La découverte de la civilisation Maya est un excellent exercice pour dépasser les jugements hâtifs, apprécier l'imagination de l'espèce humaine, et nous rappeler les douleurs qui semblent toujours liées à son existence.
Les anciens Mayas portaient les charges à dos d'homme et utilisaient le silex ou l'obsidienne pour leurs outils, et pourtant nous étonnent par leurs constructions monumentales. C'est comme si on se trompait un peu en considérant généralement l'apport de l'animal de bât et la métallurgie comme des progrès déterminants pour les civilisations.
Il a fallu attendre longtemps avant de comprendre les anciens textes et découvrir le formidable pouvoir d'imagination des Mayas, exprimé dans leur vision du monde et de sa création. Il y a peut-être encore une dimension poétique qui nous échappe et qui se traduirait par les variantes dans les signes. La même impression se dégage des calendriers mayas, complexes, déroutants et même fascinants pour certains : 10% de la planète selon un sondage Reuters-Ipsos croient à 'la fin du monde' prévue par les mayas en 2012 !
La vision cyclique de destruction et de création nous apparait maintenant comme un aspect fondamental de la religion des Mayas, ce qui la rapproche peut être des religions nées à des milliers de kilomètres, en Inde à partir des Védas. La pratique de rituels complexes, les sacrifices et la mortification ne sont pas non plus une exclusivité de la religion ancienne des Mayas. Mais les sacrifices humains sur-représentés dans les vestiges Maya sont particulièrement difficiles à supporter. Et là il faut aussi se rappeler que l'évangélisation massive a probablement fait couler encore plus de sang humain.
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C'est un massif livre d'art, admirablement illustré, mais si lourd et si peu maniable pour la lecture qu'on aura besoin d'un lutrin pour le lire, ou d'une table sur laquelle se pencher. Contre-indiqué pour qui souffre du "Mal du Lecteur", la Lombalgie.
C'est un peu dommage car le texte de ce volume est au moins aussi intéressant que l'image. Pour nous, l'art maya, celui des stèles, des fresques et des sculptures, est inintelligible. A première vue, on se heurte à un fouillis de lignes et de formes entrelacées, d'où émergent quelques figures incompréhensibles : nos habitudes esthétiques de lecture de l'image, héritées de la Grèce et de l'Italie renaissante, sont complètement inopérantes ici, et il nous faut donc un texte explicatif qui nous montre clairement quoi voir, comment le voir, et comment reconstruire mentalement la scène représentée. Seule l'architecture est plus aisément concevable, car au moins nous sommes familiers des pyramides.
Les essais historiques alternent dans ce volume avec l'étude des représentations artistiques du sacré et du pouvoir. Nos connaissances de l'histoire maya sont floues, car elles dépendent uniquement des sources locales, rédigées ou fabriquées par un peuple pour qui l'histoire n'avait pas le même sens, ni la même importance, que pour nous. L'étrangeté de ce peuple précolombien est frappante : nous comptons le temps et tenons des annales comme les Babyloniens, concevons l'histoire depuis Hérodote, Thucydide et leurs disciples romains, comme une succession d'événements qui s'expliquent les uns par les autres. Il n'en est rien chez les Mayas.
L'étrangeté mentale et esthétique de cette grande civilisation fait toute sa difficulté d'accès, mais aussi -- la difficulté surmontée -- son exotisme et son étrange beauté.
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(Le déchiffrement de l'écriture maya). Knorosov ... possédait déjà une certaine expérience dans le maniement des systèmes écrits antiques et savait de plus qu'avec près de 800 signes, l'écriture maya ne pouvait être un modèle alphabétique où à chaque lettre correspond un son. Elle ne pouvait pas non plus être purement composée d'idéogrammes ou de logogrammes, car aucune langue ne saurait se satisfaire de 800 mots. Le nombre de signes évoquait plutôt celui des écritures antiques qui ne sont ni purement idéographiques, ni purement alphabétiques ni même purement syllabiques. Le cunéiforme sumérien utilise plus de 600 signes et l'écriture hiéroglyphique hittite se contente de 497 signes. Ces deux systèmes sont de ce fait comparables par leur structure qui combien idéogrammes et signes syllabiques.
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