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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce roman de Charline Effah s'inscrit dans un projet littéraire sur le corps des femmes qu'elle construit depuis l'écriture de "N'être" , roman publié en 2014, "La danse de Pilar" publié en 2018 et finalement "Les femmes de Bidibidi" qui vient de paraître. Ce cycle de romans est né de la volonté d'écrire sur le corps féminin en travaillant sur différents angles.
Pour "Les femmes de Bidibidi" , l'autrice choisit d'évoquer les corps meurtris par la guerre, en situant son récit dans un camp de réfugiés en Ouganda .

A l'âge de 8 ans, Minga aide sa mère à fuir la violence conjugale et accepte qu'elle disparaisse de sa vie. Car il est avant tout question de survie lorsque l'on est face à un homme qui veut une femme qui lui appartienne totalement.
" Ton père disait que je n'étais pas une femme bien qui accepte la correction de son mari et n'essaie pas de le contester. Mais je ne voulais pas être une femme bien qui a toujours peur. Oui, je te parle de la peur des femmes. Elles ont toujours peur, malgré les lois qui stipulent que maintenant elles ont le droit de voter, de travailler, d'avorter. Bien qu'on leur ait claironné qu'elles étaient libres, les femmes ont peur depuis l'origine des temps. Sexe faible, condamné à trembler sous le joug du patriarcat. Je te parle de survie. Ce chemin solitaire. Toutes ces errances que j'ai rencontrées ici à Bidibidi. "

Devenue adulte, Minga se rend dans le camp de réfugiés où travaillait sa mère pour découvrir le mystère de sa disparition et pour raconter à la fois les maux et le courage des femmes africaines, souvent les premières victimes des guerres.
Elle met ainsi en lumière la douleur physique et psychologique des femmes qui ont très souvent été violées ou qui doivent se prostituer pour survivre.

Le sujet est sans aucun doute important et poignant, mais cela ne doit pas empêcher de formuler un avis plutôt tiède sur un ouvrage qui se réclame de la fiction.
Même si Charline Effah s'est rendue dans un camp de réfugiés en Ouganda, les moments de vie sont évoqués à grands traits et restent assez abstraits, faute de descriptions topographiques. Il manque au roman cette illusion de réalité qui permet aux lecteurs de se transporter sur le lieu de la narration.
Cette même épaisseur, qui permet l'empathie, manque à ces personnages de femmes (Jane, Rose, Veronika et Josephine) qui sont représentées dans un premier temps comme victimes de la violence des hommes et dans un second temps comme force de résilience.
De fait, elles sont réduites à des stéréotypes qui certes illustrent le propos de l'autrice, mais ne suffisent pas à créer de véritables personnages de roman.
En schématisant les portraits de ces femmes, la force de l'émotion s'appauvrit et même si le parcours de Rose est bouleversant, on peut éprouver une certaine frustration à rester aussi éloigné d'un tel personnage.

On pourra toutefois saluer l'intention de l'autrice qui a choisi de consacrer un roman à ces femmes qui se tiennent debout avec leurs corps cassés.
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Me voilà encore une fois ennuyée pour attribuer une évaluation à un roman car partagée entre plusieurs critères. Prenons le positif d'abord. le thème est absolument poignant et le témoignage nécessaire ; le destin de ces femmes, l'enquête de Minga sur les traces de sa mère qui a disparu dans un camp de réfugiés en Afrique de l'Est, toutes ces révélations sur la réalité des conditions de vie, les violences subies ... Tout ceci est tragique, effroyable, il est évident et salutaire de vouloir le raconter pour contribuer à sensibiliser ceux qui sont trop éloignés pour savoir ou même s'y intéresser. Une fois ces éléments posés sur la table, il y a la forme du roman. Car il s'agit bien d'un roman et pas d'un récit. Or pour moi c'est là qu'interviennent mes bémols. J'ai trouvé la narration très décousue et très embrouillée avec des sauts temporels pas toujours très bien balisés et j'avoue avoir dû plusieurs fois revenir sur mes pas pour me resituer. le foisonnement des personnages pas toujours bien identifiés n'a pas non plus contribué à clarifier mon cheminement. Par contre j'ai effectivement été quelque peu saisie par l'émotion à la fin. D'où mon ressenti mitigé alors que j'aurais eu envie d'aimer beaucoup plus ce récit.
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L'intrigue de ce livre se passe pour moitié dans le camp de réfugié de Bidibidi au nord de l'Ouganda (à la frontière avec le Soudan du sud où une guerre civile a sévi de 2013 à 2020) et pour moitié à Paris. le récit est centré sur les violences faites aux femmes, que ce soit dans le couple, dans un pays en paix, pendant les vicissitudes les plus terribles d'une guerre civile ou dans les camps où les personnages espèrent trouver un refuge. le message porté par le livre est celui d'une sororité de la violence, dont nous sommes toutes victimes et dont nous devons prendre conscience. Celui aussi d'une résilience possible (mais qui semble uniquement douloureuse, j'ai presque du mal à l'appeler résilience) et surtout d'une résistance possible à ces violences . J'ai lu récemment « notre force est infinie » de Leymah Gbowee pour qui, à l'inverse de cette conclusion, le pardon est ce qui permet la reconstruction et la résilience.

J'ai été un peu gênée par le fait que le message se porte uniquement sur la sororité et pas sur l'humanité, surtout dans des contextes de guerre civile où la souffrance n'est pas uniquement féminine. Même si la figure de Moïse, le chef du village 10, est un peu rédemptrice de la violence des autres hommes, j'ai été gênée que dans la résilience proposée pour les femmes, les hommes soient complètement exclus. On a du mal à se dire qu'on peut construire une société équilibrée.

Je n'ai par ailleurs malheureusement été que très peu touchée par ce livre et ai l'impression d'être passée à côté. L'écriture ne m'a pas touchée et je suis restée loin des personnages, malgré une narration à la première personne qui étonnamment suscite assez peu d'empathie pour le personnage principal. Je pense que dans la narration, il y a trop de non dits, les femmes ont une façon de parler peu naturelle, qui fait que je ne me suis pas faite embarquer.

J'ai trouvé dommage aussi que les personnages n'aient pas été plus lumineux dans leur résilience. Je pense en particulier à Jospéhine, la maman de la narratrice qui a choisi d'aider toute sa vie pour se reconstruire, je trouve que son cheminement est mal représenté. Et, même si je comprends que le propos de l'autrice est de dénoncer les violences subies par toutes les femmes, quelque soit leur pays ou leur couleur de peau, j'ai trouvé un peu maladroit de mettre sur un pied d'égalité une femme dont la mère était battue et des femmes ayant fui la guerre, ayant été violées et ayant vu mourir leurs enfants.

J'ai donc un ressenti ambivalent car je pense que le sujet du livre est très important (les camps de réfugié, la guerre civile interminable qui pour des idéaux de vivre ensemble ne fait que détruire, les violences faites aux femmes dans nos sociétés en paix), j'ai trouvé des maladresses dans la construction du récit. Peut-être que trop de thèmes ont été traités? Et je suis du coup passée à côté. Je lirai cependant d'autres livres de cette autrice car j'ai aimé son approche et sa capacité à me questionner. le rendez-vous ne sera peut-être pas manqué pour ceux-là.
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