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EAN : 9782070348831
192 pages
Gallimard (25/08/2008)
3.09/5   37 notes
Résumé :
« Éberluée, j'ai prié le taxi de s'arrêter un instant. Dans un réflexe de propriétaire, je me suis demandé de quel droit on avait planté ce réverbère en mon absence, juste sous mes fenêtres, dans l'axe de la vue plongeante sur la vallée... »

La cinquantaine séduisante, Florence partage sa vie entre Paris et un village de montagne isolé, dans lequel elle vit comme un ermite. Mais l'irrésistible appel du progrès finit par atteindre ce lieu perdu, et pre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Evoquer les trajets gâchés par la SNCF remplirait une encyclopédie d'anecdotes variées « attente contrôleur, droits de retrait, grèves, hausse tarifaire, insécurité, pannes, retards, salon Grand Voyageur saturé, train annulé, travaux ».

Comme Benoit Duteurtre, ma vie est partagée entre Paris et l'est de l'hexagone, et je partage ses constats sur la dégradation du service ferroviaire, à l'instar de la poste et du système de santé. Client, ou plutôt usager, voire sujet de notre compagnie ferroviaire depuis soixante ans, j'ai connu les locomotives à vapeur dans les années soixante, l'électrification de la ligne Paris le Havre en 1968 (temps de trajet 1H59 à l'époque contre 2H30 en 2023), les Michelines, les trains de nuit, les voitures Corail, le Capitole et sa voiture restaurant, le TGV, le TER, etc …

L'astuce du romancier est de donner un «droit de réponse » à la SNCF, grâce à Florence, charmante responsable d'une agence de com dont l'un des principaux clients est « l'entreprise voyages » qui prétend enchanter nos déplacements. Florence subit chaque weekend les affres ferroviaires, endure en parfaite « partenaire » les séminaires internes à la SNCF, mais, en même temps, s'enrichit grâce à un juteux contrat de prestation de services. Cette ingéniosité littéraire place le lecteur au coeur des réflexions qui guident la stratégie et dictent les investissements (et désinvestissements) de l'opérateur ferroviaire.

Mais le « progrès » ne s'arrête pas au seuil de la gare : Florence observe qu'au fond de notre cambrousse vosgienne les lampadaires, les containers de collecte des ordures, les rond-points pullulent, et apprend que sa route départementale va être élargie pour ouvrir la voie aux camions suppléant l'arrêt programmé du traffic marchandise. Vive le progrès applaudissent les électeurs du maire, par ailleurs garagiste implanté au bord de cette route !

L'histoire s'achève « sur un silence, (…), quelque chose d'impossible à expliquer, sauf à marcher encore, droit devant, vers ce mystère » …

Ce voyage ferroviaire en compagnie de la séduisante Florence est agréable et plutôt amusant et j'avoue regretter qu'il soit si court mais que voulez vous, je ne vais pas me plaindre du respect de l'horaire !
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Quelques lignes et déjà, l'embrasement... allez savoir ! j'aime beaucoup....à suivre...
Suite...
Oui, nous jouons des rôles ; nous sommes tantôt l'un tantôt l'autre et inspirons seulement à être nous-mêmes ; pétris, façonnés de notre enfance puis enfermés dans nos êtres.
Puisse-t-elle s'isoler dans un monde de rêves, elle y sera seule, désormais.
La fin du récit, justement, ou bien devrais-je dire injustement, m'évoque l'effacement ; en tout cas celui de notre passage sur terre.
Puisse-t-il être le plus agréable possible, car en 'fin', et l'amour dans tout ça...
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L'ouverture du livre est cocasse, en forme de saynète que tous les usagers-pardon, les clients- de la SNCF auront l'impression d'avoir vue, ou jouée, à un ou deux détails près.
Nous accompagnons ensuite Florence, une femme entre deux villes, entre deux vies, entre deux âges, entre deux époques.
Pour passer de sa lucrative vie parisienne à ses séjours ascétiques en moyenne montagne au bord de la forêt vosgienne, notre campagnarde à mi-temps prend le train. Oui mais ce train est "déclassé", expression assez inélégante pour dire qu'on s'en désintéresse. La voie comme les wagons sont de moins en moins entretenus.Avec des conséquences précises sur le confort des passagers: WC bouchés et débordants, déchets et emballages alimentaires non évacués, confort sommaire, exiguïté garantie.
Mais le pire est atteint quand Florence se trouve rejointe en sa thébaïde par l'ultramodernité, sous la forme d'un réverbère qui gâche la nuit étoilée qu'elle voyait jusqu'alors de sa fenêtre, puis d'un "espace propreté" matérialisé par trois containers en plastique moulé de couleurs différentes juchés sur un socle en béton, droit dans la perspective de cette même fenêtre.
Un dialogue de sourds s'engage entre Florence et les paysans qui la considèrent comme une intruse malgré ses liens anciens avec le village, soutenus par le maire dont l'entreprise bénéficie aussi directement du développement de ce petit bourg vers l'hypermodernité. Hypermodernité dont l'auteur nous décrit longuement et précisément l'escroquerie et les ravages sur les paysages, la qualité de vie, la justice sociale, le travail pour tous (qui ne semble pas au programme français, ni européen, ni de la mondialisation), sur les bêtes, et sur les gens.
Ouvrage hybride, entre démonstration et roman de la nostalgie, ce livre m'a passionnée et je le relirai souvent, pour alimenter les débats et discussions, car nous avons tous nos dialogues de sourds. L'épilogue hyperbolique est à la fois une fuite et un retour vers le monde enchanté de l'enfance, pour échapper à l'alternative de vie angoissante devant laquelle l'héroïne finit par craquer.
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Ce livre est une découverte, tout d'abord parce que j'ai trouvé ce livre dans la rue (avec un quelques autres, délicatement posés sur le trottoir dans un sac), et deuxièmement car je l'ai trouvé très attachant.
La quatrième de couverture m'a séduite, et le livre ne m'a pas déçue : une directrice d'agence de communication, la cinquantaine séduisante, décide de s'installer dans un village de montagne et voyage donc tous les WE entre Paris et son "chez elle". Ce roman évoque ainsi sa relation particulière à la SNCF et en fait un plaidoyer pour le service publique (quelques messages politiques sont donc présents). le personnage pose ainsi un nouveau regard sur les choses essentielles.
J'ai trouvé cette histoire intéressante, les messages importants, et j'ai apprécié l'écriture. Une très agréable découverte donc.
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Je n'ai pas aimé la fin.

Mais !
Quelle belle façon de mettre en lumière tout le paradoxe de notre "Être Contemporain". Cette déchirure entre nos besoins et envies essentiels et ces envies dictées par l'Entreprise, cette société de finances et de paraître.
Quelle belle réflexion distillée tout en douceur mais en objectivité aussi, au travers de ce roman qui n'en est pas vraiment un.
Quelle critique sérieuse et honnête d'une société qui veut à tout prix la modernité, la confondant avec l'Evolution, faite dans cet essai qui n'en est pas un.

Chapeau bas, monsieur Duteurtre. Vous m'avez plu.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Depuis trente ans, des spécialistes annoncent que l’effort débouchera sur la «sortie du tunnel», mais le tunnel se prolonge et chacun doit consentir de nouveaux sacrifices, qui renforcent la précarité ; je me demande : pourquoi une société si stable devait elle se décomposer ?

Est-ce un choix que nous avons accompli ou que d'autres ont fait pour nous ? Les responsables ont-ils menti ? Se sont-ils continuellement trompés ? Ont-ils changé de cap sans en informer quiconque ?
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Peut-être vivons-nous sous le règne d’une économie d'escroquerie. Notre époque a placé en tête de ses valeurs le culte de l'entreprise, la progression des courbes et des pourcentages : symboles sacrés qui permettent de tout exiger, de tout justifier, y compris l’appauvrissement d’un très grand nombre.
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Il suffit de suivre les variations du ciel, de sentir la force du vent et de la pluie, capables d’abolir instantanément l’organisation qui a tout recouvert, tout borné, tout délimité. L’imagination des paysans était riche d’ignorance. La terre est désormais quadrillée, cartographiée, répertoriée ; rien ou presque n’échappe à cette connaissance, mais j’aime encore me laisser porter par le rêve d’un matin de brouillard, les suggestions de la forêt humide, les craquements d’un sous-bois où les farfadets jouent dans les fougères. J’ai fini par préférer les jours de mauvais temps ; ces jours de grisaille où le paysage dégradé de la campagne redevient imprécis et mystérieux.
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Je retourne m'appuyer à la fenêtre et regarder le paysage englouti ; cette campagne automnale favorable aux enchantements. Il suffit de suivre les variations du ciel, de sentir la force du vent et de la pluie, capables d'abolir instantanément l'organisation qui a tout recouvert, tout borné, tout délimité. La terre est désormais quadrillée, cartographiée, ses espèces méthodiquement répertoriées ; rien ou presque, à la surface du globe, n'échappe à cette connaissance rationnelle, mais j'aime encore me laisser porter par le rêve d'un matin de brouillard, les suggestions de la forêt humide, les craquements d'un sous-bois. J'ai même fini par préférer les jours de mauvais temps, ces jours de grisaille où le paysage dégradé de campagne redevient imprécis et mystérieux. J'aime ces jours sombres où les mouvements paraissent emprisonnés, les sons étouffés. J'aime surtout ces jours bénis où une erreur système met en péril toute la gestion du monde ; ces jours d'inondation où la rivière envahit la route avec sa coulée de boue ; ces jours où la neige commence à tomber rendant la départementale impraticable. J'aime voir l'automobiliste protester et se plaindre d'une maîtrise encore imparfaite, d'une nature encore plus forte que lui.Le présent ne parlait plus que de travail, de productivité, de profits. Mon goût pour le monde en train de disparaître s'est transformé en idée fixe. Avec une jubilation presque ridicule, je m'adonne aujourd'hui à chacun des gestes primitifs qui m'évitent d'utiliser une machine ou un véhicule : couper du bois, faire du feu, marcher une heure en sentant exactement la distance et l'effort nécessaire ; connaître la pluie, le froid, la brume.......
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De mon côté, je songe que la modernité la plus radicale doit être celle d’Epicure, persuadé que, si la vie doit apporter le maximum de jouissance, il n’existe pas, au bout du compte, de plus grande jouissance qu'un verre d'eau et un rayon de soleil.
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Vidéo de Benoît Duteurtre
Benoît Duteurtre - Livre pour adultes .Benoît Duteurtre vous présente son ouvrage "Livre pour adultes". Parution le 18 août 2016 aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2016. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/benoit-duteurtre-livre-pour-adultes-9782072548093.html Notes de Musique : When You Leave by Sergey Cheremisinov. Free Musique Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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