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EAN : 978B08P61FD6Z
237 pages
Gallimard (14/01/2021)
3.43/5   22 notes
Résumé :
À quatre-vingts ans passés, Mado, née d’un père suédois et d’une mère camerounaise, vit à Perpignan et se souvient : de son enfance à Edéa, au Cameroun, sur les bords de Rivière blanche et rouge, avant que n’éclate la deuxième guerre mondiale, ses horreurs et ses bouleversements. Elle revoit son départ inattendu vers la France où l’entraîne une mère adoptive aux nerfs fragiles. Les voici en escale à Témara, au Maroc, ovationnant le général de Gaulle venu stimuler la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Voici la biographie de Madeleine Hammar, née au Cameroun d'un père suédois et d'une mère camerounaise. Malgré leur désir à tous deux de se marier et d'élever ensemble l'enfant, la famille de la mère s'y oppose. (Réflexion personnelle : J'ai connu une famille au Niger qui, lorsqu'un Français est tombé amoureux de leur fille, a exigé qu'il trouve du travail à Niamey, et il l'a fait par amour. Tous les Africains ne veulent pas venir en Europe)
Biographie présentée de façon charmante, non linéaire, ne suivant pas le cours des années de la vie de cette femme exceptionnelle, qui a dû renoncer à ses racines africaines pour vivre (au début, mal) en France, puis y a vécu de manière romantique.
« Les adultes prennent des décisions. Les enfants les subissent ».
Elle devient, par un hasard de la vie, amie des peintres qui vivent à Céret. C'est avec son mari qu'elle a pu ensuite côtoyer des peintres extraordinaires : Pablo Picasso, Salvador Dalí, Marc Chagall, Joan Miró, André Masson, Pierre Brune...

Elle doit affronter l'extinction de lumière que sont les suicides de sa fille Sylvie, puis de son petit-fils : « il a fini par larguer les amarres qui nous attachent aux vivants pour rejoindre les étoiles ».
Les morts de ses proches se succèdent, elle repense à son enfance, à ses parents adoptifs, lesquels organisaient les fêtes très élitistes des expatriés, à sa rencontre avec Jacques qui deviendra son mari, qui réchauffe son coeur engourdi par sa vie en pension, où elle a l'impression d'être un zombie à cause de la couleur de sa peau. Elle retrouve tardivement son père Suédois.
Biographie donc présentée de manière décousue en apparence, dans le désordre, ce qui ajoute à son intérêt.
Picasso la poursuit de son regard d'un noir brûlant, elle lui rappelle Joséphine Baker, elle danse comme une déesse (En cherchant sur internet, je n'ai pas réussi à voir Mado jeune, dommage, je n'ai pu voir des photos d'elle qu'octogénaire)
Picasso vient d'être quitté par Françoise Gilot, de quarante ans sa cadette, qui le quitte, lasse d'être annihilée et niée.
De l'autre côté du monde, l'Indépendance, dont Eugène Eboué détaille les divers épisodes.
Ce livre sur la vie d'une femme, élargie par les évènements qui lui adviennent, dévie pourtant en particulier concernant le covid 19 : plusieurs pages d'analyse y sont consacrées, ce qui, à mon avis, n'apporte rien au destin peu commun de Mado.
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Mado est née à Édéa en Afrique d'un père suédois et d'une mère camerounaise sur les bord de la rivière rouge et blanche. Toute petite elle est élevée par son père. Mais très vite celui-ci doit repartir en Suède pour voir sa famille, il est bloqué là-bas, la seconde guerre mondiale vient de débuter et tout change dans la vie de Mado.
Sa "famille d'adoption" quitte le Cameroun pour Perpignan, via le Maroc et Constantine.
L'arrivée à Perpignan est une plongée dans un autre monde, tant la vie y est différente. L'école, la religion qu'elle embrasse sans que ce soit celle d'aucun de ses parents biologiques, tout change.
Elle prend aussi conscience de sa couleur de peau, car la belle métisse attire les regards et ce n'est pas toujours un bonheur pour la jeune femme.
Jusqu'au jour où elle rencontre Marcel, l'homme de sa vie.
À Céret où ils s'installent, le couple rencontre les grands artistes de son époque, Chagall, Matisse, Dali, et "Brûlant était le regard de Picasso" sur la belle Mado.
Ils oeuvrent pour la promotion et la protection de l'art et des artistes, et pour la création du musée d'art moderne qui abrite en particulier les donations de Picasso.

J'ai aimé partager la vie et les tourments de Mado enfant, en quête de ses parents, de sa famille biologique. Cette héroïne forte et fragile à la fois que l'on se prend à aimer si fort.
Il fait dire que l'écriture d'Eugène Ébodé est magnifique, travaillée sans être trop littéraire et nous entraîne dans cette vie que nous avons tous envie de connaître. Car Mado vit à Céret, femme forte, mère et grand-mère, si attachante, non pas sortie de l'imagination de l'auteur mais bien personnage important de l'histoire de la ville. Elle a traversé le siècle et connu tant de chagrins et de joies.
Une superbe lecture que je vous recommande vivement.
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Le titre du dernier livre d'Eugène Ebodé, Brûlant était le regard de Picasso, peut laisser accroire que le peintre est la figure centrale du roman. Que nenni, il est l'un des nombreux artistes qu'à côtoyé Mado Petrasch, créatrice de l'association des amis du musée de Céret, en Pays catalan. C'est bien elle l'héroïne du récit de l'écrivain, au fil d'une vie où elle aura aussi croisé Miro, Chagall et Dali, entre autres. Mado Petrasch, aujourd'hui octogénaire, a vécu une existence peu banale, avec un père suédois et une mère camerounaise, qu'elle ne rencontrera que tard dans sa vie, après l'avoir crue morte pendant longtemps. Ce n'est pas à une biographie traditionnelle à laquelle s'est attelé Eugène Ebodé, qui a préféré slalomer entre les époques, décrivant dans un désordre très maîtrisé l'enfance africaine de Maud, son amour pour son époux Marcel, le parcours étonnant de son père Gösta, la deuxième guerre mondiale avec De Gaulle et Leclerc en Afrique, le bouillonnement artistique de Céret et même la pandémie actuelle. Outre la découverte du destin hors normes de son personnage principal, ses vies publique et privée, ce qui frappe dans le livre est le style admirable de l'auteur, qui n'a pas beaucoup d'équivalents dans la littérature française actuelle. On ignore ce que Mado Petrasch pense du roman qui lui est consacré mais elle peut être fière du résultat. La métisse, amie des artistes, est véritablement une grande dame.
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Eugène Ebodé raconte la vie de Mado Hammar née en 1936 d'un père suédois et d'une mère camerounaise à une époque où le système colonialiste européen vivait son ultime apogée sur le sol africain. Autour de cette fillette, qu'on séparera très tôt de sa mère Monica, un couple français résidant à Edéa, Jacques et Hélène Boissont, l'adopte afin de libérer de ses responsabilités parentales Gösta Hammar, retourné en Suède durant la Seconde Guerre Mondiale.
Mado sera finalement éduquée dans un pensionnat catholique de Perpignan et habitera toute sa vie cette région des Pyrénées-Orientales, y prenant mari et pays, mais ayant toujours en tête de retrouver sa mère biologique dont on l'a tenue éloignée de façon délibérée. Une quête permanente logée profondément au sein de sa propre famille et de ses activités communautaires en vue de faire rayonner les artistes-peintres de Céret et leurs oeuvres.
Le parcours de cette femme est fort intéressant car inscrit dans les grands moments de l'Histoire du XXe siècle et de l'avenir du continent africain au seuil de l'indépendance de ses états. Cependant, Eugène Ebodé s'éparpille par moments dans des considérations plus terre à terre, cassant de ce fait le rythme de son récit. le regard de Picasso s'est peut-être attardé mais sa présence dans le roman y demeure fugitive.
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Mado est née au Cameroun des amours d'un expatrié suédois et d'une Camerounaise. La seconde guerre mondiale éclate et bouleverse les familles. La jeune métisse devra suivre des parents adoptifs vers la France où elle fera sa vie, en particulier dans cette Catalogne française autour de Perpignan où elle croisera de grands artistes tels que Picasso, Chagall et d'autres.
Sur le thème des rapports entre la France et ses colonies, des conditions de vie et de la psychologie d'une métisse dans la France au temps de la fin des colonies, il y a dans ce livre de bonnes lignes. Cependant, tout est noyé dans des digressions inutiles – en particulier sur la période de la pandémie du coronavirus – qui n'apportent rien. On a même l'impression que c'est du remplissage. Dommage.

NB : page 46, l'auteur écrit au sujet de Jean Ferrat  : « Mado a aimé La montagne qui renvoie à Font-Romeu ». Je pense qu'il s'agit d'une erreur. Ferrat a écrit cette chanson en 1964 alors qu'il venait d'acheter une maison en Ardèche. Les paroles de la chanson font d'ailleurs clairement référence à l'Ardèche : "Avec leurs mains dessus leurs têtes / Ils avaient monté des murettes / Jusqu'au sommet de la colline", paysage en terrasses, typiquement ardéchois. C'est un détail, j'en conviens.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Quatre longues années s'étaient écoulées depuis son départ. Était-il mort ? Était-il vivant ? Elle l’ignorait. De ces années passées à l’ombre des vertes allées du domicile des Boissont, au-dessus du fleuve Sanaga, un souvenir paternel ne désertait pas sa mémoire. Il était lié à la succulence des baies sauvages cueillies par son père lors de leurs promenades sur les berges de la rivière. Ce souvenir, probablement le plus précieux de tous ceux qui tapissaient sa boite à nostalgie, l’apaisait.
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À Céret, Chagall se mêla aux créateurs venus d’Europe de l’Est, d’Espagne, de Paris, des États-Unis et de Provence. Durant l’occupation allemande, de nombreux artistes trouvèrent ainsi refuge dans la coquette sous-préfecture des Pyrénées-Orientales où Pierre Brune avait établi un centre d’accueil des artistes. Il y reçut entre autres Maurice Loutreuil, Chaïm Soutine, André Masson… Le cours de l’histoire changea à Céret lorsque la veuve de l’archiviste
Michel Aribaud offrit à la cité cérétane une prodigieuse collection d’œuvres d’art.
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Mado a toujours aimé la fameuse réplique de Picasso, sous l’Occupation, à l’ambassadeur allemand Otto Abetz ; suivi par un cortège d’officiers nazis, l’ambassadeur, surgissant dans l’atelier du peintre, rue des Grands-Augustins à Paris, lui avait lancé en désignant une reproduction de Guernica :
« C’est vous qui avez fait ça ?
— Non, c’est vous ! 
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Picasso :  C’était l’époque où courait le bruit à Perpignan et dans ses alentours que le Peintre suprême se morfondait. Une violente et inhabituelle peine de cœur enténébrait ses pensées et bridait sa créativité. Lui qui avait toujours quitté les dames, qui avait martyrisé ses égéries, qui avait mis entre parenthèses les dynamiques créatives de plusieurs de ses femmes artistes, qui avait étouffé la concurrence féminine par ses grands yeux gourmands et son torse velu, qui avait dompté la sensuelle Dora Maar, l’avait rendue folle, avait relégué son œuvre photographique et picturale aux injustes oubliettes, grognassait et pestait ; lui, mâle triomphant et dominateur qui disait qu’il n’était cruel qu’avec les gens qu’il aimait, lui qui avait cannibalisé par son aura, son surdimensionnement, son génie inépuisable et son ego la formidable production de Dora et assujetti le talent de Gilot... ! Celui-là même qu’on fêtait tout le temps, qu’on idolâtrait partout et qu’on vénérait, venait à son tour de mettre un genou à terre, lui, le matador, maté ? Il subissait les tourments des délaissés !
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La noria de domestiques avait pour obligation de sourire, les dents bien visibles sous le clair de lune. Gantés de blanc et munis d'éventails pour ventiler les hôtes, il leur était interdit de regarder l'invité blanc dans le blanc des yeux, et ces serviteurs avaient pour unique mission de le servir, de le divertir, de répondre avec diligence et élégance à chacune de ses sollicitations.
La nuit, le ciel équatorial était étoilé. En circulant autour des tables des expatriés qui festoyaient, le serviteur était considéré comme un morceau de ce ciel noir que les dents blanches constellaient de lueur d'obéissance et de servilité. Les Européens étaient loin de la mère patrie et en souffraient. Il fallait effacer par des artifices ces douleurs que tout éloignement du pays causait dans l'âme et le corps des exilés.
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Videos de Eugène Ebodé (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugène Ebodé
Reconnaissable au premier coup d??il grâce à son immense baobab coloré, le salon africain vous fait découvrir la richesse de la littérature du continent noir en mêlant des auteurs encore méconnus à des écrivains réputés. Et c?est également au salon africain qu?a lieu chaque année la remise du prix Ahmadou Kourouma.
Autour du thème « Les chercheurs d?Afriques », les romanciers et essayistes invités reviennent sur les blessures du continent, mais aussi sur ses gloires, sa grandeur et ses aspirations.
Outre les hôtes vedettes de cette édition 2019, Maryse Condé, Prix Nobel « alternatif » 2018 et le rappeur Abd al Malik qui présente son livre/album le jeune Noir à l?épée (Présence africaine/Musée d?Orsay/Flammarion) inspiré de l?exposition du Musée d?Orsay « le modèle noir de Géricault à Matisse », sont annoncés Abubakar Adam Ibrahim, Eugène Ebodé, Mia Couto, Françoise Vergès, Adame Ba Konaré, Elizabeth Tchoungui, Boualem Sansal, Beyrouk, Clemente Bicocchi, Jean Bofane, Tania de Montaigne, Armand Gauz, Ndèye Fatou Kane, Henri Lopes ou Bessora.
Plus d'infos sur https://salondulivre.ch
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