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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous sommes à la fin du XVIe siècle et le soleil des Valois est en plein déclin. le dernier héritier de la lignée, Henri III, a bien du mal à conserver ses fesses vissées sur le flageolant trône de France, tiraillé qu'il est entre les exigences de ses « mignons » et les ambitions de son frère cadet, François d'Anjou. Assoiffé de pouvoir mais trop timoré pour s'opposer ouvertement à son ainé, le duc d'Anjou préfère s'attirer le soutien d'adversaires plus belliqueux que lui comme les redoutables ducs de Guise, dirigeants de la Ligue catholique, et s'entourer de valeureux gentilshommes prêts à défendre ses intérêts en provoquant les « mignons » royaux.

Le plus remarquable de ces vaillants jeunes hommes est le comte de Bussy, favori de dames et terreur de ces messieurs. Mais la renommée du séduisant comte lui attire bien des ennemis et, une nuit où il rentrait tranquillement de chez une de ses maitresses, il tombe dans un guet-apens tendu par quatre hommes du roi. Sauvé in extremis par l'intervention d'une jeune femme, Diane de Méridor, il en tombe aussitôt passionnément amoureux (c'est quand même épatant tous ces romans où l'on tombe raide dingue d'une fillette que l'on a aperçue pendant deux minutes à peine, mais bon, passons…) Pas de chance pour notre héros, la belle est déjà prise ! Elle vient d'épouser en justes noces le comte de Monsoreau, grand veneur du roi, proche ami du duc d'Anjou et mari atrocement jaloux. En fière tête-brûlée qu'il est, Bussy ne se laissera pas arrêter par un aussi insignifiant obstacle et fera tout pour libérer sa dulcinée, quitte à attirer sur sa tête la redoutable colère de François d'Anjou qui ne dédaignerait pas non plus de glisser la charmante dame de Monsoreau dans son lit.

Quoique ayant lu beaucoup de romans de Dumas il y a quelques années, je n'avais jamais été attirée par « La Dame de Monsoreau » et j'avais plus ou moins oublié son existence, jusqu'à que la lecture de l'excellent « Les douze muses d'Alexandre Dumas » de Dominique Fernandez le rappelle à mon souvenir. Plaisir retardé mais d'autant plus savoureux, car « La Dame de Monsoreau » est assurément un très bon Dumas ! Dialogues piquants et débordants d'esprit, anecdotes savoureuses, scènes d'action enlevées et intrigues tortueuses, tout y est pour transporter le lecteur et les presque 1000 pages de ce trépidant roman se dévorent comme un rien.

L'histoire d'amour, bien qu'agréable à suivre, est sans grande originalité, mais elle est soutenue par une intrigue historique particulièrement réussie et passionnante. La pâlichonne Diane et son chevalier servant sont aisément éclipsés par le personnage d'Henri III, roi à la personnalité fascinante vacillant sans cesse entre irrésolution et noblesse, et surtout par celui de son bouffon et fidèle conseiller Chicot. Chicot est un gascon, mais un gascon comme les aime Dumas : courageux mais pragmatique, bavard comme une pie mais rusé comme un renard, tortueux mais dévoué, jouisseur, sarcastique, fantasque… En un mot comme en cent, un gaillard formidablement sympathique que son affection sincère quoique un peu vacharde pour son trop faible souverain ne rend que plus attachant. Impossible de ne pas l'adorer ! C'est assurément pour le plaisir de le retrouver que je me procurerai dès que possible « Les Quarante-cinq », dernier tome de la trilogie des guerres de religion de Dumas (le premier étant « La reine Margot »).

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Tout fout'l camp.

Non, c'est vrai ! Tenez, foi de Chicot, tout bouffon du roi que je suis, je ne sais pas qui est le plus fou de nous deux, le roi ou son fou. Il fait des crises de jalousie, il se fait pommader le soir, met un masque qui couvre le visage par grand froid, a un sauna... Il a même enlevé un de ses mignons le soir de ses noces ! La crise quoi !

Parlons en, des mignons ! Ca se débrouille bien à la dague et à l'épée. Mais ca passe ses journées à caqueter, à jouer au bilboquet, à ajuster sa coiffure, ses épingles, ses chapeaux. Et à conseiller le roi des affaires d'état ! Oui, pas étonnant que le royaume se porte si mal.

Tout fout le camp, même la religion. Des moines braillards, ivrognes, obèses !Et encore, il y a pire. Bien pire !Les Guise veulent ranimer les guerres de religion, justement, pour déposer le roi - mon Henriquet - et mettre à sa place son frère, le duc d'Anjou. Mais il n'en profitera pas longtemps, foi de Guise, haha ! C'est que les morts accidentelles se succèdent, depuis que Catherine de Médicis a ramené ses petites fioles de la douce Florence. Notez : lâche, traître, menteur, prétentieux, lubrique et voleur comme il est, personne ne regrettera Anjou, ca non.

Heureusement qu'il reste Bussy ! Ah, ca c'est un vrai chevallier ! Quand il est heureux, il se bat en duel. Quand il est malheureux il se bat aussi, mais un peu moins bien. D'où moultes blessures. Dont il se fiche pas mal. Rien ne l'arrête ! L'autre jour, 5 mignons lui ont tendu une embuscade de nuit. Il en a amoché deux, et les trois autres n'ont pu que le blesser. Deux jours plus tard, il reprenait du service. Sacré Bussy !

Il reste Bussy, et il reste... l'amour ! L'amour, c'est Diane de Méridor. Diane, élevée bien loin de la cour, au château de son père, entourée de colombes, de paons et de brebis. Douce, innocente, noble Diane ! Anjou, le frère du roi, voulait y mettre ses pattes, mais le comte de Montsoreau, soldat dur et raide des guerres de religion, homme à tout faire d'Anjou, l'a enlevé et, amoureux fou, l'a contraint au mariage par une série de subterfuges. Elle a cedé, mais ne l'aime pas...qui secourera la belle ? Roi ne puis, prince ne daigne, Bussy suis!

Si vous voulez voir tout ce beau monde se mentir, se trahir, se battre, s'occire, pendant que roucoulent - tant qu'elles le peuvent encore - les colombes, lisez cet excellent roman de cape et d'épée. Et n'en voulez pas trop à mon Henriquet, il a bon coeur, il est un peu faiblard, c'est tout. Heureusement que je veille sur lui, foi de Chicot. Dans un monde de fous et de bouffons, je me sens à l'aise.



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Après avoir relu La reine Margot il y a quelques mois, la logique voulait que je m'attaque à une relecture de sa suite, La Dame de Monsoreau, dont mon souvenir était à vrai dire assez vague, je me souvenais simplement que ça finissait plutôt mal.
S'il n'est pas aussi exceptionnel que le premier volume de cette trilogie, ce roman est cependant un excellent cru. Duels, traîtres, conspirations, vils princes et preux gentilshommes, belles dames et fidèles suivantes, ce roman de capes et d'épée au temps des Valois coche toutes les cases, et délicieusement.
Avec des yeux d'adulte, je dois dire que je suis encore plus horrifiée par le destin de la pauvre Diane, traitée par Monsoreau et le Duc d'Anjou comme un objet à s'arracher. Jamais son avis n'est pris en compte dans l'histoire.
Dans le souvenir de mes 16 ans, c'était surtout à Bussy et Diane que je m'étais attachée la première fois, mais maintenant j'avoue une tendresse particulière pour Chicot et son dévouement à son roi, dont je ne suis pas sûre qu'il le mérite.
Un grand Dumas.
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« La Dame de Monsoreau » est le deuxième volet de la « Trilogie des Valois », après « La Reine Margot » (1845) et avant « Les Quarante-Cinq » (1847). le cadre historique est bien connu : nous sommes dans la France du XVIème siècle, dans la tourmente des Guerres de Religion. « La Reine Margot » avait pour pivot sur le massacre de la Saint-Barthélémy (1572). « La Dame de Monsoreau » se situe six ans après en 1578.
Le roi de France est à présent Henri III. Intelligent, mais influençable, il n'a qu'un véritable ami, son fou Chicot. Il s'entoure de « mignons », à la fois courtisans et spadassins, (Saint-Luc, le moins mauvais d'entre eux, Quélus, Schomberg, Maugiron, et surtout d'Epernon, dont on entendra reparler). le parti d'en face, ultra-catholique est dirigé par le duc de Guise, ses frères (Mayenne et le Cardinal de Lorraine) et sa soeur (la duchesse de Montpensier). Entre les deux, le frère du roi, François, duc d'Anjou, jaloux, retors et pas gentilhomme pour deux sous, est lui aussi entouré d'une bande de bretteurs de salon et de grand vent que Dumas nous présente comme plus sympathiques que les mignons (par effet de symétrie). Antraguet, Livarot et Ribérac, avec à leur tête, Bussy d'Amboise, « le brave Bussy »).
Dans un combat avec les mignons, Bussy est gravement blessé, il est recueilli et soigné par Diane de Méridor, femme du duc de Monsoreau, et par son ami et médecin Rémy. L'intrigue amoureuse se met en place, compliquée du fait que le duc d'Anjou s'est entiché lui aussi de la belle Diane, et que le mari, homme particulièrement machiavélique et cruel, joue un rôle ambigu de faux jaloux et de vrai calculateur.
Tout est en place pour un roman haut en couleurs, où alternent des scènes de combats épiques et des scènes d'intimité émouvantes, des chevauchées, des trahisons, de la comédie aussi avec les portraits de Chicot (intelligent, malin, cultivé, seul véritable ami du roi) et le moine Gorenflot (échappé de l'univers de Rabelais).
Le ton général de l'oeuvre s'inscrit dans la continuité de celui utilisé par l'auteur dans « La Reine Margot » Romantique à souhait (les deux héros, jeunes et beaux, promis, on le devine, à un destin dramatique, les méchants, plus méchants que nature, un sens de l'amitié qui rappelle furieusement les Mousquetaires), le roman vaut aussi par l'intensité dramatique qui augmente au fil des chapitres, et finit en apothéose dans le combat final.
Plus que la deuxième partie d'un triptyque, « La Dame de Monsoreau » constitue la première partie d'un diptyque : il s'agit en effet ici de l'origine d'une vengeance qui trouvera son épilogue dans le roman suivant « Les Quarante-Cinq » : il n'est pas nécessaire d'avoir lu « La Reine Margot » pour lire « La Dame de Monsoreau », mais il est indispensable d'avoir lu « La Dame de Monsoreau » pour lire « Les Quarante-Cinq ».
Moi, je n'ai pas de conseils à vous donner, mais à votre place… je lirais tout !
En complément de programme lisez aussi les ouvrages historiques publiés sur la période le « Henri III » et « La Reine Margot, ou la Rébellion) de Philippe Erlanger, et l'excellente série de Simone Bertière : « Les Reines de France au temps des Valois »

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Une chouette lecture qui m'a beaucoup plu. Un personnage m'a particulièrement intéressé, c'est Chicot le fou du roi. Il a ici un rôle très important, sa position lui permettant d'observer et d'analyser tout ce qui se trame autour du toi. J'espère le retrouver dans la suite que j'ai déjà commencée à lire.
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Il faut a mon sens un petit temps d'adaptation a la lecture d'un roman d'Alexandre Dumas. J'avais adolescent, lu la trilogie des Mousquetaires, le Comte de Monte Cristo et quelques autres et ai repris il y a quelques semaines La Reine Margot : j'ai trouvé le début très théâtral et avec un style 19eme très tranchant par rapport aux productions actuelles. Ça n'a en fait pas duré et je me suis tres vite investi dans le livre. Pour sa suite, La Dame de Monsereau la question ne s'est pas posée : je me suis regale de la première a la dernière page ... les événements se succèdent et Diane de Méridor est très loin comme le titre pourrait le laisser supposer être le personnage principal du récit : il est plutôt question des machinations des Guise, du grand veneur, du duc d'Anjou et de Chicot qui a une très belle place dans le roman. C'est bien écrit, enleve, trépidant, chevauchant, ferraillant et bien sur romantisme oblige, dramatique. Vraiment pas d'ennui dans ces 700 pages dont la suite est Les Quarante Cinq. Dans l'édition bouquins on apprend également dans les annexes avec les courriers de Dumas a son éditeur qu'une suite devait être faite sous le titre de Jacques Ravaillac. Malheureusement le roman reste donc inachevé comme d'autres de Dumas à l'image du Chevalier de Sainte Hermine ... bien que Claude Schopp l'ait clôture. Un excellent ouvrage donc qui se lit à tous âges avec des perceptions différentes.
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Bien que bon nombre d'historiens nous disent que Henri III n'était pas un homosexuel, juste un homme très amoureux de sa femme, même si très précieux dans sa façon de s'habiller, il faut bien avouez que le Roman d'Alexandre Dumas ne serait pas le même s'il n'avait suivie la version de ses détracteurs qui l'on calomniés à une époque où l'homosexualité n'était pas aussi accepter aujoourd'hui, prétextant une tradition des rois de France à partager leur chambre, et parfois même leur lit aux collaboaratuers les plus efficaces et les plus sûres du Royaume... qui n'avait rien de sexuel... Bizarement, cette pratique permet aux détracteurs de faire courir des rumeurs... Mais peu importe avéré ou non, sans l'homosexualité d'Henri III, ni un duc d'Anjou qui n'a certainement pas enlever de jeune fille ( à par cela le tableau semble à peu près correct, le duc d'Anjou assez chétif, et maladif, n'était pas le plus aimé de la famille, de quoi en avoir de la rancoeur). Et que dire de Debussy si on le dépeignait pas en coureur repenti devenu chevaleresque, et si Dumas nous montrait l'histoire entre le couple Monsorau et Debussy telle qu'elle est : une vulgaire affaire de fait divers? Est ce à dire que le roman n'a pas d'interrêt historique? Bien sûr que non... Puisque nous montrant un complot dont on ne saura probablement jamais la véracité, le roman nous montre tous les opposants d'Henri III, avec beaucoup d'humour... Et surtout un autre personnage historique qui a bien existé, défenseur par reconnaissance de son roi : le Fou Chicot... Il serait donc dommage de s'en tenir à une réalité historique, même si on en apprend finalement beaucoup... En se distrayant... Et là on se rapproche d'un sujet cher aux romantiques : les amoureux maudits.... Vont-ils s'en sortir malgré tout ce qui semblent se liguer contre eux? Un livre très positif pour un sujet aussi macabre.... Et si quelques lecteurs connaissent Saint Luc, n'en déplaise à sa famille qui a fulminé à propos du livre ( et pourtant son image peut être fausse dans le roman est loin d'être négative) Saint Luc ne serait pas aussi connu sans ce roman... Donc si vous avez le temps de lire ce roman et que son long format ne vous fait pas peur, n'hésitez pas....
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1578. Henri III règne depuis bientôt quatre ans. Aimé du peuple avant d'être couronné, il devient très vite impopulaire, s'attirant les foudres du peuple écrasé d'impôts qui servent à entretenir à grands frais les « mignons », favoris du roi, essentiellement décrit ici comme efféminés, opportunistes et lâches. Pire aux yeux de tous, Henri III est bien trop pusillanime vis-à-vis des hérétiques, les huguenots. Et pour compléter le tout, sa couronne est constamment remise en cause : le Parti ultra-catholique des Guise la convoite, tout comme François, duc d'Anjou, frère cadet du roi, et successeur potentiel d'Henri III qui n'a toujours pas de descendance. C'est dans cette ambiance particulièrement délétère que prend place l'histoire de la Dame de Monsoreau. Et mon dieu, quelle histoire ! Épique à souhait, romantique en diable, on y trouve le talent extraordinaire de Dumas, qui a le génie de nous faire oublier ses petits arrangements avec l'Histoire, pour nous en croquer une plus vraie que nature, si attirante que l'on voudrait qu'elle prenne la place de la réalité ! Et sa plume n'a pas son pareil pour dessiner des personnages incarnés, que l'on aime aimer et que l'on aime détester, quitte à leur donner un caractère assez peu conforme à l'Histoire, idéalisant ses héros, avilissant ses antagonistes.

L'histoire s'ouvre sur un mariage, celui de Saint-Luc, favori du roi, qui ne va pas tarder à connaître la disgrâce. En effet, Dumas va reprendre à son compte la thèse d'un Henri III homosexuel : ce dernier ne pardonne pas les épousailles par jalousie. Ce mariage est une petite poudrière : d'un côté, les mignons d'Épernon, d'O, Schomberg, Quélus et Maugiron, de l'autre, des gentilshommes qui soutiennent le parti de François, Livarot, Antraguet, Ribeirac, et, le plus brave de tous, Bussy d'Amboise. Diverses piques et menaces s'échangent, s'estimant humiliés, les mignons décident de tendre une embuscade à Bussy. Malgré l'avertissement de Saint-Luc, tenu par les règles de l'hospitalité, Bussy n'en a que faire : il affrontera les cinq s'il le faut !

Rue Saint-Antoine, le traquenard est en place. Les mignons guettent dans le noir le passage de leur ennemi. Dans l'obscurité, ils se trompent tout d'abord et attaquent deux silhouettes qui cherchent manifestement l'entrée d'une maison. C'est François, duc d'Anjou et son joueur de luth, Aurilly. Hors de question de toucher à un prince du sang, les mignons reculent et reprennent leur terrible guet. François, lui, s'en va, même s'il pressent un piège imminent en voyant une silhouette qui s'approche. Lâche, il s'enfuira. Bussy d'Amboise apparaît et les cinq compères surgissent de l'ombre. le combat s'engage, c'est du cinq contre un. Bussy s'y montre aussi brave que Bayard mais il faiblit. Il n'a que le temps de se réfugier à l'intérieur d'une maison et d'en refermer la porte sur ses assaillants avant de s'effondrer, épuisé par ses blessures.

Pris dans les brumes de la fièvre, il se rend tout de même compte qu'il est transporté dans un lit, il aperçoit un médecin aux yeux bandés qui le soigne mais surtout, le portrait d'une femme qui le frappe au coeur. Avant de se réveiller dans la rue le lendemain. Étrange aventure dont il est bien déterminé à percer le mystère. Par un hasard extraordinaire qui n'arrive que dans les romans, Bussy, en se rendant sur les lieux de l'assaut, retombe sur le médecin qui, lui aussi, veut résoudre cette histoire. C'est Rémy le Haudouin, et les voilà désormais liés d'une amitié indéfectible, car tel est le caractère généreux du comte. Ensemble, ils retrouveront la dame qui a si fortement ému Bussy d'Amboise.

La belle dame qui a capturé le coeur de notre héros au premier regard, c'est Diane de Méridor, épouse de l'infâme comte de Monsoreau, au service du duc d'Anjou. La belle éplorée conte alors au seigneur de Bussy sa triste histoire. Alors qu'elle se promenait en forêt, elle a eu la malchance de croiser Monsoreau, qui en tomba amoureux. La malheureuse le repousse mais, lors d'une fête, c'est cette fois le duc d'Anjou qui s'éprend de la belle. Et celui-ci n'hésitera pas à organiser un enlèvement pour la séduire. Diane est alors « secourue » par Monsoreau qui fera croire au duc, et au père de la jeune fille, qu'elle s'est noyée lors de son évasion. D'un naturel jaloux et suspicieux, il la mènera à Paris et parviendra à l'épouser après de nombreuses autres péripéties. Évidemment, notre belle innocente a été trompée, et tout n'était qu'un plan machiavélique du comte pour l'amener à accepter sa demande en mariage. Bussy, devant tant de vilenies, est bien décidé à faire justice à Diane de Méridor, ce qui passera tout d'abord par se rendre en Anjou, pour prévenir le père de la survie de sa fille et le mener devant le duc d'Anjou pour que ce dernier rompe ce mariage forcé. Mais le perfide François, parce que Monsoreau connaît trop de secrets qui pourraient lui coûter sa tête, trahit son fidèle Bussy, tout en espérant pouvoir enfin voler la belle Diane des mains de son mari.

En parallèle de cette histoire d'amour illégitime entre deux jeunes gens de haute qualité, Dumas dresse une intrigue politique dense et assez noire dans une cour corrompue où l'envie le dispute à la sournoiserie. le lecteur est pris dans le maelstrom des luttes de pouvoir. Henri III est entouré d'ennemis, et le premier d'entre eux est son propre frère, François. Celui-ci est dépeint perfide, lâche, vindicatif. Il se sait être le potentiel successeur de son frère, et pour le faire tomber, il n'hésitera pas à se rallier au duc de Guise, chef ultra-catholique qui fomente la chute du roi grâce à la Ligue. Les comploteurs veulent profiter d'une célébration religieuse pour forcer le roi à abdiquer. Heureusement pour Henri III, celui-ci a dans son entourage un Gascon des plus dévoués : Chicot, fou du roi, un personnage comme aime à les croquer Dumas, courageux, bavard, rusé et surtout fidèle à un roi qu'il semble être le seul à aimer sincèrement.

Je ne vais pas résumer le roman qui fait tout de même ses mille pages bien pesées. Mais sachez-le, j'ai adoré ce roman. On y retrouve une plume alerte, une verve dans des dialogues savoureux, un souffle épique qui maintient l'intérêt du lecteur – cette fin, mon dieu, qu'elle est palpitante ! Les émotions sont exacerbées, les péripéties et les rebondissements s'enchaînent à bon rythme comme tout bon roman feuilletonnant, les héros sont idéalisés (le véritable Bussy d'Amboise était tout de même un peu moins chevaleresque et assez sanguinaire dans son genre), l'histoire d'amour est certes un peu datée, très typique du roman historique du XIXe siècle, mais ça fait vraiment partie du charme incroyable qui se dégage de ce roman. D'habitude, je suis la première à relever les inexactitudes et les arrangements avec l'Histoire. Ici, il y en a bien évidemment, et je savais que j'en trouverais, comme dans tous les romans d'Alexandre Dumas. Mais la puissance du romancier fait qu'on les oublie volontiers, qu'on se laisse transporter dans l'histoire et qu'on y accepte absolument tout. Ce qui fait que Dumas reste, et restera encore longtemps, le chef incontesté du roman historique.
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Ici encore un fait historique sert de base à cette histoire contée par Dumas; Mais l'auteur evidemment sait y faire comme personne pour nous conter cette hidtoire en en faisant un tout interressant et captivant ! Là reside le talent de l'auteur, immense, et celà nous permet de se regaler encore et encore avec cette oeuvre !
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Henri III a succédé à son frère Charles IX sur le trône de France. Henri est un roi superstitieux et indécis qui laisse gouverner sa mère, Catherine de Médicis. le pays est toujours divisé par les luttes entre catholiques et protestants et le roi ne peut compter que sur quelques amis : ses mignons, Saint-Luc, et surtout son bouffon, Chicot, en qui il a toute confiance. Il doit notamment sans cesse composer avec son frère le duc d'Anjou et se défier de nombreux ennemis, dont les Guise qui ont créé une Ligue de catholiques.

Le duc d'Anjou, fourbe et avide de pouvoir, s'est attaché les services d'un brillant seigneur, Bussy d'Amboise, comte de Clermont, ennemi juré des mignons du roi. Après être tombé dans un guet-apens, le beau et brave Bussy est soigné par une jeune femme, Diane de Méridor, dont il tombe follement amoureux. Hélas, Diane est promise à l'infâme Comte de Monsoreau, le grand veneur du roi, en réalité au service du Duc d'Anjou, et est de plus convoitée par ce dernier. Dès lors, les amants, aidés entre autres par Saint-Luc qui s'est pris d'amitié pour eux, et par le jeune médecin de Bussy, le fidèle Rémy, devront déjouer les plans machiavéliques de Monsoreau, dont la jalousie est féroce, et du duc d'Anjou. Hélas, les intrigues politiques et amoureuses font mauvais ménage, et le couple subira la vengeance terrible du duc.

Le portrait d'Henri III brossé dans ce roman est plus vrai que nature, Dumas multipliant les répliques historiques et inventant des dialogues savoureux. le couple principal a forcément toutes les qualités (ils sont jeunes et beaux) et Dumas leur donne une dimension dramatique en faisant d'eux un couple illégitime, qui les rend d'autant plus dignes d'intérêt. Bussy quant à lui est l'incarnation parfaite du héros solitaire et idéal. Il lui manque peut-être la dimension humaine d'un D Artagnan mais Dumas, habilement, en introduisant le personnage du bouffon Chicot (la véritable trouvaille du roman) redonne de la chaleur et cette petite touche d'humanité que Chicot représente parfaitement. Ce gentilhomme gascon qui jouit de la protection du roi et qui le paie de retour par des vérités cruelles et une aide précieuse dans les affaires politiques, a le sens de l'amitié, aime la bonne chère, et est doté du bon sens caractéristique des gens du peuple par opposition au pouvoir royal.

Le personnage de Catherine de Médicis est d'ailleurs complètement en retrait, cédant à Chicot sa place de conseillère du roi. Dumas a su doser son récit, l'humour, le drame et l'action s'équilibrant admirablement. Certaines scènes sont drôles, d'autres poignantes et constituent des morceaux d'anthologie.

C'est à la fois un roman d'amour et d'amitié, un drame historique bien sûr, mais c'est surtout une histoire de vengeance, qui se poursuivra d'ailleurs avec les Les Quarante-Cinq. La Dame de Monsoreau est sans doute le plus réussi de la trilogie et fait partie des meilleures oeuvres de Dumas.
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