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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bienvenue à VengeanceLand !
Votre mère et son amant ont assassiné votre père ? Vous et votre frère voulez le venger en assassinant les deux mécréants ? Ne vous gênez pas ! Voici ici révélé le mode d'emploi. Attention, une fois l'objectif atteint il vous sera réclamé un paiement… pas forcément à votre goût.

Alors la mère c'est Clytemnestre, l'amant Égisthe, le père Agamemnon, le frère Oreste et bien sûr, « vous » est Électre. Ah, le joli monde des Atrides ! On a parfois l'impression qu'ils ont pour devoir divin de s'entretuer et qu'il ne doit qu'en rester qu'un à la fin. Et je ne suis pas si loin de la vérité en parlant de devoir divin : la moitié des effusions de sang des Atrides est ordonnée par les Dieux.
Si Clytemnestre veut éliminer son mari, c'est qu'Agamemnon a fait tuer leur autre fille Iphigénie pour que les Dieux accordent le droit de passage aux Grecs afin d'aller bouffer du Troyen. Une raison aussi valable que celle de sa fille de la tuer elle. Euripide n'hésite pas à confronter les deux femmes dans une scène qui ressemble à un procès officieux où Électre ferait office de procureur et Clytemnestre d'avocat/accusée. Clytemnestre est-elle coupable ou bénéficie-t-elle de circonstances atténuantes ? le but du jeu est de permettre au jury de spectateurs de peser les actes et de se construire une conviction en son for intérieur. Moi j'aurais tendance à être de son côté.

Le même questionnement peut se faire sur le cas Électre - spontanément son comportement jusqu'au-boutiste me fait diriger le pouce vers le bas ; en revanche il n'y a pas photo pour Oreste : Apollon lui a ordonné d'assassiner sa mère et son amant, donc acte.

Euripide emballe cette belle petite tragédie avec des rubans de différentes couleurs. Il profite du choeur pour raconter des mythes assez éloignés de l'action présente comme la description des armes d'Achille ou l'histoire d'Atrée et Thyeste ; cela change des pleurnichailles habituelles. Il s'adresse directement à ses spectateurs en leur assénant des vers moralisateurs (à deux balles souvent, mais bien écrits) et il n'hésite pas à glisser son opinion sur des sujets d'actualité (l'expédition de Sicile, on est en pleine guerre du Péloponnèse) ou à casser son prédécesseur Eschyle en ridiculisant les arguments que ce dernier employait dans sa propre version d'Électre (les Choéphores).

Seule ombre au tableau, l'insistance constante du traducteur (dans ma version, Victor Henri Debidour) à relever les incohérences dans les arguments prêtés aux acteurs. Cela casse un peu la magie.

Je ne peux pas encore comparer cette Électre à ses copines d'Eschyle ou Sophocle, voire de Giraudoux. Cela viendra… un jour.
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À force de découvrir toutes les tragédies grecques (l'intégralité des oeuvres conservées d'Eschyle et de Sophocle et une bonne partie de celles d'Euripide), je pourrais avoir le sentiment d'aborder ces drames comme un spectateur athénien du Ve siècle av. J.C., c'est-à-dire en connaissant bien les légendes et les mythes qui les fondent et, ainsi, cherchant avant tout à retrouver des personnages et des récits familiers, attendant de revoir le même crime, la même vengeance ou les mêmes lamentations. Comme un mélomane écoutant divers interprètes jouant la même pièce, on se plaît aux comparaisons, aux fidélités et aux écarts du dramaturge face au mythe. Euripide présente le matricide des derniers Atrides avec beaucoup de liberté par rapport aux versions des deux autres tragiques. Nous ne sommes plus devant le palais, mais en campagne chez un modeste laboureur, époux d'Électre désigné par Égiste pour rabaisser la condition de sa belle-fille. Il centre également son action sur Oreste et sa soeur, appuyant sur le désir impérieux de venger la mort d'Agamemnon. Électre est montrée comme assoiffée de sang. Clytemnestre et Égiste sont très effacés, simples jouets crédules des plans vengeurs des frère et soeur. Enfin, si Euripide semble soutenir la loi du talion pour Égiste, le matricide est au contraire présenté comme un acte impie et abominable.
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Cette pièce pourrait être excellente si elle se terminait une quinzaine de pages plus tôt. Hélas, les apostrophes aux cadavres d'Egisthe et de Clytemnestre, ainsi que la venue de Castor et Pollux, frères de la Tyndaride, anéantissent le tragique du mariage forcé d'Electre et de la préparation de la vengeance des enfants d'Agamemnon. D'autant plus qu'Euripide fut prolixe sur le sujet : Iphigénie à Aulis (sur le sacrifice), Iphigénie en Tauride (où il nous apprend qu'elle réchappa au sacrifice et fut remplacée par une biche), Oreste (poursuivi par les Euménides et condamné à errer après le meurtre de sa mère) et enfin Electre. Il est donc parfaitement inutile que Castor fasse l'article sur la peine encourue par Oreste pour son matricide...
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Un sommet du theatre antique a deguster sans moderation par un maitre absolu : a lire etr elire !
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