Citations sur Les Rois maudits, tome 7 : Quand un roi perd la France (47)
Choisissez toujours, Archambaud, dans le sens du royaume, même s'il est commandé par un mauvais roi... parce que le roi peut mourir, ou être déchassé, ou tenu en captivité, mais le royaume dure.
Les grands malheurs des gens, voyez-vous, Archambaud, leur surviennent souvent ainsi pour de petites raisons, pour une erreur de jugement ou de décision dans une circonstance qui leur semblait sans importance, et où ils suivent la pente de leur nature... Un petit choix de rien du tout, et c'est la catastrophe.
Il avait vite compris combien prescrire une enquête d'un ton décidé produit grand effet sans engager à rien.
Il est naturel qu'on s'enrichisse dans les hautes charges, sinon personne n'en voudrait prendre la peine et les risques. Mais il faut se garder de franchir les limites de la déshonnêteté, et ne pas faire ses affaires aux dépens de l'intérêt public.
- Combien de temps pouvez-vous tenir encore ?
- Moins longtemps que nous le souhaiterions, mais plus que vous ne l'espérez.
Nous n'aurons pas grand monde pour nous accueillir. Il faut être bien grand chrétien, ou bien grand curieux, pour se faire tremper par cette sauce à seule fin devoir passer la litière d'un cardinal.
Le voyage allonge le temps.
Ah ! mon neveu, avec un homme qui a beaucoup vécu, il faut s'habituer à entendre plusieurs fois les mêmes choses. ce n'est pas que nous ayons la tête plus molle quand nous sommes vieux ; mais elle est pleine de souvenirs, qui s'éveillent en toutes sortes de circonstances. La jeunesse emplit le temps à venir d'imagination ; la vieillesse refait le temps passé avec sa mémoire.
... j'étais plus jeune que vous n'êtes à présent, Archambaud ; j'avais vingt-trois ans. Et je vous traite comme un jouvenceau ! c'est un travers qui vient avec l'âge d'en user avec la jeunesse comme si elle était encore l'enfance, en oubliant ce qu'on fut soi-même, à pareil âge. Il faudra me reprendre, mon neveu, quand vous me verrez incliner dans ce défaut.
Rien ne s'accomplit de grand, dans l'ordre politique, et rien ne dure, sans la présence d'hommes dont le génie, le caractère, la volonté inspirent, rassemblent et dirigent les énergies d'un peuple.
Tout se défait dès lors que des personnages insuffisant se succèdent au sommet de l'état. L'unité se dissout quand la profondeur s'effondre.