[L]’homme est un composé de grandes idées et de petites actions.
[...] car l’espoir, quelque timide qu’il soit, est une recette de bonheur qui calme les cœurs souffrants. Il est vrai que l’espoir a cela de commun avec l’opium, que, lorsqu’on se réveille, on n’est que plus abattu et plus malheureux.
Quoique M. de Montgiroux fût de ceux dont, à la chambre des pairs, on ne dit rien, par la raison toute simple qu’ils n’y disent rien, cependant, qu’on ne s’y trompe pas, ce silence n’avait pas pour motif une impuissance parlementaire, mais purement et simplement un calcul d’égoïsme. On a dit : « Les paroles passent, les écrits restent. » On s’est trompé, ou plutôt le proverbe avait pris naissance en France avant l’établissement du gouvernement constitutionnel. Rien, au contraire, ne reste mieux aujourd’hui que les paroles, si légères qu’elles soient ; car les paroles se sténographient à cent mille exemplaires, se classent, se mettent en réserve, et reparaissent au bout d’un an, de deux ans, de dix ans, comme ces héros des anciennes tragédies que l’on croyait morts, et qui sortent tout à coup de leurs tombeaux pour faire pâlir ceux qui les avaient oubliés. Or, c’était pour cette raison et non pour une autre, que le comte de Montgiroux ne parlait jamais, à la tribune s’entend ; car partout ailleurs on lui reconnaissait, au contraire, cette élocution facile de nos hommes d’État, qui consiste à laisser tomber de leurs lèvres un flux de paroles tièdes qui seraient de l’éloquence si de temps en temps elles bouillonnaient contre un raisonnement ou se précipitaient du haut d’une idée. D’ailleurs, homme souple par courtoisie autant que par prudence, le comte de Montgiroux avait trouvé commode et peut-être avantageux de ne jamais se poser en obstacle, d’être de toutes les majorités, de vivre en paix avec tout le monde.
…… Insensés que nous sommes ! C’est toujours cet amour qui tourmente les hommes.
[En] amour, nous défions le théologien le plus subtil d’établir la différence qu’il y a entre être amoureux et croire qu’on l’est.
On garde sa force tant qu’on se contient.
Les badauds, qui jugent tout sur l’épiderme, qui envient l’apparence sans jamais connaître la réalité, qui font consister le bonheur dans les jouissances du luxe, se disaient en voyant une personne belle, jeune, élégante, sauter légèrement à bas de cette voiture : « Voilà une femme bien heureuse !
Il y avait toujours dans le malheur d’un ami quelque chose qui nous faisait plaisir.
Si vous saviez, madame, combien il y a dans le monde d’injustices à réparer ! combien de femmes que l’on croit heureuses détournent la tête pour verser des larmes, et combien de sourires passent sur les lèvres, qui n’ont point leur source dans le cœur !
L’abandon, partout où je le rencontre, a des droits à mon attention, à mes soins, à mon respect même. Je ne m’établis pas en redresseur de torts, mais je trouve du bonheur à consoler ; c’est un rôle qui ne fait pas briller, et qui, cependant, est doux à remplir.