » , le travail forcé , la faim , le froid , la perte de compagnons, la famille qui manque. Comment a-t-il réussi à surmonter toutes ces vicissitudes ?Où puisait-il sa force ? Il trouva dans la forêt un soutien , la mélodie de Schubert comme échappatoire. Parfois c' était la main de Victor son « piolet de secours ». Il convoquait aussi «  la montagne , le bleu pâle des glaces éternelles » ou la Méditerranée , pour sa survie. Il réchappa de l' incendie du Block grâce à un soldat américain . Son sauveur assura son retour en France , son passage par le Lutetia avant de reprendre une vie normale «  comme une pelote de laine, tu la tisses d' un air surpris , ris, jouis, voyages, dégustes » . L' émotion est à son paroxysme lors des retrouvailles familiales . Il décrochera le diplôme d' ingénieur chimiste , d' où le titre énigmatique du roman , correspondant au sujet de son examen final .
Ce récit est entrecoupé par les échanges de mails entre le narrateur Ernest et Chris, un internaute rencontré sur un forum d' adolescents . L' auteur ne restitue au lecteur que les pensées de Chris . Ils se livrent aux confidences . Chris dévoile son homosexualité, tente d' aider Ernest dont les parents ne l' accepte pas et vit mal d' être rejeté. Chris ne cache pas son attirance , son envie de « frémir comme des amoureux », lui avoue ses désirs , le manque de la douceur de sa voix , de son torse lisse . Leurs paroles deviennent plus intimes ainsi que leurs cadeaux réciproques ( enduits de fluide d' amour). Ces « âmes soeurs »partagent le même goût pour la littérature . Ils planifient leur rencontre lors de la venue à New-York du narrateur invité par la famille de Bob , le GI qui a retrouvé les traces de son grand-père . L' euphorie habite Chris , anticipant leur communion des corps , si impatient de «  le voir , le toucher , le pénétrer » . le récit prend un ton pathétique à l' annonce de la maladie de Chris . Son père prend le relais afin de respecter ses volontés , mais on devine Ernest réticent à ses avances . le prendrait il pour un pervers quand il , lui avoue « l' envie de réessayer » avec lui ?
Pour contrebalancer les épisodes où sévissent la barbarie , la violence , les atrocités , le carnage , l' auteur glisse des instants de fraternité entre Félix et Gino ou lors des retrouvailles de Félix et son frère liés par « une cordée invisible » ; d' amitié entre Félix et Paul qui le cacha ; d' humanité prodiguée par l' irruption thaumaturgique de ce sauveur , plein de gentillesse et de prévenance. S'y ajoutent des notes lénifiantes de musique, « épicées, camphrées »de parfum et de poésie : Chris exprimant son désir de « butiner » à travers Lamartine et Wordsworth .Et enfin les effusions indicibles quand Félix retrouve Bob « son père , son frère , son ami de toujours » venu le visiter.
L' auteur a « reconstitué l' amphore , comme un archéologue recolle des tessons », toutefois il laisse planer le doute quant à l' authenticité du témoignage de son grand-père , soulignant les limites de la mémoire . Il s' interroge : Et si le sauveur qui « a déterré les vestiges de son drame et les a ranimés » n' avait été qu' une chimère ? Et si «  cet être impossible » qui a tendu la main au narrateur «  isolé dans sa détresse » n' avait été «  qu'une synthèse, une perversion » ? On serait tenté de conclure comme Chris que « les difficultés se transforment en matériau de création » .
Arthur Dreyfus signe un roman dense par la vie du protagoniste qui paya un lourd tribut pour son
engagement , victime des secousses de la seconde guerre mondiale , l' incarnation même du courage et de la résistance ; dense des sentiments : l' amitié , l' amour plus fort que la mort. Les thèmes de la déportation et de l' homosexualité, du combat contre l' adversité sont abordés de manière originale .Un récit marqué par l' admiration d' un petit-fils envers son grand-père en qui il a « décelé une étincelle drôle, espiègle » et rassurante .Un récit intense qui balaye cinq décennies depuis la lutte contre l' envahisseur nazi au 11septembre 2001(aux USA) et l' auteur de citer une liste de personnalités associées à cette période ( de Bourvil, Malaparte, Auriol ,à Claire Chazal).
L' émotion et la curiosité rattrapent aussi le lecteur au fil des pages et ne le laissent pas indemne .
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Un parfum qui flotte et voilà que la mémoire du narrateur s'éveille.
Deux histoires parallèles : à la 2e personne, le périple d'un jeune juif normand, entrainé, en 1940, dans le Sud-Ouest par les soubresauts de l'histoire. Des études de chimie, puis l'obligation de la clandestinité, la résistance dans les Pyrénées où, avec son frère il fait passer des hommes en Espagne, avant d'être dénoncé par le passeur espagnol. La prison, le long trajet en wagon à bestiaux vers les camps, la volonté de survivre envers et contre tout…
L'autre histoire, elliptique, ce sont les mails que reçoit un jeune adolescent, Ernest, d'un autre, Chris, qui vit au Canada d'abord, aux USA ensuite. L'histoire d'une passion qui se développe avec le rêve d'un jour se rencontrer, avec, du côté d'Ernest, la difficulté de faire accepter par sa famille son homosexualité…
Deux problématiques que la littérature d'aujourd'hui aborde volontiers mais qui, ici, semblent cousues assez maladroitement… Péché de débutant sans doute : qui trop embrasse… c'est un premier roman et il ne faut pas l'oublier. Personnellement, j'ai préféré la première histoire, même si la lecture scolaire de la Jalousie me laisse plutôt réticente face aux récits à la 2e personne… En particulier, la vision dantesque des camps de concentration - tellement de fois lue et vue et pourtant toujours aussi bouleversante.
L'autre histoire est trop peu développée, Ernest en est trop absent ; quant à son épilogue, il m'a paru complètement tiré par les cheveux, même si là encore on est dans l'air du temps…
Bref, mon avis est mitigé et j'attends de lire un autre roman de l'auteur pour me fixer une opinion plus définitive.
Merci à Masse critique pour l'envoi du roman.
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Premier roman d'Arthur Dreyfus, La synthèse du camphre a indéniablement la couleur d'un hommage discret au grand-père de l'auteur. La forme narrative, fluide et empathique donne au récit et au personnage une amplitude que l'on suit avec intérêt.
Immersif et touchant, ce roman sensible met en scène deux histoires. Celle de Félix, jeune homme étudiant passionné de chimie. La complicité qui le lie à son frère Victor. Et puis l'occupation allemande. La résistance. La déportation. La libération et les années qui suivent et passent.
A l'intérieur de cette histoire, se superpose l'histoire (moins approfondie) d'Ernest, jeune ado de quinze ans qui tombe amoureux de Chris, rencontré sur le net et qui vit de l'autre côté de l'Atlantique.
Très vite le lien entre les deux récits n'est plus un secret, mais j'avoue avoir été déroutée par l'idée de mêler cette correspondance au récit principal. Si la qualité narrative, les questions, la souffrance d'Ernest face à la difficulté de faire accepter par sa famille son homosexualité, sont touchants et la réalité finale de ces échanges fait frémir, j'ai moins accroché et n'ai pas vraiment saisi la pertinence d'une telle approche.
Il n'en reste pas moins une histoire poignante bien construite à l'écriture vive ; le regard tendre d'un petit-fils porté à son grand-père.
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Deux histoires et deux époques qui se mêlent pour ce roman d'une force exceptionnelle, qui m'a totalement bluffée.

J'ai trouvé le récit de Félix tout simplement puissant. Ecrire sur la deuxième guerre mondiale et les camps de concentration peut paraître peu original mais l'auteur traite le sujet de manière très percutante grâce à l'emploi du "tu" et de phrases courtes et rythmées. Cela fait d'ailleurs bien longtemps que le style d'un auteur ne m'a pas scotchée à ce point. de plus, ce récit indirect ne tombe jamais dans le larmoyant ou dans les banalités maintes fois écrites sur cette épisode sombre du 20ème siècle.

Quant à la correspondance de Chris et Ernest, j'avoue avoir eu beaucoup plus de mal. J'ai trouvé ces échanges d'emails, reflétant la relation homosexuelle de deux adolescents, parfois artificielle et plate en comparaison de l'autre face du récit. Heureusement, la fin de la Synthèse du Camphre m'a complètement réconciliée avec cette partie du livre.

Un livre extrêmement fort, un style percutant et très maîtrisé pour un premier roman. Un jeune (très jeune) auteur à suivre incontestablement.
Lien : http://unmomentpourlire.blog..
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L'histoire et le style sont des plus banales (et cela malgré ce que j'ai pu lire sur différents blogs). La Seconde Guerre Mondiale et la découverte de leur homosexualité par deux jeunes ados sont bien trop souvent reprit en littérature et pas toujours de la meilleure manière qui soit.

Félix, Victor, Ernest, Chris et Randall tels sont les hommes qui peuplent ce roman car malgré tout il est ici question d'histoire d'hommes.
Félix, est un jeune étudiant en chimie durant la seconde guerre mondiale qui va rejoindre la Résistance très vite suivit par son frère Victor.

Ernest et Chris sont deux jeunes gens d'aujourd'hui qui après une première rencontre sur le net vont échanger sur plusieurs mois une correspondance par mail.

Petit à petit l'histoire se met en place et des liens se tissent entre les époques et les personnages.

Jusque là tout va bien mais malheureusement très vite je me suis demandée et ce malgré les liens entre les différentes époques pourquoi l'auteur a tenu à mêler les deux textes. D'autant plus que les mails sont loin d'avoir les qualités de la seconde partie consacrée au calvaire de Félix. Et je crois que le summum est atteint par le mail daté du 28 janvier 2008 (page 244) quand l'auteur sous-entend que pendant toutes ces années Ernest aurait correspondu avec un vieux pervers.


Lien : http://mespetiteslectures.bl..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tu lèves la tête pour observer le mur du fond: on dirait une peinture de Magritte. De haut en bas, des pavés gris empilés les uns sur les autres. Au milieu, une ouverture parfaitement carrée, parfaitement vide, sur une portion de ciel dépourvue de nuages, et d'un bleu éclatant. En prison, le ciel est carré.
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Autour de toi, la nature prend des notes. Ses espions s’appellent racines, bosquets, givres, humus papillons noirs et renards sauvages. Eux seuls diront le sol creusé à la main lorsque les instruments se brisent ou que le métal devient si glacial qu’il emporte la peau ; la chair du bout de l’index, puis des autres doigts, qui s’étale comme une sanguine sur la poudre de granit, les ongles plantées à la façon des tombes miniatures sur le terrain de la carrière. Les hommes de coton, lombrics creusant la pierre pour de la pierre supplémentaire. Les garçons-traits à l’horizon ; empreintes bleutées sur les lignes blanches.
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Chaque bousculade te fait paraître un peu plus normal, un peu plus voyageur - un peu moins résistant.
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Dans la cuisine, l'air est visqueux ; il pue l'Histoire.
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Videos de Arthur Dreyfus (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arthur Dreyfus
Lecture magique et musicale par l'auteur accompagné de Philippe Beau, ombromane Festival Paris en toutes lettres
Première Guerre mondiale dans la région de Besançon, un garçon de 14 ans est sous le feu des bombes. Blessé, il se réveille dans la cave de son « sauveur », un savant fou qui pratique des greffes abominables. Or le jeune homme découvre une proéminence qui sort de son nombril… Une main ! Récit fantasque et fantastique, aussi drôle que troublant, fable sur la différence et la monstruosité, ce roman-journal est mené tambour battant dans une langue riche et raffinée. Ce soir, Arthur Dreyfus nous invite dans son livre d'une drôle de façon : par une lecture accompagnée de musique, de magie et d'ombres chinoises proposées par les merveilleuses mains de l'ombromane Philippe Beau.
« Cette troisième main, qui va mener mon personnage vers le pire comme le meilleur, sauver sa vie puis l'anéantir, incarne cette bête tapie en chacun, dont nous avons besoin pour vivre et pour créer, et qui demeure notre seul véritable et inévitable ennemi. Elle est invisible. J'ai voulu lui donner un corps. » Arthur Dreyfus, La troisième main
À lire – Arthur Dreyfus, La troisième main, P.O.L, 2023.
Son : Axel Bigot Assistante lumière : Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
+ Lire la suite
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