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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mado est née à Édéa en Afrique d'un père suédois et d'une mère camerounaise sur les bord de la rivière rouge et blanche. Toute petite elle est élevée par son père. Mais très vite celui-ci doit repartir en Suède pour voir sa famille, il est bloqué là-bas, la seconde guerre mondiale vient de débuter et tout change dans la vie de Mado.
Sa "famille d'adoption" quitte le Cameroun pour Perpignan, via le Maroc et Constantine.
L'arrivée à Perpignan est une plongée dans un autre monde, tant la vie y est différente. L'école, la religion qu'elle embrasse sans que ce soit celle d'aucun de ses parents biologiques, tout change.
Elle prend aussi conscience de sa couleur de peau, car la belle métisse attire les regards et ce n'est pas toujours un bonheur pour la jeune femme.
Jusqu'au jour où elle rencontre Marcel, l'homme de sa vie.
À Céret où ils s'installent, le couple rencontre les grands artistes de son époque, Chagall, Matisse, Dali, et "Brûlant était le regard de Picasso" sur la belle Mado.
Ils oeuvrent pour la promotion et la protection de l'art et des artistes, et pour la création du musée d'art moderne qui abrite en particulier les donations de Picasso.

J'ai aimé partager la vie et les tourments de Mado enfant, en quête de ses parents, de sa famille biologique. Cette héroïne forte et fragile à la fois que l'on se prend à aimer si fort.
Il fait dire que l'écriture d'Eugène Ébodé est magnifique, travaillée sans être trop littéraire et nous entraîne dans cette vie que nous avons tous envie de connaître. Car Mado vit à Céret, femme forte, mère et grand-mère, si attachante, non pas sortie de l'imagination de l'auteur mais bien personnage important de l'histoire de la ville. Elle a traversé le siècle et connu tant de chagrins et de joies.
Une superbe lecture que je vous recommande vivement.
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Mon Coup de coeur de la rentrée littéraire !
« On est des lieux qu'on aime. Et j'aime l'Afrique. On ne justifie pas ses amours. »
Brûlants sont ces mots d'Eugène Ebodé ! Lumineuse la personne de Mado qui nous entraîne, sous la plume de l'auteur vers cette lumière qui est essentielle à nourrir l'être en profondeur.
Ce roman est une pépite et le style de l'auteur n'est plus à saluer. Il nous conforte dans ce bonheur qu'est la belle littérature. Quant au regard de Picasso, il colore cet écrit telle une oeuvre Inédite. Et nous entraine dans ces contrées tant aimées, ces lieux qui font de nous ce que nous sommes : des amoureux épris des mots, des humains attachés à des valeurs inestimables.
Mado rime avec Picasso. La vie rime avec l'envie. Brûlant est le feu de la littérature qui réchauffe l'âme. Et la nourrit. La littérature qui à l'instar de l'Afrique, est « le continent d'avant les autres ! »
À découvrir sans tarder aux Éditions Gallimard - Continents noirs-
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Madeleine Petrasch, dite Mado, est née en 1936 au Cameroun d'une mère camerounaise et d'un père suédois. En 1929, à l'âge de dix-huit ans, son père, Gösta Hammar, a rejoint à Douala son oncle maternel qui était à la tête d'une société forestière florissante. Dans ce Cameroun colonisé en partie par les britanniques et en partie par les français, Gösta et son oncle se distinguaient des autres européens dont ils ne partageaient pas les préjugés racistes. Son père, bel homme au tempérament d'explorateur, découvre le monde africain et s'y sent chez lui, complètement à l'aise.

Aujourd'hui, devenue une vieille dame de plus de quatre-vingt ans dont l'oeil " pétille toujours de la même soif de savoir et d'émerveiller", Mado a reconstitué son histoire à partir des "carnets d'Afrique" de son grand-oncle, un taiseux qui aimait écrire. Elle a reconstitué le puzzle de sa vie : la rencontre de ses parents, sa naissance suivie du refus de leur mariage par la famille de sa mère, le geste d'amour de sa mère, Monica Yaya, qui accepte de confier sa garde à Gösta en attendant que leur situation puisse être régularisée. Ensuite ce sera son adoption par un couple de français expatriés à qui Gösta l'a confiée le temps d'un séjour en Suède qui durera plus longtemps que prévu car la seconde guerre mondiale éclate juste à ce moment là.

Mado a pris conscience du poids de la guerre sur son destin... Une fois son père adoptif engagé volontaire auprès du général Leclerc, sa mère adoptive Hélène rejoint la France avec elle. La guerre terminée ses parents adoptifs repartent au Cameroun la confiant à la mère d'Hélène qui vit près de Perpignan, Mado est alors inscrite dans un pensionnat catholique. Que de coupures dans la vie de la jeune Mado qui vivra dans le souvenir du fleuve Sanaga, appelé Rivière rouge et blanche, sa "boîte à chagrins" et recherchera toute sa vie son identité entre ses origines suédoise, camerounaise et française. Mado ne retrouvera son père qu'à l'age de quinze ans, remarié avec une cantatrice finlandaise avec qui il a eu quatre enfants. Quant à Monica, sa mère biologique, on lui a dit qu'elle était morte...

Mado, devenue une beauté souvent comparée à Joséphine Baker et danseuse hors pair, épouse Marcel et suit une formation dans la promotion des arts. Installés à Céret, petite ville réputée pour ses cerises et fréquentée par des artistes de renom, ils contribuent à sortir le musée d'Art moderne de sa léthargie. Mado crée l'association des amis du musée de Céret et rencontre Picasso qui pose son regard incandescent sur elle "Brûlant était le regard de Picasso", dira-t-elle plus tard.

Eugène Ebodé a choisi de raconter sous la forme d'un roman l'histoire fascinante de Mado qu'il a rencontrée plusieurs fois. Il nous livre une biographie romancée qui fourmille de détails, un texte essentiellement axé sur la vie de Mado. Ses rencontres avec les artistes, Picasso, Dali, Chagall, Miro, Matisse... ne sont que brièvement évoquées contrairement à ce que suggère le titre, mais cette vie est tellement riche et singulière qu'elle méritait bien un roman.
Mado a eu une vie faite de déracinements et de séparations, elle a vécu les douleurs de l'exil, la blessure du racisme, la sensation de n'être nulle part à sa place en France. Elle a réussi à maintenir des liens avec son père malgré ses absences, malgré les questions qu'elle n'a jamais réussi à lui poser, à maintenir des liens avec sa mère adoptive malgré son manque d'affection, sa raideur, sa brutalité et surtout malgré son horrible mensonge sur la disparition de Monica, sa mère biologique, dont elle n'apprend que vers l'âge de trente ans qu'elle est en vie. Avec un pouvoir de résilience remarquable, elle a su malgré tout former avec eux tous, parents, frère et soeurs, une famille soudée. Pour son 83ème anniversaire en 2019, beaucoup de ceux qui étaient encore vivants étaient autour d'elle.
Mado a vécu des drames intimes, des deuils abominables mais sa vie a été éclairée par son amour de l'art et par son amour pour Marcel avec qui elle a formé un merveilleux couple. Sa rencontre avec des artistes de renom, son engagement pour le musée, sa contribution à l'élan culturel de Céret ont rendu sa vie très riche et intense.
La plume d'Eugène Ebodé est très poétique, il restitue les souvenirs de Mado dans un désordre qui ne nuit nullement à la compréhension, j'ai cependant trouvé complètement déplacée sa tirade pleine de hargne et d'ironie contre le gouvernement à propos de sa gestion de la crise sanitaire, seul avait sa place dans ce récit l'avis de Mado sur cette période qui l'a séparée de ses enfants et au cours de laquelle elle a perdu son mari.
Un récit passionnant sur une femme au parcours très singulier. Une belle réussite.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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