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Critique de brigittelascombe


"J'étais sonné par la vitesse avec laquelle un monde peut changer."
Lakhdar, dont le prénom, donné par sa pieuse famille, porte le vert du Coran, se retrouve à la rue après avoir été surpris nu en compagnie de sa cousine Meryem. du jour au lendemain, ce jeune Marocain "sans histoire", ce "musulman passable" "avide de liberté", après avoir été SDF tel "un détritus vicieux esclave de ses instincts", revient sur Tanger et grâce au Cheick Nouredine devient libraire "du groupe pour la diffusion de la pensée coranique".
La librairie devient le QG du groupe durant le révolution de printemps.
Rejeté par les siens, manipulé avec son copain Bassam (devenu terroriste), après sa rencontre avec une étudiant espagnole Judit "plus belle que Cameron Diaz" et différents petits boulots de serveur pour une compagnie maritime à laveur de cadavres dans une entreprise de Pompes funèbres, il va fuir, sans titre de séjour mais sous mandat de recherche,vers Barcelone et sa Rue des voleurs.L'intérêt de ce roman outre sa trame historique( attentats au Maroc, victoire de l'islam en Tunisie et en Egypte,insurrection et grèves en Espagne) sur fond de violence et de haine, est de nous montrer que tout change d'un coup. Dans ce récit conté par Lakhdar devenu "l'intellectuel de la rue des voleurs", le lecteur se rend compte de l'obscurantisme qui rend aveugle des "hommes bien" (comme le père de Lakhdar)et pousse à la haine, ainsi que du fanatisme qui pousse à tuer. Lakhdar est écartelé entre son modernisme de jeune de vingt ans désirant de jolies filles et inscrit sur face-book et "l'océan" des beautés du Coran récité en vrille (son seul repère).Pris dans la tourmente de sa rage intérieure et de la mort qui le touchera de près,il y perdra son âme, se pensant courageux et se prenant pour l'un des "flics de romans noirs" qu'il a toujours rêvé d'être (telle est mon interprétation car je ne m'attendais pas à cette fin)
Est-il si facile de passer de la réalité à l'imaginaire, d'une paisible vie en famille au vide absolu? semble interroger l'auteur.
Mathias Enard, auteur habitué aux récompenses (La perfection de tir a obtenu le prix des Cinq Continents de la Francophonie, Remonter l'Orénoque a été adapté au cinéma, Zone a reçu le prix Décembre 2008 et le prix Livre Inter 2009, Parle-leur de batailles,de rois et d'éléphants a eu le prix Goncourt des lycéens 2010) obtiendra-il une énième récompense.
Je l'espère car Rue des voleurs est un beau portrait d'homme fragile cherchant désespérément l'amour et l'amitié, un roman fort, qui bouleverse, écrit de manière sobre et percutante à la fois!
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