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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce genre littéraire majeur au Brésil depuis l'avènement d'une littérature nationale au XIX iéme siècle, voici quinze nouvelles d'une des grandes voix de la littérature brésilienne contemporaine. Afro-brésilienne, née elle-même dans une favela de Belo Horizonte (Minas Gérais) , Conceicao Evarista nous raconte la violence, la peur, l'incompréhension, les sanglots contrecarrés par les plaisirs du corps et les gestes d'amour, des femmes, des enfants et des hommes d'un milieu aux marges de notre société.

Émouvant,
Les yeux d'eau des mères,
La rose d'Ana qui s'ouvre posthume dans une bouteille de bière remplie d'eau,
Le dernier vol de Duzu et les larmes de sa petite fille,
Terrible,
Le destin de Maria,
Les enfants de Natalina,
L'amour interdit de Salinda,
La vignette de la fillette-fleur fatale de Zaita,
L'attraction fatale pour la crèche de Noël de Lumbia.....

Beaucoup beaucoup de larmes, de misères dans les nouvelles de Conceicao Evarista, pourtant quelle poésie, quelle sensibilité.....On croirait presque qu'elles ou ils sont heureux et pourtant....Ils ou elles ne sont encore que des enfants dans leur premier "lit de jouissance" au beau milieu d'un terrain vague, dans la rue à la suite d'un gagne-pain, que suivent les grossesses à la pelle, les enfants abandonnés, les violences sexuelles, et la Mort. Destins cruels amortis par la prose magnifique et le regard plein d'amour, de tendresse et de douceur qu' Evarista porte sur ses personnages.
Un grand merci à mon amie babeliote visages.

"Je sais que pas mourir ne signifie pas toujours vivre. Il doit y avoir d'autres chemins, des issues plus douces."
"Écrire , c'est une manière de saigner."
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Dans ces quinze nouvelles Conceiçao Evaristo nous plonge dans le monde des favelas au Brésil et s'attache aux visages des femmes qui peuplent cet univers marginalisé.

Le fil conducteur qui relie tous ces textes est l'eau. L'eau des larmes, celles de l'émotion et celles de la peine, l'eau de l'océan immuable, l'eau qui émane du corps humain et en révèle sa vulnérabilité. L'eau comme métaphore du cycle de la vie car c'est bien le cycle de la vie dans les favelas que l'auteure retrace dans ce livre. Tout commence par la jeune fille, la femme et la mère en devenir, sa découverte de la sexualité dans un monde où la contraception n'existe pas. Puis les enfants, qui arrivent trop tôt, trop nombreux, qui prennent l'habitude de ne pas manger à leur faim, de ne voir que leur mère, de vivre au milieu des coups de feu. Ces fils, prêts à tout pour sortir de la favela, dédale inextricable de misère et de violence qui finit toujours par les retenir, le corps criblé de balles.

A la fin seules les femmes restent, avec leurs yeux d'eau car toute leur vie est marquée par les larmes. Les larmes d'espoir qu'elles versent quand elles mettent au monde un enfant, signe d'un nouveau départ, les larmes qu'elles ravalent à force de fatigue, de travail arrassant et de misère, seules à élever leurs enfants et les larmes intarrissables quand elles les voient mourir.

Comme l'océan qui flue et reflue, la vie des femmes pauvres des favelas se répètent inlassablement.

La plume de l'auteure est très douce, empreinte de mélancolie. Elle illustre l'état d'esprit brésilien, il n'y a pas lieu de s'affoler, tout passe. Elle recourt souvent à l'image et il en ressort une certaine poésie comme sa propre mère qui attrapait les nuages pour nourir ses filles affamées.

La vie dans les favelas est dure, celle des femmes en particulier mais le rythme imposé aux textes fait penser à un petit cours d'eau qui avance quoiqu'il arrive. C'est tantôt doux, tantôt chaotique.

Certaines nouvelles m'ont plu plus que d'autres comme « Ses yeux d'eau », « le jogging de Cida » ou « Nous décidons de ne pas mourir » qui est selon moi la plus représentative mais toutes laissent une petite trace des femmes qu'elles évoquent.

Je remercie Babelio et les éditions Des femmes Antoinette Fouque pour cette découverte.
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Je reviens tout juste d'un voyage littéraire parmi les favelas brésiliennes, à la rencontre de quinze nouvelles, comme autant d'histoires écrites par Conceição Evaristo, une auteure afro-brésilienne qui, elle-même, a grandi au coeur d'une favela, à Belo Horizonte.

La première d'entre elles, qui donne son titre au recueil, est un hommage empli de poésie à sa mère. Maissi l'écriture reste très belle, dès la deuxième nouvelle nous plongeons à deux pieds joints dans l'extrême précarité, avec sa faim qui ronge, le sexe et la violence qui, de manière plus ou moins explicite, seront le fil conducteur tout au long de notre lecture.

Ana Davenga, Duzu-Querença, Maria, Natalina, Salinda, Luamanda, Cida, Zaíta, di Lixão, Lumbiá, Kimbá, Ardoca, Dorvi, Bica, Ayoluwa… A chaque fois, c'est un autre personnage, une autre histoire, avec le point commun que, pour la plupart d'entre eux, ils sont descendants d'esclaves, et semblent encore en subir les conséquences. Ils sont en tout cas tous afro-brésiliens, et, en empruntant des chemins qui leur sont propres, tentent, chacun, de s'évader,
sortir, quitter cette noirceur qui est leur quotidien.

Ce fut une lecture tout en contraste, à la fois bercée par les mots et la prose poétique de l'auteure (même si je n'ai pas lu ce livre en version originale et ne peux donc pas l'affirmer de manière sûre, je pense que le travail de traduction effectué par Izabella Borges a également toute son importance dans la beauté du texte), et à la fois malmenée par la violence, les décès,
la misère profonde, qui émaillent tour à tour les différentes nouvelles. La fatalité semble être la norme, et le caractère sombre qui plane au fur et à mesure des pages fait prendre conscience de la brièveté et de la fragilité de la vie lorsqu'on n'a pas la chance de grandir au bon endroit.

Tout mon respect en tout cas à Conceição Evaristo pour le travail de mise en lumière et de mémoire, en ce qui concerne l'esclavagisme au Brésil et ses conséquences toujours si fortes actuellement. C'est une rencontre que je retiendrai.
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