AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,3

sur 359 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un roman riche en analyses entre l'art de peindre, la création...et la vie amoureuse, de couple , le mari, artiste-peintre et son épouse, son modèle, sa "Muse" et" Objet" de son inspiration...

"On lui avait déconseillé de peindre sa femme. ce serait dur pour leur mariage. Mais il avait commencé avant qu'ils ne soient mariés. (...) Et puis, même lorsqu'ils se disputaient, il était en paix quand il peignait Irène. Elle était là devant lui et il n'avait pas à se demander ce qu'elle en train de faire.D'ailleurs Hopper avait peint Jo, Rembrandt avait peint Saskia, puis Hendrickje. Wyeth avait peint Betsy et bien sûr Helga; Bonnard avait peint Marthe; il y avait l'immense et dévorant Picasso; de Kooning, Kitaj et Hohn Curtin avaient peint leurs femmes. C'était une façon d'atteindre l'autre essentiel, l'essence inconnue, et peindre était aussi un acte d'amour ébloui. "(p.41)


Arriverais-je un jour à lire Louise Erdrich... ? vous pouvez avoir une vraie curiosité pour un écrivain et que rien ne se passe comme vous le souhaitez, jamais...que les circonstances , vos propres réticences bloquent de façon continue...Que cela bloque toujours quelque part... Alors j'essaye de me dire, pour me consoler, qu'il fallait que le bon moment arrive !!...
J'ai commencé ce livre en 2012, l'ai pris et repris, en 2015... et je le
reprends en ce mois de juin 2019... en souhaitant l'achever cette fois...

Roman de qualité... nul doute là-dessus, mais pour la einième fois, j'abandonne... du mal à m'expliquer ces résistances... car tous les thèmes sont proches de mes curiosités... ??

Le style est plaisant, tonique, dense; les sujets tout à fait attractifs : Les Arts, les techniques picturales, les sources d'inspiration, l'ambiguïté et la complexité des rapports de couple, surtout lorsque l'un est peintre, et l'autre écrivain...la dangereuse tentation vis-à-vis de "l'épouse-modèle" considérée comme un objet d'étude, la possessivité du mari-artiste, son contrôle constant... qui semble avoir outrepassé, envahi le territoire intime de son "épouse-modèle."....

"Mais voici le plus révélateur: tu voudrais me posséder. Et mon erreur : je t'aimais et t'ai laissé croire que c'était possible." (p.24)

"Gil songea qu'Irène tentait peut-être de lui adresser un message en relatant et en dénaturant cette histoire. Lui volait-il quelque chose en la peignant ? Fabriquait-il une sorte de copie d'elle habitant une autre dimension que celle des tableaux ?
Avait-il mis tant de son être dans une image d'elle qu'il avait créée, qu'il
affaiblissait ou diminuait la "vraie Irène" ?" (p. 51)

Alors, pourquoi, cela ne fonctionne pas, pourquoi je ne parviens pas vraiment à m'immerger dans l'univers de Louise Erdrich ?.... Mystère ....
Sans doute, trop de digressions qui interrompent chaque fois
l'intrigue centrale; comme si j'étais "coupée dans mon élan "?

Surtout ne pas tenir compte de cette chronique inachevée... Je souhaite vivement que la prochaîne tentative soit la bonne, enfin, car je me sens fautive... sans pouvoir vraiment cerner la cause de mes "décrochages"!!!... le déclic finira bien par survenir, avec un autre état
d'esprit, un "lâcher-prise", je ne sais ?!!!


**** Une petite sollicitation envers les camarades "babéliotes", "Fans" de
Louise Erdrich... Quel serait le texte le plus significatif pour aborder
et se familiariser avec son univers ??!!

****Relecture partielle 15 juin 2019- abandonné le 10 juillet 2019
Commenter  J’apprécie          494
Ce n'est certainement pas le premier livre de Louise Erdrich qu'il faut lire si l'on souhaite découvrir cette auteure.
Irène est mariée à Gil, un artiste peintre de renom. Elle lui a servi de modèle depuis ses débuts. Ils ont trois enfants, Florian, Riel et Stoney. Elle tient un journal dans un carnet rouge que lui a offert Gil. Lorsqu'elle s'aperçoit qu'il le lit en cachette, elle décide de commencer un autre journal, celui-là dans un carnet bleu qu'elle range dans un coffre à la banque et de se servir du premier pour le manipuler, notamment en y consignant des aventures amoureuses imaginaires…
Si le prétexte à cette histoire avait pu susciter un quelconque intérêt, le tournant que lui donne Louise Erdrich le fait vite s'égarer et nous perdre dans des anecdotes ennuyeuses.
Il y a dans ce récit de nombreux points communs avec la biographie de l'auteure. Ainsi les trois enfants du roman, Louise Erdrich en a eu trois avec son mari Michael Dorris, l'instabilité psychologique de Gil et son suicide, il en a été de même avec Michael qui s'est asphyxié avec un mélange de drogues et d'alcool et bien d'autres similitudes.
« le jeu des ombres » est un peu comme une auto psychanalyse de l'auteur, une façon d'exorciser les faits marquants de sa vie. C'est plus un livre qu'elle a écrit pour elle-même que pour ses inconditionnels lecteurs et lectrices.
Je n'ai pas trouvé la « prodigieuse maîtrise narrative » de Louise Erdrich à travers cet ouvrage, dont la maison d'édition s'enorgueillit en quatrième de couverture…
Traduction d'Isabelle Reinharez.
Editions Albin Michel, Terres d'Amérique, 253 pages.
Commenter  J’apprécie          480
'Le jeu des ombres"est l'histoire intense, la montée en puissance glaçante, d'un drame familial et le naufrage d'un amour ;
Le roman s'ouvre sur une découverte :la narratrice se rend compte que son mari lit secrètement son journal de"couleur rouge".Elle décide de se venger et d'utiliser ce carnet profané comme une arme à seule fin de manipuler son mari tandis qu'elle écrit dans un"nouveau carnet bleu", son véritable journal intime.
Une troisième voix s'insère au sein de la double narration pour décrire avec acuité , finesse et maîtrise absolue les évènements qui jalonnent puis précipitent la rupture du couple.
Gil est un peintre célèbre grâce aux portraits qu'il réalisa d'Irène dans toutes les positions et à toutes les étapes de leur vie ;tandis que sa femme qui a arrêté sa carrière pour permettre à son mari de s'épanouir dans son art, n'en finit pas d'écrire une thèse sur "George Catlin, "peintre des Indiens d'Amérique" Ils ont trois enfants.
Gil, taciturne, exalté, charmant parfois, colérique et jaloux se persuade que sa femme le trompe.
Il y a de la manipulation dans ce double jeu mortifère,une vengeance qui couve entre ces deux êtres qui s'aimérent intensément.
Irène, perverse, haineuse, dissimulatrice, insaisissable, animée d'une rage maussade s'éloigne de plus en plus.
Leur union est fracturée, douloureuse, malsaine.
Ni les enfants, ni les souvenirs, absolument plus rien ne parvient à re-cimenter ce couple en état de guerre larvée, ces êtres brisés .
Cette narration à trois voix souligne l'ambivalence des sentiments qui mène au mensonge, à la violence, à l'indifférence glacée......
Ce naufrage familial est raconté avec une puissance et une virtuosité impressionnante .
Cette passion destructrice est décortiquée à l'aide d'une écriture nerveuse et efficace.
Le passage sur la rencontre avec la psy est jubilatoire.
La haine, la lassitude et la violence remplacent l'amour fusionnel.
Le dénouement est surprenant.Louise Erdrich avec "le jeu des ombres" joue au chat et à la souris avec le lecteur , détecte les fissures béantes d'un couple, traque la déliquescence des sentiments......
J'avais adoré "La chorale des maîtres bouchers".
Ce roman dérangeant, noir, à l'atmosphère pesante , lu d'une traite , me laisse un peu perplexe.

Commenter  J’apprécie          405
« Si Gil ne savait pas qu'elle savait qu'il lisait son journal, elle pouvait y écrire des choses visant à le manipuler. Et même à lui faire du mal. Elle se dit qu'elle commencerait par un simple essai, un hameçon irrésistible. »


Irrésistible, en effet, et Gil comme le lecteur n'hésiteront pas à s'accrocher à cet hameçon dont l'efficacité ne tient qu'à la curiosité de la victime. Alors que le poisson croit avoir tiré le gros lot, il ne se doute pas qu'en réalité il est lui-même l'objet d'une belle pêche qu'il précipite d'autant plus qu'il se pense seul maître à bord.


Irene vit en couple avec Gil depuis de nombreuses années. Leur relation se noue autour d'un lien de subordination : d'abord modèle pour le peintre que sera son futur mari, Irene a peut-être cru un instant que le don de son image ferait d'elle une personne à part entière, reconnue pour ses qualités propres. Il n'en est rien et alors que Gil peint son amérindienne d'épouse par amour-propre et pour la gloire, celle-ci se réifie peu à peu en devenant la chose du peintre. Ses origines amérindiennes deviennent objet de consommation artistique tandis que son identité se subordonne à celle de Gil : au cours des vernissages, et même auprès de son mari, il est préférable qu'elle continue à porter cette image de « panthère» qui lui sied si bien.


« Elle était élancée, grande, brune de peau, et ne savait pas s'exprimer. Un marchand d'art l'avait comparée à une panthère, ce que Gil avait répété des semaines durant, mais Irene avait aimé se croire séduisante, enfermée dans son silence, plutôt que muette et empruntée. »


L'ultime affront est reçu lorsqu'Irene s'aperçoit que Gil lit son « agenda rouge » au sein duquel elle note toutes ses pensées et réflexions. Pour s'amuser un peu, mais aussi pour catalyser une rupture qui devient chaque jour plus nécessaire pour Irene, celle-ci commence l'écriture d'un « agenda bleu », véritable journal intime dont Gil ne soupçonne pas l'existence, tout en continuant à rédiger les pages de son « agenda rouge », simulant l'ignorance qu'elle a des intrusions de son mari et ajoutant sciemment des paragraphes qui devront susciter le malaise et le doute chez son lecteur.


Bâtissant son roman autour de ce jeu de manipulation, Louise Erdrich met en place une ambiance malsaine, digne d'un polar dans lequel les coups de poignard se portent dans le dos. Derrière l'image publique d'un couple d'artistes fusionnel se cache l'image familiale –dont sont surtout témoins les trois enfants- de parents qui transforment la froideur de leurs sentiments mutuels derrière un simulacre de respect, pour ne rien dire de cette image intime du couple qui virevolte de l'amour à la haine sans jamais trouver le juste milieu. L'hypocrisie déborde de toutes parts : c'est celle de Gil qui étouffe sa famille de cadeaux pour se permettre de porter la main sur chacun de ses membres lorsque la frustration l'étouffe ; c'est celle d'Irene qui n'arrive pas à exprimer sa volonté de rupture autrement qu'en ayant recours à un jeu puéril ; c'est celle du monde artistique qui ne veut pas ouvrir les yeux sur l'exploitation de l'image d'une civilisation subordonnée aux impératifs commerciaux. Innocents parmi tous, les enfants essaient de démêler le vrai du faux parmi cette cacophonie de discours discordants. Si la manipulation et les non-dits semblent ne susciter que la haine et le dégoût chez Gil et Irene, elle devient terreur pour ces enfants perdus entre le vrai et le faux. Louise Erdrich ne les oublie pas et nous montre l'arsenal défensif déployé par chacun d'entre eux pour se blinder contre la violence du silence qui ne demande qu'à éclater.


C'est dans cette tension toujours soutenue que Louise Erdrich nous fait parcourir le Jeu des ombres sans que nous sachions jusqu'où les manigances d'Irene nous conduiront. Si les incursions dans les pages de ses agendas sont finalement peu nombreuses –elles constituent à peine un dixième du roman-, la narration à la troisième personne permet de balayer les psychologies de chaque personnage de cette famille silencieuse et de nous livrer des informations pertinentes sur la culture amérindienne, afin que nous puissions mieux comprendre le sentiment de dépossession d'Irene.


Même si l'on peut être déçu de voir que le jeu des agendas, mentionné comme élément moteur de cette histoire, n'occupe finalement qu'une place dérisoire dans le Jeu des ombres, l'aspect ludique du roman ne faiblit jamais un instant. On croit connaître la supercherie, on se prend d'amitié pour cette pauvre Irene, on commence à mépriser Gil… pour finir par se rendre compte que, pas mieux que lui, on s'est laissé prendre à notre tour au jeu de Louise Erdrich. le dénouement est surprenant –mais décevant- et se conclut dans une pirouette qui n'apporte rien à toute l'histoire dont on vient de s'imprégner. Pire, cette conclusion donne l'impression de réduire à néant les interventions d'Irene. Consolons-nous du mieux que possible : peut-être Louise Erdrich s'est-elle également fait piéger par ses personnages et se sera-t-elle laissée conduire par eux plus loin que prévu ? On imagine alors que sa conclusion bancale n'aura été qu'un moyen de se rendre à nouveau maîtresse de l'écriture de son roman, au prix d'une perte de fantaisie certaine.
Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          200
Elle c'est Irene, lui c'est Gil.
Lui peint, elle pose. Pour lui, exclusivement.
Elle l'obsède, il l'étouffe : entre eux deux l'issue semble inéluctable...

Pourtant jadis ils se sont aimés, longtemps la muse a transcendé l'artiste, mais qu'en est-il aujourd'hui ?
À l'heure où Louise Erdrich s'immisce dans l'intimité de ce couple à la dérive, que reste-il de cette passion ancienne ?
Quand, comment et pourquoi le chaos adviendra-t-il ?
À quel jeu (d'ombre) Irene joue-t-elle en tenant simultanément deux journaux intimes, dont elle sait que l'un est lu en cachette par Gil (le carnet rouge, celui qu'elle falsifie pour attiser la jalousie de son époux) ?

Autant de questions qui m'ont d'abord laissé envisager un drame tendu et addictif, mais qui hélas n'ont pas complètement produit l'effet attendu.
En lieu et place des deux personnages que j'espérais complexes mais dont je comptais bien réussir à décrypter les turpitudes, les rancoeurs et les ressentiments, l'auteur m'a plutôt proposé deux portraits relativement brouillons, deux êtres aux personnalités confuses mais pareillement détestables, qui tout au long du roman se sont livrés à un jeu malsain de manipulations, de vengeances et de coups bas, de vrais conflits et de fausses réconciliations sans qu'il me soit jamais permis, sinon de prendre parti pour l'un d'eux, au moins de pouvoir les comprendre, de saisir la nature exacte de leur relation...

Heureusement le style de Louise Erdrich, dont on m'avait plusieurs fois vanté les mérites, est à la hauteur de sa réputation.
La construction du récit, un brin déstructurée, mélange allègrement des fragments des fameux carnets rouge et bleu, des scènes de disputes entre Irene et Gil, des épisodes lointains de leur vie de couple ou encore des réflexions sur l'hérédité, l'ascendance amérindienne de la famille (thématique si chère à l'auteur !).
On y trouve enfin de jolis passages sur la peinture, et plus généralement sur le processus de création artistique, devenu peu à peu la source principale de l'affrontement permanent que se livrent les deux protagonistes ("Peu importait qu'Irene soit en colère. En fait, c'était mieux. Quand ils étaient heureux, quand Gil pouvait compter sur son adoration quotidienne, les tableaux semblaient virer à l'insipide. Il devait combattre le sentiment de satisfaction. Au fur et à mesure qu'elle s'éloignait de lui, les tableaux devenaient plus forts. le violent désir qu'il avait d'elle leur donnait vie. Dans ses tableaux, il mettait son chagrin, la nature insaisissable d'Irene, l'avidité de son étreinte, le rejet d'Irene, l'amertume de son espoir, la rage maussade d'Irene. Il avait pris conscience que plus leurs rapports étaient tendus, plus son travail en bénéficiait.")

Voilà dans les grandes lignes la teneur de ce roman pesant, qui offre une vision glaçante du couple, de l'incommunicabilité entre les êtres, des secrets que chacun dissimule et des soupçons mortifères qu'ils engendrent.
L'histoire cruelle d'un glissement de l'amour à la haine, une longue errance dans un no man's land d'indifférence entre deux blocs d'aigreur ("Gil avait un mur. Irene avait un mur. Entre les deux murs existait une zone neutre, intacte, une étendue sauvage où se trouvait tout ce qu'ils ne savaient pas et ne pouvaient imaginer sur l'autre [...] un espace semblable à la zone démilitarisée entre les deux Corées.")

Personne n'a tort, personne n'a raison, aucun des deux belligérants n'aura su me rallier à sa cause.
Malgré la plume efficace de Louise Erdrich, figure emblématique de la littérature américaine, j'ai fini par me désintéresser du conflit larvé entre Irene et Gil.
Un partout balle au centre, et en qui me concerne, fin de partie et retour aux vestiaires.
Commenter  J’apprécie          193
Un roman totalement déroutant qui prend comme point de départ le journal intime d'Irene, ou plutôt LES journaux intimes d'Irene, l'un dont elle sait qu'il est lu en cachette par son mari, l'autre qu'elle enferme dans un coffre à la banque, et où elle raconte la "vérité". Manipulations, quotidien frisant la folie (le mari, Gil, est un peintre violent, Irene picole, le tout avec des racines amérindiennes mal digérées), envies de divorce, portrait des enfants, voilà ce roman. Au final, le filon du journal intime est relativement peu exploité, c'est dommage. le rythme est lent et haché à le fois, assez déstabilisant.
Je ne saurais dire si ce roman m'a plu ou non, loin de m'ennuyer il m'a tout de même laissé une sensation de gêne, c'est assez violent psychologiquement je trouve. Mais très bien vu, très bien écrit, acéré à souhait !
Commenter  J’apprécie          190
Je ne connaissais pas Louise Erdrich avant de me plonger dans le jeu des ombres. Une plongée qui ne m'a pas franchement convaincue d'ailleurs.
Voici donc une histoire d'un couple en plein désamour, et qui se déchire. L'épouse, Irene, après avoir découvert que son mari lit son journal intime , va le manipuler en y introduisant des fausses vérités. Son mari Gil, un artiste suffisament reconnu pour faire vivre sa famille, n'arrive pas à lâcher prise et entretien un rapport malsain avec son épouse qui est aussi sa muse. le personnage masculin m'a d'ailleurs été franchement antipathique.
Une ambiance glauque,une histoire finalement pas très convaincante ont fait que je n'ai jamais vraiment accroché à cette histoire qui ne me laissera pas un souvenir impérissable . Dommage, car le postulat de base, cette manipulation de l'autre à travers un journal intime était intéressante...
Commenter  J’apprécie          182
Alors comme ça c'est un jeu ? Vraiment ? Bon ok on va voir ça, j'aime bien jouer moi aussi… du coup, avant de me lancer, j'aimerais bien connaître les règles du jeu, y'a moyen que quelqu'un m'explique ? Non ? Personne ? Je vois, ben c'est pas grave je vais me débrouiller toute seule, m'en fiche, même pas peur ^^

Voici donc les Règles du jeu :

Règle de base :
- Deux joueurs uniquement. Ce sont des personnages. Chacun joue un rôle.

Pour mieux incarner vos personnages, lisez ceci :
- Il est peintre. Elle est écrivain.
- Il gagne sa vie avec son art. Elle n'a achevé aucun de ses écrits.
- Il la peint avec acharnement. Elle fait la muse sans s'amuser.
- Ils sont un peu indiens dans le fond et américains sur les bords.
- Ils ont trois enfants, une maison et des chiens.

Mais aussi :
- Elle est alcoolo. Il est mégalo.
- Elle veut s'enfuir. Il la garde à vue.

Et surtout :
- Il est curieux. Elle est vilaine (enfin pas vraiment hein, disons que la nécessité la rend manipulatrice, je ne pense pas qu'il s'agisse de méchanceté, c'est un peu sa seule option).

Matériel nécessaire :
- Un carnet rouge.
- Un carnet bleu.
- Une bouteille de blanc (facultatif mais néanmoins recommandé).

Ah oui, une dernière règle :
- À ce jeu là, il n'y a pas de gagnant.

Nous y voilà, on a fait le tour du règlement, la partie peut commencer. le premier joueur écrit un truc dans le carnet rouge. le second joueur lit discrètement ce qui est écrit tout en essayant de faire comme s'il n'avait rien lu. le premier joueur a quand même la puce à l'oreille et se dit que le joueur deux agit comme s'il avait lu. Alors le premier joueur décide d'écrire un truc vraiment grave pour voir comment va réagir le deuxième joueur. le deuxième joueur relit discrètement le carnet rouge et paf, ça ne manque pas, il réagit forcément au truc grave. le premier joueur est donc fixé. Après, le premier joueur a la main, il peut écrire ce qu'il veut dans le carnet rouge et se garder le carnet bleu rien que pour lui - d'ailleurs entre nous, à vrai dire ce carnet bleu ne sert pas à grand chose dans le jeu. La bouteille de blanc, si, si vous avez pris cette option, elle, elle peut servir.

Alors voilà, au final, on pourrait croire que le premier joueur à gagné, mais rappelez-vous de la dernière règle : à ce jeu pas de vainqueur. C'est grosso modo ce que raconte Louise Erdrich dans ce livre. Elle nous montre aussi que parfois tel est pris qui croyait prendre et tout ce genre de trucs, vous voyez le topo.

Je crois qu'on en arrive au moment de mon dernier mot. Ben ce que je pourrais dire, c'est que si je devais jouer à ce jeu, je m'y prendrais autrement. Je pourrais dire aussi que si j'avais dû écrire cette histoire, j'aurais sans doute aussi fait les choses différemment. Oui, dommage, l'idée est super bonne à la base mais on ressort de là un peu frustré. Pas grave, je vais m'en remettre, ne vous inquiétez pas ;)
Lien : https://tracesdelire.blogspo..
Commenter  J’apprécie          174
Opération à coeur ouvert et au scalpel qu'offre Louise Erdrich, en décortiquant le couple en berne de Gil et d' Irene, leur mariage, leurs enfants, l'amour fusionnel, la violence, la lassitude, la haine.

Alors que leur couple se dégrade, Irene piège Gil, coupable d'indiscrétion en lisant son journal. Avec manipulation, elle décide alors de décliner son intimité en deux carnets miroirs, un faux pour lui, un vrai pour elle, deux facettes de vie pour une vie de famille, faite de bonheurs, de frayeurs, d' exaspérations, de petites choses du quotidien qui soudent ou fracturent.
Gil, exalté, possessif, jaloux et colérique, fait tout pour retenir sa femme, rageuse, perverse, haineuse, qui s'éloigne inexorablement.
A coups de vérités et contre-vérités, la guerre fait rage, prenant en otage les enfants, les amis, la psy ( passage savoureux! )

J'avoue avoir lu un peu en diagonale, aimant certains passages et m'ennuyant ferme sur certains autres. Sans doute que l'intimité d'un couple en crise m'intéresse peu, en m'imposant un voyeurisme improductif. Un livre mortifère pour une passion destructrice, un véritable naufrage familial raconté, disséqué avec une puissance narrative impressionnante.

Heureusement, on croise quelques toiles de maîtres comme un cadeau, au détour des pages.
Et bien sur, comme toujours dans les livres de Louise Erdrich, le rapport intime à ses racines amérindiennes.
Commenter  J’apprécie          161
Le jeu des ombres, par Louise Erdrich. Ce livre n'est-il qu'une histoire de manipulation au sein d'un couple, par l'intermédiaire de deux journaux intimes écrits par Irène, dont l'un est lu en cachette par son mari, Gil, – sauf qu'Irène s'en aperçoit et s'en servira pour le mener sur une fausse piste ? Il y a effectivement une manipulation mais le livre témoigne avant tout d'une crise conjugale dont les déterminants sont complexes, et d'une quête d'identité.
Gil et Irène sont tous deux des métis qui ont du sang indien et une certaine culture amérindienne, dont leur fille Riel se veut le prolongement intégriste. le couple revendiquent cette appartenance, elle les empreigne, mais ils se présentent comme des Américains bien intégrés. Gil est peintre et vit assez bien de sa peinture, Irène est son modèle, son égérie, il la peint de façon obsessionnelle, nue et dans des positions provocantes. Elle s'est longtemps prêtée à ce jeu, jouissant d'être ainsi possédée, mais finit par ne plus supporter l'emprise de cet homme qui s'emparé de son corps et vient de s'emparer de son esprit, en lisant son journal.
Dès lors, Irène a une idée en tête, divorcer, idée qui l'accapare entière, mais qu'elle ne peut mettre en acte, car Gil prend leurs enfants en otage. Surtout, il tient à son épouse. Ces deux tempéraments explosifs vont transformer leur amour en haine, jusqu'à la tragédie finale, à vrai dire un dénouement de la crise un peu artificiel.
Le livre est bien construit, subtilement mené, écrit non sans cruauté mais avec lucidité. Il lui manque peut-être une sorte d'utilité, un vainqueur en fait.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (660) Voir plus




{* *}