Je redoute que tu deviennes un souvenir, puis un souvenir lointain, puis un lointain souvenir.
A partir d'aujourd'hui, il n' a plus de premières fois. Toutes les premières fois que ce ne sera plus la première fois.
(Toute les premières fois que ce sera la première fois que ça n'est plus la première fois.)
Ou est il, le lieu de notre mort? Familier ou étranger, il nous attend quelque part. Ces deux question,s aujourd'hui posées sans peur, sans crainte, parce que ta mort me soigne de la peur de la mort : comment vais je mourir et quand?
Je me sens bien, parfois, dans ma tristesse, je m'y suis installé, elle me sert de refuge, de lieu de culte. Je l'alimente par exemple en relisant les messages de sympathie, textos, mails qui nous ont été adressés après ta mort. Geste primitif. Entretenir la tristesse comme l'on entretient le feu ( le foyer)
Il n'y a qu'une seule réalité, tangible,vérifiable, évidente. Une vérité toute simple, sans aspérité, sans possibilité de la commenter, de la contester. Tu es morte. Mes pensées sont incapables d'échapper à l'attraction de cet aimant. Tu es morte.
Nous ne sommes plus du même monde, nous ne sommes même plus du même temps.
On peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres, toute superstition n’est qu’un système de bricolage ou l’on gagne à tous les coups.
Quand l’histoire est finie, il faut l’écrire.
Désormais, seul ton passé a de l’avenir.
La mort de mes parents fut la dernière expérience de mon enfance. Comme ta mort est la dernière expérience de mon adolescence.