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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Evoquer les trajets gâchés par la SNCF remplirait une encyclopédie d'anecdotes variées « attente contrôleur, droits de retrait, grèves, hausse tarifaire, insécurité, pannes, retards, salon Grand Voyageur saturé, train annulé, travaux ».

Comme Benoit Duteurtre, ma vie est partagée entre Paris et l'est de l'hexagone, et je partage ses constats sur la dégradation du service ferroviaire, à l'instar de la poste et du système de santé. Client, ou plutôt usager, voire sujet de notre compagnie ferroviaire depuis soixante ans, j'ai connu les locomotives à vapeur dans les années soixante, l'électrification de la ligne Paris le Havre en 1968 (temps de trajet 1H59 à l'époque contre 2H30 en 2023), les Michelines, les trains de nuit, les voitures Corail, le Capitole et sa voiture restaurant, le TGV, le TER, etc …

L'astuce du romancier est de donner un «droit de réponse » à la SNCF, grâce à Florence, charmante responsable d'une agence de com dont l'un des principaux clients est « l'entreprise voyages » qui prétend enchanter nos déplacements. Florence subit chaque weekend les affres ferroviaires, endure en parfaite « partenaire » les séminaires internes à la SNCF, mais, en même temps, s'enrichit grâce à un juteux contrat de prestation de services. Cette ingéniosité littéraire place le lecteur au coeur des réflexions qui guident la stratégie et dictent les investissements (et désinvestissements) de l'opérateur ferroviaire.

Mais le « progrès » ne s'arrête pas au seuil de la gare : Florence observe qu'au fond de notre cambrousse vosgienne les lampadaires, les containers de collecte des ordures, les rond-points pullulent, et apprend que sa route départementale va être élargie pour ouvrir la voie aux camions suppléant l'arrêt programmé du traffic marchandise. Vive le progrès applaudissent les électeurs du maire, par ailleurs garagiste implanté au bord de cette route !

L'histoire s'achève « sur un silence, (…), quelque chose d'impossible à expliquer, sauf à marcher encore, droit devant, vers ce mystère » …

Ce voyage ferroviaire en compagnie de la séduisante Florence est agréable et plutôt amusant et j'avoue regretter qu'il soit si court mais que voulez vous, je ne vais pas me plaindre du respect de l'horaire !
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Quelques lignes et déjà, l'embrasement... allez savoir ! j'aime beaucoup....à suivre...
Suite...
Oui, nous jouons des rôles ; nous sommes tantôt l'un tantôt l'autre et inspirons seulement à être nous-mêmes ; pétris, façonnés de notre enfance puis enfermés dans nos êtres.
Puisse-t-elle s'isoler dans un monde de rêves, elle y sera seule, désormais.
La fin du récit, justement, ou bien devrais-je dire injustement, m'évoque l'effacement ; en tout cas celui de notre passage sur terre.
Puisse-t-il être le plus agréable possible, car en 'fin', et l'amour dans tout ça...
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L'ouverture du livre est cocasse, en forme de saynète que tous les usagers-pardon, les clients- de la SNCF auront l'impression d'avoir vue, ou jouée, à un ou deux détails près.
Nous accompagnons ensuite Florence, une femme entre deux villes, entre deux vies, entre deux âges, entre deux époques.
Pour passer de sa lucrative vie parisienne à ses séjours ascétiques en moyenne montagne au bord de la forêt vosgienne, notre campagnarde à mi-temps prend le train. Oui mais ce train est "déclassé", expression assez inélégante pour dire qu'on s'en désintéresse. La voie comme les wagons sont de moins en moins entretenus.Avec des conséquences précises sur le confort des passagers: WC bouchés et débordants, déchets et emballages alimentaires non évacués, confort sommaire, exiguïté garantie.
Mais le pire est atteint quand Florence se trouve rejointe en sa thébaïde par l'ultramodernité, sous la forme d'un réverbère qui gâche la nuit étoilée qu'elle voyait jusqu'alors de sa fenêtre, puis d'un "espace propreté" matérialisé par trois containers en plastique moulé de couleurs différentes juchés sur un socle en béton, droit dans la perspective de cette même fenêtre.
Un dialogue de sourds s'engage entre Florence et les paysans qui la considèrent comme une intruse malgré ses liens anciens avec le village, soutenus par le maire dont l'entreprise bénéficie aussi directement du développement de ce petit bourg vers l'hypermodernité. Hypermodernité dont l'auteur nous décrit longuement et précisément l'escroquerie et les ravages sur les paysages, la qualité de vie, la justice sociale, le travail pour tous (qui ne semble pas au programme français, ni européen, ni de la mondialisation), sur les bêtes, et sur les gens.
Ouvrage hybride, entre démonstration et roman de la nostalgie, ce livre m'a passionnée et je le relirai souvent, pour alimenter les débats et discussions, car nous avons tous nos dialogues de sourds. L'épilogue hyperbolique est à la fois une fuite et un retour vers le monde enchanté de l'enfance, pour échapper à l'alternative de vie angoissante devant laquelle l'héroïne finit par craquer.
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Ce livre est une découverte, tout d'abord parce que j'ai trouvé ce livre dans la rue (avec un quelques autres, délicatement posés sur le trottoir dans un sac), et deuxièmement car je l'ai trouvé très attachant.
La quatrième de couverture m'a séduite, et le livre ne m'a pas déçue : une directrice d'agence de communication, la cinquantaine séduisante, décide de s'installer dans un village de montagne et voyage donc tous les WE entre Paris et son "chez elle". Ce roman évoque ainsi sa relation particulière à la SNCF et en fait un plaidoyer pour le service publique (quelques messages politiques sont donc présents). le personnage pose ainsi un nouveau regard sur les choses essentielles.
J'ai trouvé cette histoire intéressante, les messages importants, et j'ai apprécié l'écriture. Une très agréable découverte donc.
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Usagers de la SNCF ou pas, le récit de Benoît Duteurtre interpelle. Son sujet est d'une grande actualité bien que la publication date de 2008. Ce n'est pas seulement de l'évolution de la société de chemins de fer qu'il traite. C'est de l'ensemble d'un monde qui bascule dans le profit à outrance et le chacun pour soi, reléguant à la précarité une grande partie de l'humanité. le sujet est bien amené. Florence, la narratrice, est partagée entre une vie professionnelle réussie et lucrative, toute en compromis, et des aspirations à un retour à l'authentique. Benoît Duteurtre souligne avec justesse et pertinence les échecs d'une économie qui fait fi de la justice sociale. Dommage que la fin de son roman se perde dans une étrange nébulosité.

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