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Le livre s'ouvre sur une scène de torture et se termine sur une exécution. Entre les deux, l'espoir démocratique fait long feu.
Il est très difficile de critiquer ce texte sur un plan littéraire. Il commence comme un roman sud-américain, dans un équilibre très réussi entre la farce et la tragédie. Mais très vite, l'auteur se fait chroniqueur et insère dans son livre des témoignages bruts; et de la littérature il ne reste que des trucs sans intérêt comme le cliffhanger qui clôt maladroitement chaque chapitre.
La chronique est passionnante et saisit les rouages de la dictature avec précision: les petits arrangements avec la conscience, la recherche désespérée de sécurité pour les plus démunis, la soumission de la femme, l'omniprésence de la religion, le rôle des médias... on voit comment un régime autoritaire s'accommode très bien de la mythologie révolutionnaire : le peuple avec nous, l'ideal transcendant au-dessus de nous et ceux qui ne sont pas avec nous contre nous.
Livre à lire, donc, passionnant, pertinent et utile. Mais loin du chef-d'oeuvre annoncé, il ne nous parle que de politique et non pas de la complexité humaine.
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Pour ma 200e critique (qui l'eut cru?) je suis ravie que cela soit avec un roman qui m'a impressionnée, émue et transportée. Et j'en profite pour remercier la mère Noël qui me l'avait si bien choisie.
J'ai couru vers le Nil est un roman choral, aux personnages éclectiques tant dans leurs âges, leur situation familiale, sociale et leurs valeurs et rêves. L'auteur a fait le choix de montrer une majorité d'Égyptiens qui représentent tous une partie de la population.
Deux parties dans ce roman, la première présente la situation qui amène aux rassemblements de la place Tahrir, à la Révolution et à la démission de Moubarak.
L'espoir, voire l'euphorie de certains de pouvoir changer le pays vers un régime démocratique est bien montré tout comme les peurs, ainsi que l'incompréhension des réfractaires.
Dans la seconde partie, Moubarak a quitté ses fonctions mais les élites politiques, militaires et économiques sont toujours présentes. Et elles n'ont pas l'intention de laisser leur place. C'est toute cette mécanique qui va alors être décrite de manière très fine à travers les différents personnages, leurs réflexions, dilemmes, marges de manoeuvres, croyances et choix.
Car comme on le sait, la Révolution en Egypte n'a été qu'une étincelle qui n'a pas entraîné les changements escomptés par les manifestants. La population, dans sa majorité, ne l'a en effet pas suivie.

La place de l'Islam, les décisions prises en fonction du Coran ou de l'interprétation de certains religieux sont aussi bien montrée, ainsi que la manipulation de la population par les médias.

Au vu des thématiques, je ne suis pas étonnée que cette oeuvre soit interdite dans son propre pays et suis d'autant plus impressionnée par le courage d'Alaa El Aswani de l'avoir écrite.
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Nourhane est présentatrice à la télévision, elle est prête à tout pour gravir les échelons mais comme toutes les bonnes musulmanes elle est une courtisane obéissante dans le lit de son mari de façon à étancher son désir et le fortifier contre le péché.

L'auteur nous décrit d'abord l'Égypte de Moubarak, un régime répressif et corrompu où tout le monde est surveillé par la sécurité. Une société arriérée, soumise à l'hypocrisie d'une religion où l'injustice est la règle. « Il est hors de questions d'épouser quelqu'un qui te soit inférieur, la Loi de Dieu l'interdit. »

Ensuite, ce sont les manifestations au Caire, à Alexandrie et dans d'autres villes, « La place Tahir est noire de monde, des Égyptiens ordinaires, de toutes les classes sociales, des femmes voilées, d'autres têtes nues. Ils sont prêts à changer le pays, à en payer le prix. On avait le sentiment que nous étions en guerre. »

L'ancien régime ne s'est pas rendu, il n'a sacrifié Moubarak que pour se maintenir, les forces armée alliées aux frères musulmans n'hésitent pas à lancer une guerre civile, insécurité généralisée, ouverture des prisons, libérations des criminels pour terroriser les Égyptiens, les convaincre que la révolution est un complot.
La répression est terrible, les témoignages de victimes des exactions, des humiliations, des tortures, se succèdent. « Mais par la suite, j'ai vu des tanks qui allaient et venaient, toujours aussi vite, en zigzag dans la rue. Quand ils voyaient un groupe de gens qui essayaient de s'enfuir, ils se précipitaient sur eux, montaient sur les trottoirs et les écrasaient… »

Bien entendu, l'auteur nous décrit, sans aucune censure toutes les horreurs commises, mais son écriture sait manier aussi l'humour pour nous raconter l'hypocrisie et la corruption du système, encouragée par les religieux qui ne sont pas les derniers à en profiter. Il sait aussi faire ressortir toute la sensualité de l'épouse qui comme la religion lui demande, fait tout avec son corps pour éloigner son mari de la tentation et du péché, ce sont vraiment des passages savoureux.

Une fin particulièrement triste où devant l'échec de ce soulèvement, la seule issue semble l'exil pour être une personne, alors que dans son pays on n'est plus rien. Un roman que j'ai trouvé très courageux, car l'auteur n'épargne pas ses critiques ni envers les hommes politiques civils ou militaires ni envers les religieux. À noter qu'à ce jour ce roman est interdit de publication en Égypte.

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Lors d'une interview, Alaa El Aswany a dit : "J'écris car la différence entre ce qu'on a et ce qu'on mérite est devenue insupportable. J'écris parce que je ne suis pas d'accord : je suis contre ce qui se passe, contre l'injustice, la dictature, l'extrémisme religieux, l'hypocrisie, la laideur, la corruption et l'oppression »
Ces dires sont encore une fois confirmés à travers son roman « J'ai couru vers le Nil »
Je trouve que c'est une histoire qui décrit l'Egypte comme personne avec une comédie de la société avec toutes ses hypocrisies religieuses et toutes ses corruptions
J'ai beaucoup aimé comment il nous a mis dans le contexte en composant tous ces personnages contrastés à travers le rôle du Général Aloauni, de sa fille Dania, le copte Achraf, l'enseignante Asmae, Nourhane, la présentatrice de télé et sans oublier le fameux prédicateur.
A travers tous ces personnages on arrive à suivre la progression de la révolution à travers les espoirs des jeunes, mais aussi à travers la théorie du complot exploitée par le pouvoir, et donc à travers la contre révolution coordonnée par les généraux.
C'est un roman bouleversant sur la révolution d'un peuple, les espoirs qu'elle a suscité, la répression terrible dont elle a souffert et toutes les frustrations face à l'injustice et à la corruption qui gangrènent la société égyptienne jusqu'au désespoir final.
On termine la dernière phrase du livre, le coeur serré avec un terrible désespoir !
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Ou comment naît et meurt une révolution. En janvier 2011, l'espoir grandit parmi les jeunes gens, filles et garçons, qui manifestent pacifiquement place Tahrir. Parmi eux, Asma, jeune enseignante et son ami Mazen, ingénieur à l'usine, ou encore les étudiants en médecine, Dania et Khaled, qui soignent les manifestants blessés. Achraf, acteur au chômage un peu désabusé, vit à deux pas de la place, et va sortir de sa torpeur pour leur venir en aide. Parmi les nombreux personnages du roman, se remarquent aussi Issam, ancien gauchiste, qui dirige la cimenterie Bellini, et sa femme Nourhane, présentatrice télé qui saura vite quel parti prendre pour parvenir à ses fins. Quant au général Alouani, il met en oeuvre tous les moyens, tous aussi antidémocratiques les uns que les autres, pour mettre fin à ce mouvement de contestation. D'autres personnages se révéleront au fil des événements, comme le père de Khaled, très courageux et émouvant. Les liens entre tous ces habitants du Caire apparaissent progressivement.

Ce roman choral a été, et est toujours, interdit en Égypte, ce qui se conçoit sans peine à sa lecture. Il démonte avec maestria les mécanismes à l'oeuvre pour étouffer toute velléité démocratique de la jeunesse : tir à balles réelles sur la foule, arrestations et détentions arbitraires, torture, intimidation, diffusion de fausses informations… Que peuvent des citoyens qui ne demandent que des droits parfaitement légitimes face à une telle répression ? Certes, Moubarak a démissionné, mais sa suite a été parfaitement orchestrée pour ne laisser aucune place à la démocratie, ni aux droits des femmes.
Impeccablement construit, ce roman fait une belle place aux personnages autant qu'aux idées. Je n'avais pas été emballée par L'immeuble Yacoubian, ni par J'aurais voulu être égyptien, ce qui explique que j'ai tardé à lire celui-ci. La forme du roman choral aurait pu desservir ou affadir le propos, alors qu'au contraire, ces personnages qui se croisent et se côtoient font de ce roman d'une révolution un texte fort et indispensable.
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Les révolutions arabes ont fait souffler un grand vent de liberté en 2011 dans le monde entier. Que ces pays prédisposés à l'obéissance, soumis à la loi islamique, se rebellent, c'était un signe fort, celui d'un véritable renouveau. Pourtant, aujourd'hui, les régimes autoritaires ont rétabli leur main mises sur les pays du Magreb. Alaa El Aswany nous explique, à travers un roman polyphonique grandiose, comment est née la révolution égyptienne, les espoirs qu'elle a suscité, et la répression terrible dont elle a souffert. Au-delà du mouvement révolutionnaire seul, il s'intéresse aux hommes et aux femmes derrière l'occupation de la place Tahrir, aux morts et aux blessés, mais aussi aux potentats du pouvoir, justifiant leur violence à l'égard des manifestants par des interprétations discutables du Coran et des hadîth.

J'ai couru vers le Nil n'est pas un livre sur l'Egypte, mais un livre sur les Egyptiens. Il nous éclaire sur le quotidien d'une famille, riche ou pauvre, corrompue ou honnête, dans l'Egypte de 2011, celle d'Hosni Moubarak. A travers les lettres d'Asma et Mazen, et les réflexions de chacun des personnages, c'est tout une prise de recul sur la société dans son ensemble que nous propose l'auteur. A force d'ironie et de caricatures, il exprime son mépris pour les hypocrites pratiquant une religion de façade leur permettant de sauvegarder leur statut social et leurs privilèges, au détriment de la liberté, de la justice sociale et de la démocratie participative. le général Alouani et Nourhane sont des exemples très réalistes des dérives d'une religion sans morale, où le port du voile et les prières quotidiennes suffisent à faire un bon musulman, même s'il torture, tue ou ment.

Un livre magistral à la rencontre de la révolution égyptienne, un récit atroce de réalisme sur les massacres et des humiliations perpétrées par le régime, et surtout un roman invitant à la réflexion sur les grands principes démocratiques que nous prenons pour acquis, sur les droits des uns et des autres et sur la religion, ses dérives et sa force.
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un roman choral qui évoque la révolution égyptienne 2011 avortée, moment de grandes espérances rapidement ridiculisée et déçues pour en arriver aujourd'hui à une situation qui n'a pas beaucoup évolué depuis les années Moubarak. Il y a un aspect documentaire dans le livre mais surtout une verve romanesque et une puissance d'évocation formidables. Un peu à la manière d'un Zola moderne, toutes proportions gardées. Certes, on pourrait taxer El Aswany d'un certain manichéisme dans sa galerie de personnages assez bien délimités entre acteurs et partisans de la révolution d'une part, et ses opposants, souvent proches du pouvoir, de l'autre. Mais la force du texte emporte tout et montre comment un élan populaire peut-être confisqué et comment une opinion publique peut être manipulée et trompée. Corruption, concussion, propagande : on connait les ingrédients par lesquels une dictature impose sa loi au plus grand nombre
Un livre considérable avec une plume puissante et fine .
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est la phrase que prononce une jeune fille égyptienne après avoir subi une fois de plus la répression et les violences sanglantes du pouvoir lors de l'éviction de Moubarak, en 2011.
Las de l'injustice et de la corruption du pouvoir des jeunes gens éduqués veulent entraîner les ouvriers et les plus pauvres à se rebeller, et c'est ainsi que commence la Révolution de la place TAhir.
Rebellion, répression, marquent ce superbe"roman"; Des destinées personnelles, des amours y apportent un regard romanesque, mais avant tout est expliquée la naissance d'une révolution, les retournements de la foule parfois alors que c'est pour elle que des milliers de jeunes, étudiants souvent se font tuer à bout portant sur la Place ou dans les rues.
L'aide aussi, apportée par des hommes à la situation assise, mais qui eux mêmes veulent se libérer du joug écrasant de leur civilisation.
On sent le malheur et le chagrin de l'auteur vis à vis de son pays, et on ne peut que comprendre après un tel réquisitoire que ce livre ne soit toujours pas diffusé en Egypte.
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Place Tahir, Place Tian'anmen...places de sinistre mémoire, dont chacun de nous se souvient.
Alaa El Aswany n'a jamais fait dans la dentelle, chacun de ses titres est une mise en accusation, celle d'un homme courageux, qui aurait pu se contenter de soigner des dents, de mettre des plombages, de se cantonner dans son métier de dentiste...
Non cet homme préfère témoigner et prend plaisir à dénoncer les maux de l'Egypte, l'islamisme, la corruption de ses hommes politiques, du pouvoir..
Ce titre, son plus récent à ce jour, a pour cadre les sinistres événements de la place Tahir de janvier et février 2011...où convergèrent plusieurs millions d'Égyptiens demandant plus de démocratie et de justice sociale. Ils souhaitaient pour cela qu'Hosni Moubarak le président égyptien corrompu et au pouvoir depuis 30 ans, quitte le pays.
Un pouvoir qu'il ne pouvait garder que grâce à la violence de ses sbires, soldats ou généraux vicieux pratiquant la pire des tortures, le viol et surtout corrompus jusqu'à la moelle comme tout le régime.
Alaa El Aswany met en scène divers personnages, parmi lesquels un général vicieux et sadique pratiquant la torture, des étudiants et étudiantes, un acteur, une présentatrice télé, un directeur de cimenterie, un chauffeur, une jeune femme professeur, une servante...mais il en a tant d'autres...Ce n'est qu'un aperçu de cette variété de points de vues, de rancoeurs, d'engagements, de courages ou de vices qui vivent ou répriment, un mal-être, un malaise, un soulèvement populaire allant jusqu'à sa répression violente et meurtrière.
Le livre est fait de courts chapitres alternant correspondances, points de vues, violences, rancoeurs accumulées, vices, engagements, pressions politiques.
Certains personnages sont attachants, du fait de leur courage, de leur pauvreté ou de leur droiture quand d'autres sont répugnants car vicieux, intéressés, violents, sadiques, âpres au gain ou au pouvoir, prêts à toutes les turpitudes pour conserver leurs acquis, leur place, leur pouvoir, leur fric.
Et puis il y a les jeunes filles, les jeunes femmes vivant sous un régime islamique et intégriste...on ne peut que les admirer et être révolté par leurs conditions de vie, par la "considération" qui leur est portée.
Le livre est dérangeant, violent et surtout courageux. le roman devient politique.
Oui, il en fallait du courage pour aller manifester sur cette place, pour revendiquer plus de justice, plus d'égalité et moins de violence, moins de corruption....la place se transformera en souricière quand les chars écrasèrent les manifestants, quand les soldats tirèrent, visant les yeux des manifestants...
Oui, il en faut du courage pour oser affronter et décrire par le menu un pouvoir corrompu, une justice qui ne fait pas justice, pour oser s'engager avec seulement une machine à écrire ou un stylo, pour oser décrire un système violent tuant ses opposants....oser prendre le parti des plus faibles, des plus pauvres, quand on pourrait se reposer derrière sa condition sociale.
Un livre indispensable.
Respect ! Monsieur Alaa El Aswany face à votre courage
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Le Caire hiver 2011, le désir de réforme gronde parmi le peuple égyptien. le pays, en effet, s'enlise dans la corruption tandis que la montée du wahabisme fait des ravages au sein d'une société qui était ouverte et tolérante. le nouveau roman D'Alaa El Aswany relate les derniers temps du régime dictatorial du président égyptien Hosni Moubarak à la tête du pays depuis 1981. A travers des personnages très touchants nous découvrons le désarroi d'une jeunesse sans avenir qui fera tout pour retrouver sa dignité. Un roman intense écrit avec la même force que le célèbre "immeuble Yacoubian".
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