Citations sur L'Impératrice rouge, tome 1 : Le Sang de St-Bothrace (11)
Son altesse est très sensible aux odeurs. Quel parfum avez-vous utilisé ?
Oui, le sang des innocents, le cri des guerriers. Et leur oriflamme plantée comme une griffe, à chaque fois, dans les décombres. Mais j’aime le silence qui suit leur départ. Plus rien ne bouge, chacun a trouvé la paix, sa paix. Comme toi, pauvre enfant. Qui sait ? Peut-être m’étais-tu destinée ? Tu m’aurais secondé au service de notre maîtresse bien-aimée. Aussi, ce matin, pour toi, j’ai déposé une rose près de sa tasse. Une goutte de sang, ton sang, si pâle… et si froid déjà. Je me nomme Adja. Je suis celle qui sait, et qui peut vous raconter. Méfiez-vous cependant ! je suis l’encens. Je peux mentir. J’éloigne…
… Ce qui était à l’origine une tête d’ogive V4. La dernière sortie des usines Panchek. Et voilà la carte qui commande le mécanisme intérieur. Tu n’auras pas besoin de détonateur. La carte suffira. Elle règle l’horloge de la mise à feu.
Lorsque des cosaques tout droit sortis d’un conte de Pouchkine galopent derrière un train qui transporte des ogives nucléaires, les repères de sécurité sautent ou sont pour le moins malmenés. Lire demande un certain confort. L’on aime savoir où l’on va, avec qui, pourquoi, même si l’on s’attend à quelques secousses pendant le trajet. Les trajets d’identification vous mènent parfois aux best-sellers. Les trajets que j’appelle d’égarement peuvent vous faire perdre du temps. Et donc de l’argent. Le style là-dedans (mais pourquoi diable s’évertuer à parler de style dans une époque qui en manque singulièrement) n’est souhaité que s’il se révèle efficace. Par contre, on redoublera de prudence si ce style agit uniquement comme un agent corrupteur. Le style qui agit en ligne droite convainc aisément. Le style qui brise, perturbe le confort dont nous parlions. Mais lire demeure un acte magique, un envoûtement, presque une passation de pouvoir. Et l’enchanteur est grand qui écrit : Il était une fois. – Jean Dufaux, extrait de la préface de l’intégrale de 2009.
Poussière et sang, ce sont bien des attributs de sauvages...
Tu prépareras ma tunique jaune. La dernière était trop fine. Je sentais que le pope ne cessait de m’observer. Le vieux grigou, il devait se rincer l’œil. Il crève de désir. Son orgueil en souffre. Il doit me détester.
Chandelle morte n’enflamme pas fagot.
Laissez-moi vous raconter une histoire… chargée de poisons, de soieries, de senteurs. Une histoire qui parle de ma maîtresse au corps nu, au cœur froid. Échappe-t-on au raffinement, au désordre dans ce palais ? Échappe-t-on à la mort ? Les couloirs sont si longs, les chambres si vastes, les tables si chargées. C’est mon histoire aussi. De rouge colorée, comme mes ongles ou le souvenir que j’ai de ma première nuit ici. Je n’étais qu’une enfant. On m’a couchée sur un lit, près d’un long corps qui bougeait à peine. J’ai entendu pleurer, j’ai entendu gémir… Mais par où commencer ? Ah oui… La forteresse d’Okaba, la cité aux milles cloches. C’est un bon début… Mille cloches, mille murmures, mille plaintes… Au moment où Stepan Rajine donne le signal de départ à ses troupes… Ils s’élancent les fiers guerriers de Stepan. Leur marche est bénie par le sang des innocents comme à chaque fois que Stepan emmène ses hommes hors de la forteresse. Poussière et sang, ce sont bien les attributs de ces sauvages. Stepan Rajine, dit le Baron, de la forteresse d’Okaba, je sais où tu te rends.
Mais tout dépend de Rajine. Je lui ai donné le moyen de s’imposer devant les autres chefs de clan. Espérons qu’il saura en tirer profit. Il y a un son nouveau que je veux entendre venant du Sud. Une rumeur. Un vacarme. Un éclat énorme à la gloire de mon nom. Que chaque syllabe en soit chantée par le bronze et l’or, et par les armes !
Tous les sabres ne sifflent pas lorsqu’on les dégaine.