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EAN : 9782371271036
140 pages
La Cheminante (25/01/2018)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Au début des années 1980, en Afrique subsaharienne, le destin tragique d'une fratrie prisonnière de la domination de leur mère dirigiste jusque dans les choix, les sentiments et les pensées. Avec en toile de fond, les mouvements propagandistes, les prémices de la démocratie, la famille, l'ambition et l'amour.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai apprécié ce récit bien organisé avec un style très maîtrisé qui fait preuve d'une vraie maturité. Il y a quelques lourdeurs mais elles sont rares si bien que l'on garde de la lecture de ce roman une impression de fluidité associée à une grande amplitude dans le choix d'un vocabulaire riche et précis (Puisque l'on nous rebat les oreilles avec l'idée que la langue française est précise, une écrivaine qui sait en faire un vrai usage, c'est forcément une écrivaine de qualité).
La construction du récit est parfaitement menée (avec un bémol pour le début du récit, je vais y venir). A partir du chapitre sur Pilar, on s'attache au récit et on se laisse prendre par “l'intrigue”. La description de la trajectoire de cette femme de caractère, sa relation au chef de l'Etat et l'exposé de l'environnement social et politique de l'époque sont vraiment très intéressants. En quelques paragraphes l'auteure arrive à donner une profondeur à son personnage. Il y a un côté tragédie grec dans le déroulement du récit et de la mort du frère. On pourrait peut-être reprocher à Effah d'avoir créé le personnage d'Estelle pour que « cela fonctionne ». Il aurait peut-être été possible que Paterne tue son frère pour un autre motif. Mais le drame des deux frères, c'est Pilar et on peut considérer comme allant de soi que ce soit une autre femme qui cause leur perte (à moins que ce ne soit leur désir amoureux, on interprète comme on veut). Quoi qu'il en soit, ce récit m'a vraiment captivé.
Je me permets à présent de souligner ce qui ne va pas dans le texte. Il s'agit de critiques précises qui intéresseront surtout ceux qui ont déjà lu le texte. Elles peuvent paraître un peu brutales et elles ne doivent pas laisser accroire que le livre est mauvais.
Le début est trop brillant, l'auteure assomme le lecteur par son style trop recherché, comme si elle voulait lui en mettre plein la vue ! Comme l'a écrit un ami : « Qui veut briller n'éclaire pas ». Mon impression au bout de quelques pages était d'avoir affaire à une auteure tellement douée qu'elle s'écoutait parler ! Ensuite, cela s'arrange, peut-être aussi parce que le lecteur est pris par l'histoire.
L'auteure n'échappe pas à quelques maladresses : “Je refuse que ton pardon m'oblige à vivre dans les lendemains hantés par les ombres du regret” p.13. Si vous trouvez une personne qui parle de cette manière… (et page suivante : “les rescapés des tragédies de l'ego”). Surtout, la lettre à Leslie vient comme un cheveu sur la soupe. Sauf erreur de ma part, l'auteur ne parle pas de Leslie auparavant. le lecteur ne comprend pas de qui il s'agit. En tout cas, personnellement, j'ai été un peu déconcerté.
Une remarque sur un détail. P. 90, Paterne qui discute avec le pasteur dit : « il n'y a que l'écriture pour arrondir les angles ». Compte tenu que l'auteure n'a pas parlé de la profession de Paterne avant cette phrase, on se demande ce que cela vient faire ici et surtout on ne peut s'empêcher de penser que l'auteure prend la parole à travers son personnage (or elle n'est pas là pour cela !)
Enfin, la fin est maladroite, lorsque Leslie retrouve Paterne sur le rocher et l'empêche de se suicider (en tout cas de se jeter dans la mer). le discours sur l'amour de Leslie… Je vais le dire méchamment : on frise le ridicule ! L'auteure aurait dû les mettre en scène dans une étreinte silencieuse qui montre ce que le sentiment amoureux donne dans des situations dramatiques. Tandis que là, elle nous donne la notice !
Au risque de me répéter, ces critiques n'enlèvent rien à la qualité du texte. Bonne lecture !
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Tout d'abord je tiens à remercier Babelio qui, grâce aux opérations "Masses Critiques" nous fait découvrir de belles richesses littéraires, ainsi que les Editions La Cheminante par qui j'ai reçu le livre "La danse de Pilar" publié en ce début d'année.
Bien que ce soit le troisième roman de Charline Effah, je découvre cette auteure et quelle surprise ! Une écriture gracieuse et riche, un style précis et poétique.
Bref, de quoi en réconcilier plus d'un avec la littérature contemporaine !
Petite précision supplémentaire, et non des moindres, la couverture du livre, réalisée par l'artiste Fred Ebami, est particulièrement dynamique et représentative du roman.
Ce roman nous plonge au coeur d'une famille subsaharienne dans les années 80.
Paterne, le narrateur, s'adresse à ses parents, et plus particulièrement à sa mère Pilar qu'il dénonce et tient pour responsable de sa tragédie, malgré une certaine loyauté.
Dans la République Démocratique de Nlam, le Grand Camarade est le surnom donné au chef de l'état. Pilar, une des maîtresses du Grand Camarade est une femme dominatrice et responsable des Lewai dancers, un groupe de danseuses dont l'objectif est d'assurer la propagande lors de manifestations.
Lasse de ne pouvoir fonder sa propre famille, elle rencontre Salomon, membre contestataire du régime en place. Elle lui promet son soutien dans sa quête de reconnaissance en échange d'un mariage. de cette union d'arrangement naîtra un fils : Paterne.
"Pardonne-moi si je te heurte. L'éducation que j'ai reçue de toi m'a enseigné que l'enfant n'ouvre pas la bouche sur les hontes de ses parents. Et longtemps je me suis tu, pendant que tu outrageais l'honneur de notre famille. Peut-être n'étais-je que trop jeune pour comprendre qu'on regarde les mères avec les yeux de l'amour et que les yeux de l'amour transforment les vices, contournent les abîmes, et que c'est grâce à ce déni que nous parvenions tous à idéaliser, bonnes ou mauvaises, responsables ou déloyales, aimantes ou indélicates, bienveillantes ou castratrices, toutes les mères du monde."
Mais l'ambition, la haine, les secrets, la jalousie et les trahisons vont finalement être le terreau du processus d'auto-destruction de cette famille.
"On se dit que le coeur d'un enfant ne possède aucune once de haine. On l'imagine, ce coeur, éclatant d'amour et de candeur, débordant d'altruisme, dénué de mal. Mais il arrive que la haine et la méchanceté poussent quand on sait s'y prendre pour les planter, quand on les arrose régulièrement et qu'elles prennent racine, telles des mauvaises herbes, étouffant toute la pureté des bons sentiments."
Charline Effah met l'accent dans ce roman sur le rôle et le pouvoir officieux et implicite des femmes dans la vie politique africaine, mais également sur l'aspect fragile de la démocratie et de la liberté, si difficilement acquises.
"La liberté, quand elle nous saisit, est semblable à un incendie qui brûle tout : autour de nous et au-dedans de nous, c'est-à-dire les craintes, les renoncements, les résiliences, les scrupules et toute la sagesse du monde. Si l'on aspire à la liberté, c'est que l'on doit se préparer à voir son monde partir en flammes pour, peut-être, renaître de ses cendres."
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à rentrer dans cette "Danse de Pilar" de Charline Effah : le début est un peu confus, on sent même entre les mots une certaine colère pour les personnages. Et puis après ça se calme, et on peut enfin rentrer dans cette histoire africaine, celle d'une "famille" particulière dans le Gabon des années 80, gangréné par ses dictateurs. Il y a Paterne, le narrateur, jeune homme qui a grandi dans l'ombre de ses parents et qui vient juste de craquer ; le père, Salomon, qui se veut opposant au régime mais qui en fait n'arrive même pas à s'opposer à sa femme ; et puis la mère, Pilar, qui les écrase tous avec son caractère dominateur et les faveurs que le régime lui accorde. On suit cette famille dans ses malheurs et ses déchirements, quasiment jamais dans la joie. A cette "petite" histoire s'ajoute la grande, celle de l'Afrique qui n'arrive pas à sortir de ces républiques bananières qui oublient le petit peuple. Bref, au final pas mal ! Et un grand merci aux éditions "La cheminante" pour cette nouvelle découverte.
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Ce roman se déroule au cours des années 80 en Afrique subsaharienne dans un pays fictif qui est Nlam.
Le roman raconte l'histoire d'une famille dirigée par une épouse et mère ambitieuse, Pilar, danseuse et fervent soutien du régime en place. A travers le parcours de cette famille composée de Pilar la mère, Salomon le Père, Paterne et Jacob les frères Charline Effah dresse le portait de cette société africaine de ces années de dictature politique que de fragiles oppositions ne semblent pas ébranler encore.
Un beau roman. Une belle histoire servie par une écriture précise, poétique, colorée et riche.
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Voici une lecture qui m'a laissée perplexe, au mitan du livre, car je n'arrivais pas à savoir si je devais m'enthousiasmer ou rester tiède ... L'écriture est très - trop ? - travaillée et on sent le projet poétique de l'auteure. de très belles tournures, très belles phrases dignes de profil Facebook inspirés. Une langue qui se veut fluide, déliée, agréable. Mais ... la narration est fouillis, verbeuse. On a parfois l'impression d'une auteure qui aime surtout se lire. Jusqu'au tiers du livre, même si on aime cette écriture, on a l'impression que le livre se traîne à mettre en place les personnages. Et je ne parle pas du ton larmoyant et dépressif du narrateur.

Un livre qui se laisse lire avec plaisir et intérêt. Une écriture qui recherche, trop, l'effet, la phrase choc façon publicitaire, mais agréable et tout en tournures qui se veulent poétiques.
L'histoire familiale, intimiste, qui explore les relations entre une Pilar intrigante et courtisane et Salomon, le mari cocu, Jacob, le beau-fils honnis et Paterne, fils narrateur qui vit comme à l'extérieur de la vie des siens.

[Suite... http://www.loumeto.com/mes-lectures/article/la-danse-de-pilar-de-charline ]
Lien : http://www.loumeto.com/mes-l..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Certains pensent que la femme de leur vie serait une jeune et jolie pieuse potelée, élevée chez les bonnes soeurs, portant des robes en dentelle, des dessous en coton, fleurant l'eau de Cologne et qui, s'ils la rencontrent, saura tenir leur maison propre, remplacer les boutons de chemise d'un brave époux, élever avec le sentiment de remplir sa mission sur terre, les nombreux enfants dont elle aura fièrement porté les grossesses. D'autres espèrent que c'est une histoire de karma, une chance à saisir au moment où elle passe si l'on ouvre bien les yeux. Sauf que parfois, pour rencontrer la femme de sa vie, il faut enjamber ses abîmes à elle, se prendre les pieds dans son passé, se heurter dans la cavalcade de railleries, quolibets, ont-dit, lazzis, images d'hommes, rêves hantés.
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Relativiser est le refuge des personnes habituées à encaisser des coups. On regarde les choses sous un autre angle. On se dit que ce n'est pas forcément tout mal. Avec la petite maison, et l'enfant, et le mari, on se fabrique son bonheur. On le tient et on refuse de le lâcher. On se souvient qu'on a blessé l'autre alors on accepte ses coups à son tour, sans le juger. Dans les plus grandes trahisons, on voit d'anodins faux pas, de puérils égarements. Et on se dit que puisqu'on revient toujours à la maison, c'est déjà çà. Et c'est suffisant. Suffisant pour aimer encore. Suffisant pour croire encore, réparer les déchirures, recoller les bouts de verre, refuser que tout ce qu'on a construit nous glisse encore les doigts. On refuse de tout lâcher. Alors, pour une autre fois, on avale sa fierté, on regarde le bon côté des choses. On pardonne. p113
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Ici la loi des hommes est dure certes, mais il reste l'amour. L'amour que les faibles et les lâches ne connaîtront jamais et ne sauront pas qu'il est le lieu où les femmes brisent les barreaux de toutes les prisons du monde et qu'avec cet amour, elles savent, l'espoir dans le coeur, telle une flamme qu'elles entretiennent, attendre le retour de l'être cher.
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-Oui, je prie. Pas tout le temps mais je prie quand même.
-Et quand tu pries, que dis-tu?
-Je prie pour que Dieu soit une femme.

Je suis un criminel, pasteur Mayombo. Tu m'as toujours dit que Dieu aimait tout le monde, les bons et les méchants. Je pense qu'i faut être une femme pour aimer les mauvais garçons et leur pardonner leurs égarements.
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En ces temps-là, tu détestais déjà ton corps, t'attelais à construire ton bonheur à bouts de points de suture. Preneuse de tous les bons plans, abonnée aux rafistolages. Idées saugrenues. Ficelles tendues pour réparer les couacs de ton existence capricieuse.
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