AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 110 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'Électre d'Euripide est très différente de ses consoeurs d'Eschyle ou de Sophocle. C'est à se demander si ces trois-là nous content la même histoire tellement la personnalité de l'héroïne semble différente.

Elle est plaignante et procédurière chez Eschyle, rebelle et guerrière chez Sophocle et... simplement humaine et désireuse du respect du droit chez Euripide.

D'ailleurs, dans toute la pièce d'Euripide, on ressent un soucis d'authenticité, de crédibilité, d'identification maximale du spectateur de l'époque avec cette héroïne. Oui, c'est une fille de roi, oui, elle était belle et désirable, promise à un somptueux avenir, et oui elle a chuté, oui, il lui arrive des misères, oui elle se retrouve tondue et à partager le quotidien d'un laboureur. Cela pourrait vous arriver à vous aussi.

C'est de cette manière-là qu'Euripide interpelle son public. Et son message pourrait être : savoir rester humble dans l'opulence et digne dans le dénuement. Électre ne réclame rien de plus que ce qui est juste. Bien évidemment elle espère le retour de son frère Oreste, l'ultime espoir de sa lignée, mais elle se résigne, elle essaie d'être une épouse correcte et une bonne maîtresse de maison car elle a de la reconnaissance pour ce mari paysan qui la respecte et qui est un homme droit.

On comprend bien que pour Euripide, la grandeur d'âme n'a rien à voir avec le montant des richesses ou la noblesse de l'ascendance. C'est quelque chose de plus intime, de plus équitablement réparti dans la population, comme semé à tous vents par les mains des dieux et nul ne sait jamais sur qui la magnanimité tombera.

Il en va évidemment de même pour Clytemesnestre, l'épouse maricide, et Égisthe, son nouveau mari, auteur de l'homicide contre Agamemnon, le père d'Électre et d'Oreste, qui l'un et l'autre, ne savent ni rester humbles ni appliquer la justice. Certes, vous profitez, l'un et l'autre de votre crime, mais rira bien qui rira le dernier. Ne vous êtes-vous pas mis sur le dos une grave faute qui vous a fait dévier du droit ? Alors qu'espérer de bon hors des rails de la Justice...

Signalons au passage qu'Euripide chahute gentiment mais surement son devancier Eschyle en ridiculisant le procédé d'identification d'Oreste par sa soeur. Chez Eschyle, Électre avait reconnu son frère grâce à une mèche de cheveux et une trace de pas. Euripide démontre que la couleur des cheveux n'est en rien un argument convainquant pour associer un frère et une soeur et de même que l'empreinte d'une semelle, déjà sur un sol pierreux, c'est moyen comme preuve, mais en plus, relier infailliblement la taille du pied d'une demoiselle à celui de son frère a quelque chose d'assez saugrenu. Bam ! Prend-ça dans les dents papa Eschyle ! Bon c'est vrai que le coup de la semelle, c'est le talon d'Eschyle...

Bien évidemment, pour le lecteur d'aujourd'hui, il est difficile de se représenter tout ce que le théâtre d'Euripide a de novateur, mais c'est justement en le comparant à ce qui se faisait à la génération d'avant (Eschyle puis Sophocle) qu'on constate toute l'étendue des bouleversements apportés.

Euripide modernise considérablement tant le propos que la forme. Il a quasiment créé les actes au théâtre. Il y a beaucoup plus de dialogues que de longues répliques chantées. À beaucoup d'égards, je considère qu'Euripide fait du théâtre là où Eschyle faisait de l'opéra. le propos est également plus dense et plus philosophique.

Pourtant, ce n'est pas ma pièce favorite d'Euripide, mais il demeure une pièce très correcte de théâtre antique qui satisfera tous ceux qui ne sont pas rebutés par les choses un peu anciennes. (En effet, Euripide, certains l'auront remarqué, c'est un peu ancien, ça frise les 2500 ans d'âge.)

Un grand classique de la tragédie grecque, très intéressante pour les comparaisons qu'elle permet avec les autres avatars d'Électre rescapés chez les autres tragédiens contemporains. Mais ce n'est bien évidemment qu'un avis, c'est-à-dire, bien peu de chose face aux vingt-quatre et quelque siècles du haut desquels cette pièce nous contemple...
Commenter  J’apprécie          703
Une tragédie « plate ». C'est très mal dit, mais c'est ce que je ressens après cette lecture – il faut dire que j'aime tellement la version écrite par Anouilh, que ma perception est sûrement biaisée. Par plate, je veux dire qu'il n'y a pas de passion violente, pas de grands sentiments. Oreste et Euripide veulent tuer leur mère et son amant, mais ils ne sont pas animés par la haine ou par le désir de vengeance. Non, ils veulent agir au nom de la justice et du droit, sanctionner l'assassinat de leur père, Agamemnon, le roi des rois. Ils sont donc guidés par la raison plus que par les sentiments, ce qui, pour moi, hôte la violence interne dans le coeur des personnages dans une tragédie. Par conséquent, j'ai ressenti peu d'empathie pour eux, même pour Electre, pourtant le personnage éponyme, car ils ne pensent qu'au devoir
La pièce est écrite pour être jouée devant les citoyens athéniens, et elle leur présente donc un modèle de bon citoyen, de citoyen exemplaire même, en la présence du laboureur : il honore les dieux et les ancêtres, suit les lois de la cité, vit de façon humble mais honnête. Et, surtout, il reste à sa place : il travaille la terre et accepte sa condition qui lui permet de se nourrir, il ne cherche pas à s'élever socialement ni à se mêler des affaires des puissants. Il en est d'ailleurs récompensé à la fin.
En ce qui concerne la fin, j'ai d'ailleurs trouvé que l'intervention des Dioscures – Castor et Pollux devenus des dieux, était vraiment un deus ex machina, ou, plutôt, en des termes plus modernes, comme la bande-annonce du prochain épisode d'une série : ils annoncent à Oreste ce qui va lui arriver, sa crise de folie poursuivie par les Euménides, ces déesses infernales, puis son procès pour matricide, puis sa rédemption. C'est ce qui m'intéresse le plus, et qui n'est pas traité ici. Il faudra que je lise la tragédie d'Oreste par Euripide alors.
Commenter  J’apprécie          50
Si on ne l'a ni lu, ni étudié, il n'est jamais trop tard pour lire ce "classique".
D'ailleurs il faudrait les lire ou relire tous. C'est la base pour 'une personne cultivée.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (923) Voir plus



Quiz Voir plus

Devenez très fort en citations latines en 10 questions

Que signifie Vox populi, vox Dei ?

Il y a des embouteillages partout.
Pourquoi ne viendrais-tu pas au cinéma ?
J'ai un compte à la Banque Populaire.
Voix du peuple, voix de Dieu.

10 questions
543 lecteurs ont répondu
Thèmes : latin , Citations latines , antiquitéCréer un quiz sur ce livre

{* *}