AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BillDOE


Je reprendrai bien une portion d'Amérique profonde…
J - 3 mois, John Kaltenbrunner bien calé dans le ventre de sa mère ne sait pas encore que son père, Ford Kaltenbrunner, vient de mourir dans l'explosion d'un tunnel de la mine où il travaille. Sa mère, Mme veuve Kaltenbrunner, assiste l'esprit ailleurs à son enterrement. Il ne sait pas encore que lorsque la vie devient capricieuse, elle est capable de foutre en l'air une existence rien qu'avec une simple tornade. Il se doute encore moins de ce que la mauvaise fortune lui a réservé. Mais comble du paradoxe, il réalisera sans le vouloir le projet initié par son père, le chaos total, ainsi que sa vengeance personnelle auprès d'une église de « cul bénis » malveillants et envers la petite ville qui le voit naître, Baker « plouc ville », cité des « Trolls », «citrons » et autres « rats de rivière ».
Le roman de Tristan Egolf est la biographie d'un homme que la chance ne harcèle pas, bien au contraire. L'histoire a un arrière-goût de « La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole. On retrouve le même style d'anecdotes rocambolesques, la même fatalité et la confrontation incompréhensible entre le personnage principal et le milieu dans lequel il évolue.
Le style de l'auteur est parfois « faulknérien », de grands paragraphes d'une phrase avec moults énumérations.
La lecture est dense et croustillante bien qu'elle frôle parfois la confusion par l'effervescence d'éléments communs, de faits sans importance de la vie quotidienne, par le soucis de l'auteur de ne passer à côté d'aucun détail même insignifiant. Heureusement, le plus souvent la verve sarcastique de Tristan Egolf, son humour au vitriol sauve son texte de l'écueil de l'ennui. Pour exemple l'auteur écrit, parlant de John Kaltenbrunner qui s'adresse à Hortense, l'une des grenouilles de bénitier de l'église méthodiste : « Il se retourna vers le feu et annonça que, très bien, peut-être accèderait-il à sa demande absurde d'une discussion ouverte, en commençant par le fait qu'elle était la plus hypocrite péripatéticienne coprophile mâtinée de chienne en chaleur qu'il ait eu le malheur de croiser. Jamais, depuis le temps des cabarets clandestins à gin frelaté, aussi cupide maquerelle n'avait foulé les rues de Baker sous le masque d'une citoyenne respectueuse des lois. Elle était une imposture et une imbécile… »
Néanmoins, il y a quelques lourdeurs liées à des répétitions lors du passage du chaos apocalyptique qui s'abat sur la petite bourgade de bouseux primaires. le moteur de la narration toussote, devient poussif, mais pour vite repartir dans les tours vers une explosion surréaliste.
John Kaltenbrunner est la bombe « H » que Tristan Egolf lâche sur la petite communauté de Baker.
« le seigneur des porcherie » fait partie de ces oeuvres qui ont leur place à l'Elysée de la grande littérature américaine.
Après avoir présenté ce premier roman auprès de plus de soixante-dix maisons d'éditions américaines et essuyé autant de refus, Tristan Egolf part à Paris où il fait la connaissance de Marie Modiano qui le parrainera auprès des éditions Gallimart. « le seigneur des porcheries » est publié en 1998.
Traduction de Remy Lambrechts.
Editions Gallimard, folio, 607 pages.
Commenter  J’apprécie          706



Ont apprécié cette critique (68)voir plus




{* *}