C'est dangereux, un imbécile qui cherche à raisonner.Il peut me conduire au désastre
La vie est une perte de conscience
Entre naître et mourir, il faut vivre en feignant de connaître le fil invisible qui lie ces deux extrémités (L'empire des Solitudes)
Il se joue une lutte muette entre les choses et le temps, un corps à corps insondable et comme alangui où la victoire de l'un ou de l'autre, arc-boutés comme des titans, se mesure à l'effondrement subit d'une petite couche de sable au bas d'une dune ou le creusement imperceptible d'une ombre noire dans la chair pétrifiée d'une roche (L'Empire des Solitudes)
N'est-ce pas le propre de l'homme de toujours attendre quelque chose dont il ne sait rien ?
Qu'ils ne s'impatientent pas. J'ai encore besoin de leurs regards. C'est grâce à eux que je me sais vivre. Je pourrais rester longtemps, immobile ainsi sous leurs bustes immobiles, entre ces murs que teinte la lumière tremblante de la lampe à pétrole, sur ce sol que blanchissent les dalles de marbre et sous cette nuit bleutée. Je me sens protégée par ce double triangle, celui des lumières et celui de nos corps, qui s'oppose à la construction rectangulaire du Palais. Laissez-moi encore un peu en profiter.
Ainsi, ainsi, pensais-je, cela était vrai. Ainsi était le corps, ainsi était le plaisir, ainsi serait la mort, ainsi serait ma mort. Mais cette tristesse ne se formulait pas, ou pas ainsi. Comme une mer opaque et secrète, elle montait à l'assaut de nos poitrines et de nos yeux par vagues qui embuaient les yeux et coupaient la respiration.
Il y avait des conventions innombrables aussi complexes à décrire qu'elles étaient naturelles à vivre. En cas d'erreur, ce que je lisais dans ses yeux suffisait. Je n'ai pas été éduquée par des mots, mais par des regards.