A une époque, j'aurais donné n'importe quoi pour qu'elle s'endorme sur mon épaule. J'aurais senti son parfum, ses cheveux. Et puis bien sûr son odeur, la sienne à elle. Aujourd'hui, il ne me reste presque rien de tout ça. Pourtant, nos coups de fil, et les rares fois où nous nous verrions pendant l'année qui arrivait seraient probablement les seuls instants où je me sentirais vivant, où je n'aurais pas peur de mon ombre et de ce qui m'arriverait demain. (p.99)
J'ai marché dans les rues à peu près toute la journée, en regardant les traces des choses, celles laissées par les gens dans des endroits que je connais par coeur, comme si j'étais venu pour visiter. J'ai pris quelques photos. De retour chez moi j'ai fait le ménage à fond, comme un vieux célibataire. Il n'y avait aucune raison que je trouve du courrier dans ma boîte, pourquoi suis-je quand même descendu vérifier ? Pourquoi ai-je encore voulu faire semblant ? (p.51)
ils devenaient vraiment très vieux, ses chers parents. Il était content de partager ces journées avec eux, mais au bout d'un moment, il fallait qu'il s'en aille parce qu'il en avait marre de se sentir leur enfant. Un vieil enfant. (p.92)
Alain a peur de ne plus exister du tout, à Paris, où il a passé près de soixante ans de sa vie. Il vient sans doute aussi pour régler des comptes avec lui-même, et, comme chacun d'entre nous, avec les disparus auxquels on n'a pas assez parlé. (p.25)
Ca m'a pris un soir comme ça, l'angoisse de n'avoir servi à rien. Je l'ai sentie dans mes épaules, dans ma nuque, par la fenêtre de la cuisine quand elle m'a saisi, les arbres étaient à peu près complètement dénudés. (...)
J'ai eu un peu peur ce soir-là. Tout ce temps passé, qu'est-ce que j'en avais fait ? Pourquoi m'étais-je trompé à ce point-là ? (p.64)
Des gens que nous avons connus, nous tenons des trésors. Ils ne savent pas qu'ils nous les ont donnés et nous-mêmes l'ignorons, la plupart du temps. (p.13)
Souvent, j'espère plus dans la nuit que le matin, est-ce à cause de la lune ou la faute du soleil ?
p 228
J'ai rencontré Hélène Almeida à la Madeleine, pour l'expo de Suzanne Valadon et de Maurice Utrillo, fils de la susnommée, et en prime roi des clodos.
p180
Même si je vis seul, il me semble que je joue un rôle, sauf qu'il n'y a personne pour me donner la réplique, aucune indication de mise en scène.
p 16
Elle a souri comme au poker, sauf que je n'y ai jamais joué.
p260