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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux jeunes des favélas de Porto Alegre travaillent comme rayonnistes dans un supermarché. Pedro vit dans la misère avec sa daronne, Marques de même mais avec une épouse, un gamin en bas âge et un en route.
Pedro , lecteur vorace , aime «  naviguer sur l'âme des autres ». Ayant lu quelques bricoles de Marx il prêche ses présumées théories sur le travail , à Marques. Ce dernier en admiration devant ces prêches se laisse convaincre à devenir riche par tous les moyens ! Les voici embarqués dans la quête du fric dont le chemin le plus court passe par la drogue. Pour le caillou et la poudre ayant l'obligation d'intégrer un gang , ils choisissent de vendre de l'herbe pour pouvoir travailler en solo , tranquille ! Mais en sera-t-il vraiment le cas ? Surtout que les deux compères ne partagent pas au départ la même éthique du gain 😊! de rayonniste à l'homme de l'herbe , un présent meilleur que le passé ? Un avenir meilleur que le présent ? Je vous laisse découvrir l'histoire jubilatoire des deux compères & Cie….

Une satire grinçante de l'injustice et inégalités sociales et économiques au Brésil , balloté entre socialisme débridé et fascisme barbare,aux mains de politiciens enfoirés, corrompus jusqu'à la moelle. L'histoire se passe en 2009 à l'époque de la présidence de LuLa, qui condamné par la suite en 2017 à 9 ans et demi de prison pour blanchiment d'argent et corruption et sorti de prison après 1 an et demi se représente actuellement à l'élection présidentielle avec de fortes chances de gagner suite à l'autre enfoiré de Bolsanero . Apparemment le Brésil est en grand manque de politiciens correctes et malheureusement l'egalité sociale et économique n'est pas pour demain. L'auteur lui-même issu des favélas , parlant d'un coursier d'un baron de la drogue exprime son amertume dans ces termes ,”Il était heureux et satisfait de sa vie : sa dignité et son estime de soi atteignaient des niveaux que le travailleur honnête ne connaît malheureusement pas au Brésil.”

J'ai beaucoup aimé cette contre-histoire où les personnages essaient d'acheter leurs libertés et leurs dignités à travers la délinquance, et ont l'air tellement humains, inoffensifs. J'ai adoré les théories, la logique et autres plans et calculs de Pedro et les réactions de Marques à ceux-ci, «  Il trouvait effarante la capacité de son ami à exposer une aberration pour, dans la foulée, la façonner, la positionner, l'orienter sous l'angle exact qu'il fallait pour qu'elle ne ressemble plus du tout à une aberration mais à un aspect banal de la réalité ». J'ai compati avec ces habitants des favélas , qui viennent au monde absolument invisibles, qui y habitent absolument invisibles et qui en disparaissent absolument invisibles !
Sous le masque de l'humour une histoire au fond tragique , un brillant premier roman !

« Certaines choses n'arrivent qu'au Brésil, et l'inventivité du peuple brésilien aura toujours de quoi surprendre….. Dans ce cirque, néanmoins, la prétendue magie ne vire pas toujours à la farce : il arrive que le truc marche réellement. »

Merci infiniment aux Éditions Métailié et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre charmant.
#supermarché #NetGalleyFrance !
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°°° Rentrée littéraire 2022 # 23 °°°

« J'ai déjà passé trop de temps dans ce dilemme à la con de devoir choisir entre être bandit et être esclave. J'ai déjà ramé trop de temps à contre-courant. Basta ! C'est le moment de kiffer un peu les bonnes choses, moi aussi je suis un enfant de Dieu. »

Comment survivre et sortir de la misère quand on vit dans une favela, qu'on aime lire Marx et qu'on n'a plus rien à perdre ? Pedro et Marques, habitants des favelas du Sud de Porto Alegre, sont rayonnistes dans un supermarché. Ils veulent devenir riches, à tout prix. Alors se lancent dans un trafic de marijuana, histoire de briser définitivement le cycle de pauvreté à laquelle leur famille est condamné en respectant la loi. Pedro a lu tout Marx dans les trains bondés qui le mène chaque jour de sa favela jusqu'au taf et vice versa. Oo la lecture comme porte d'entrée à la non-aliénation par le travail.

Dès les premières pages, on sent qu'on va passer un bon moment en compagnie de ce duo à la Don Quichotte / Sancho Pancha. José Falero a l'art des dialogues, vifs, drôles, bavards comme dans un Tarantino, notamment grâce au formidable personnage qu'est Pedro : cultivé et éloquent, il a mis au point toute une rhétorique pour expliquer son plan à ses comparses à coup d'explications très didactiques actualisant le concept marxiste de lutte des classes dont il est fan, sous le regard admiratif de Marques qui voit sa propre révolte intérieure ainsi fabuleusement décrites. On se marre encore plus lorsqu'il applique les théories communistes au fonctionnement de sa start-up de deal.

José Falero, né dans les favelas, une trajectoire d'écrivain particulière puisqu'il a arrêté l'école à quatorze ans, sait de quoi il parle. Tout sonne juste mais sans les clichés même si la violence, les gangs et la drogue sont des curseurs stéréotypés des favelas. Derrière la fantaisie des dialogues et du plan pour s'enrichir, c'est toute la violence sociale du Brésil qui est surgit, avec ses inégalités abyssales qui voient des travailleurs pauvres éternellement assujettis et désespérés de voir toute possibilité d'amélioration honnête leur être interdite.

Non, nous dit Falero, au Brésil, on ne peut devenir riche sans commettre un crime ou gagner au loto. Et ça fait du bien de lire un bouquin avec du fond, drôle et provocateur pour parler du Brésil contemporain, sans langue de bois ni moralisation lourdingue. Vraiment très réussi !

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Bandit ou esclave ?

Dans une favela près de Porto Alegre, Pedro a choisi la voie de la légalité en travaillant dans un supermarché. Son travail sous-payé le raméne à une condition d'exploité. Esclave, il décide d'emprunter le chemin du banditisme mais en appliquant les principes marxistes...

Une incroyable odyssée tout autant politique qu'attachante pour les personnages décalés, mais qui gardent les pieds fermement arrimés sur terre, qui peuplent ce roman hors-norme.

Un bémol toutefois sur la traduction assez étrange : l'action se passe en 2009 et l'on trouve à foison des expressions très (trop) actuelles comme "genre" ou "en vrai", et d'autres complètement désuétes pour l'époque comme "vieille branche". Pour "genre" j'ai un petit doute, mais "en vrai" personne ne disait ça il y 13 ans...
Ça ne gâche tout de même pas trop le plaisir de lecture de ce roman déjanté et jubilatoire !
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A Porto Alegre, Pedro et Marques, deux jeunes hommes issus des favelas, travaillent comme rayonnistes dans un supermarché. Pedro vit avec sa mère, et Marques avec femme et enfant (plus un deuxième en route), dans des bicoques délabrées. Leur travail sous-payé ne permet pas à ces esclaves post-modernes d'espérer autre chose que de gagner tout juste de quoi se nourrir.
Mais Pedro a un plan pour sortir de cette pauvreté crasse qui lui colle à l'avenir. Imprégné de ses lectures autodidactes (dans le bus à l'heure de pointe) de Marx et consorts, il n'est que trop conscient de sa condition d'exploité, et rêve d'argent et de train de vie confortable. A force de rhétorique et de raisonnements acrobatiques mais imparables, Pedro parvient à convaincre Marques d'embarquer dans son projet, qui au final s'avère aussi amoral qu'efficace. Jusqu'à un certain point. Jusqu'à ce que la rentabilité de leur petit bizness suscite la convoitise de gangsters d'un autre calibre.

« supermarché » est un roman truculent et plein d'humour, mais qui fait cependant rire jaune, parce qu'il projette une lumière crue et impitoyable sur la misère et la violence des favelas brésiliennes, et plus largement sur les inégalités sociales et économiques et la corruption endémique dans ce pays dit « émergent ». Un pays dans lequel les travailleurs honnêtes n'arrivent pas à s'enrichir, ni même à vivre décemment : « il [un livreur de drogue] était heureux et satisfait de sa vie : sa dignité et son estime de soi atteignaient des niveaux que le travailleur honnête ne connaît malheureusement pas au Brésil ».
José Falero, lui-même issu d'une favela, sait de quoi il parle, et il le fait rudement bien, avec un art consommé du dialogue, des personnages attachants, une intrigue bien construite et qui entretient un certain suspense. Jubilatoire et dramatique, « supermarché » est un premier roman remarquable.

En partenariat avec les Editions Métailié.
#supermarché
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Imagine un supermarché, aux abords des favelas. Dedans, deux rayonnistes qui triment toute la journée. Pourquoi ? Pour un salaire de misérables. A la fin du mois comme à la fin de la journée, ils n'ont même pas assez pour vivre normalement. Je ne te parle pas encore de richesse, juste de décence. Simplement vivre en fonction du travail fourni. Pedro, alias le Marx de Porto Alegre, a une idée bien précise de ce que doit être le travail, surtout son égalité autant des tâches que des gains. Il y a les bourgeois d'un côté, les pauvres de l'autre. Mais si tu réfléchis bien, le bourgeois ne veut devenir qu'encore plus bourgeois, et le pauvre ne rêve que de devenir un jour bourgeois et écraser ainsi à son tour les pauvres de son argent et de son pouvoir. Mais pas Pedro. L'égalité, avant tout. Y compris dans le partage des profits. Salauds de bourgeois. Salauds de pauvres !

A partir d'un discours à la Karl Marx, Pedro et Marques vont se mettre à la vente de la Weeds. Un peu à l'image d'un Walter White et d'un Jesse Pinkman dans Breaking Bad. Vendre juste ce qu'il faut, pour gagner un peu plus, en travaillant un peu plus. le travail à son juste salaire. Et parce que le marché est là, j'ai étudié le marketing de l'herbe et la vente de cette dernière est quasi absente des favelas. Les acheteurs traînent dans les favelas, le regard vide ou le sourire hilare mais les vendeurs eux préfèrent fourguer de la cocaïne, rapport prix/stock.

Beaucoup d'humour et de dérision dans ce duo qui se mêlent au cynisme de la vie et du marché. Comme le suggèrent la maison d'édition et Bernardo Carvalho, ça pourrait faire un bon film de Tarantino. Et maintenant, je sais où acheter mon thé. Dans un supermarché !
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Pedro aime la littérature. Pedro rêve dans cette favela de Porto Alegre qui l'a vu naître. Pedro ne veut pas faire parti d'un gang.

Alors Pedro travaille comme rayonniste au supermarché du coin en lisant Marx et en étudiant la marketing le soir.

Alors Pedro a une idée. La beuh, la weed, la Marie-Juana est légale dans nombre de pays et rend les gens cool, pourquoi ne pas mettre ses connaissance en économie et en force de vente au service sa force de vie et de la vente du cannabis.

Un petit commerce quotidien et banal avec son pote Marques employé comme lui dans la supérette.

Une petite entreprise très loin des funestes trafics du grand banditisme. Attention Pedro, petit poisson, cela ne sera pas facile de nager au milieu des requins.

Mais le jeune homme peut être très convaincant et sa culture et son charisme auront tôt fait de séduire les chefs des gangs et de futurs employés.

Une plongée plutôt tendre et douce dans les terribles et dangereuses favelas d'une grande ville brésilienne où règne le crime organisé.

Né dans une favelas, employé dans un supermarché, José Falero sait de quoi il parle, son amour de la littérature lui a sauvé la vie.

« supermarché » est une jolie ode à l'amitié et à la débrouille traversée par des éclairs de violence mais c'est aussi et surtout une très belle manière littéraire de décrire une certaine triste condition humaine brésilienne.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Devenir riche coûte que coûte, c'est le projet que Pedro, issu des quartiers pauvres de Brésil, tient à mettre en oeuvre. Et ce n'est pas en travaillant dans un supermarché qu'il y arrivera. Utilisant des arguments sortis des manuels marxistes, il arrive à convaincre son collégue de devenir son associé dans la vente de la marijuana. Et tout s'enchaîne : les discussions, le trafic, les complices... Les situations drôles et moins drôles seront au rendez-vous.
Il faut du talent pour aborder des sujets sérieux avec autant d'humour et lucidité. La preuve en est avec 'supermarché'. José Falero connait bien les quartiers pauvres, il provient de ce milieu. Cela donne à l'histoire encore plus d'intensité.
J'ai beaucoup aimé l'intrigue et les personnages.
A lire sans hésitation.
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🍁Chronique🍁


« Ils marchèrent jusqu'aux ténèbres. »

Et si je vous proposais un marché? Un super marché? Si en lisant ce livre, vous n'avez pas compris le choix de Pedro et Marques, je mange de la soupe jusqu'à la fin de ma vie…
Être riche, super-riche, en deux temps trois mouvements, avouez que c'est tentant, mais vous est-ce que vous y seriez allé dans ce plan douteux? Comment est-ce qu'on se choisit, une vie de bandit? C'est tout l'enjeu subversif et drôle de ce livre: faire entendre que cette voie est (parfois) préférable à, l'autre…Ça m'est apparu d'une limpidité presque évidente, même si elle est répréhensible, dangereuse, « semée d'emmerdes »…
Jusqu'à maintenant, ce choix m'était incompréhensible, intangible, complètement inenvisageable…Il ne l'est guère plus, aujourd'hui, mais avec cette aventure dans les rayons de ce supermarché, j'ai compris. J'ai compris que c'est un faux-choix pour combattre la misère. Un choix terrible pour contrer la malchance, la survie, la souffrance, l'indifférence…J'ai compris que ce n'est pas un choix réfléchi, mais une erreur consciente statistiquement fatale…
Sous couvert de philosophie revisitée de mecs trop paumés pour comprendre que l'herbe n'est pas plus vert(ueus)e qu'un caillou ou de la poudre, ailleurs ou au coin de la rue, ils se lancent tous les deux, dans un trafic qui parait fructueux…Ils palpent de près, la drogue, la violence, la délinquance, l'argent sale. Ils sont juste à la frontière de la ligne jaune, mais…Pas du bon côté…Et voilà, comme ils se retrouvent à errer dans ce supermarché avec leurs valeurs bafouées, leurs petits soucis techniques et leurs grandes ambitions de voyous misérables…

« Il n'y a aucun chant d'oiseau ni autre chose qui soit capable de mettre de la magie dans la précarité totale. »

Derrière l'humour et l'aventure trépidante de ces deux jeunes « entrepreneurs » de la weed, le constat social et politique, est extrêmement triste. La pénibilité de leurs existences est un crève-coeur, à lire. Ces familles, coincées dans les favelas de Porto Alegre, n'ont que peu de perspectives d'avenir, d'ascension ou de choix dignes. Ils vivent dans un environnement étouffant, violent, parfois toxique, parce que les chances de sortir de la Précarité, la grande la vraie, sont quasi inexistantes. Alors certes, ces deux-là mènent, pour un temps, la vie de « riches », mais la morale les rattrape bien vite, tout autant que les malfrats qui les surveillent…Et même en se servant allègrement des aliments à disposition, ça ne suffit pas à faire une bonne soupe…Alors de là, à la manger…

« C'est le moment de commencer à courir après la vie meilleure qui me fait tellement envie. »

J'ai beaucoup aimé l'humour et l'intelligence de ce jeune auteur, José Falero, pour traiter avec autant de perspicacité, la dure réalité des personnes invisibilisées. On ressent très intensément la chape qui les retient vers les bas-fond de la ville, ne leur laissant qu'un sale goût d'amertume et de pauvreté aigre, qui reste, trop en bouche…C'est très immersif, cette lecture. le ton, les couleurs, le sel, l'énergie. On s'y croirait presque, à côté de ces deux-là, en train de (se) débattre dans leurs agissements avec leurs consciences…Ils rêvent d'une vie meilleure, sans saisir, que ce n'est pas en empruntant un chemin détourné qu'on peut décemment, y arriver…Mais au fond, qu'est-ce qui est, une vie meilleure? Est-ce qu'il leur est seulement, permis de la rêver, de la goûter ou de l'assaisonner, à leurs convenances? Est-ce qu'ils auront un jour droit à la liberté? Je vous laisse vous balader, entre ces pages, pour découvrir ce qu'il en est.
Vous m'en dealerez des nouvelles?
Lien : https://fairystelphique.word..
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Être employé pour garnir les rayons d'un supermarché apporte de quoi ne pas mourir de faim à Pedro, jeune homme qui vit avec sa mère dans une favela de Porto Alegre, au Brésil. Pedro lit beaucoup, et développe pour son collègue Marquès des idées marxistes qui l'étonnent et le fascinent. Il l'est encore plus, étonné, lorsque Pedro lui suggère de quitter la légalité pour monter un commerce parallèle de vente d'herbe. Sans pour autant ni l'un ni l'autre laisser leur job au supermarché, d'ailleurs. L'idée étant de vivre décemment, pas de gagner plus que ce qui leur est utile. Tout deux commencent tranquillement, mais petit à petit, leur affaire prend de l'ampleur.

L'auteur, issu lui-même d'une favela, et que le virus de la lecture puis de l'écriture, ont sorti des petits boulots alimentaires, connaît parfaitement son sujet, et a l'art de raconter petits et grands tracas de la vie dans une langue riche et expressive. Tout les personnages, à commencer par le patron du supermarché qui prend le devant de la scène tout au début du roman, puis les deux lascars et les comparses qu'ils doivent embaucher, sont décrits avec brio, et les dialogues pleins de vérité. L'humour qui les imprègne n'empêche pas l'histoire de rester des plus vraisemblables. C'est ce que j'ai aimé : que l'auteur évite le loufoque, en ne tombant non plus dans le thriller ni le roman noir. La description de Porto Alegre et des conditions de vie dans les favelas marquent par leur véracité.
Un premier roman qui a bien fait de franchir l'océan jusqu'à nous !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Pedro et Marques, magasiniers dans un supermarché du sud de Porto Alegre, vivotent de leurs salaires misérables et de leurs combines au sein de leur lieu de travail. Mais ils veulent plus : Pedro, dans un idéal de grand lecteur qui baigne dans la littérature classique, politique, de Marx notamment, obsédé par la lutte des classes et les inégalités sociales ; Marques, dans une nécessité plus pragmatique de pouvoir nourrir un deuxième enfant à venir.

Et c'est Pedro, suivi par son collègue et ami, ainsi que par des membres de leurs familles, qui insufflera, forcément, l'idée d'un business dans le haschich pour combler la demande présente dans leur quartier, alors que les gros trafiquants ont délaissé la drogue douce pour vendre à plus grande échelle, et pour plus de profit, cocaïne, héroïne, crack, méthamphétamine.
Ce qui devait leur permettre de vivre plus dignement, plus sereinement, en complément de leurs salaires de magasiniers, va les mener, sans grande surprise, vers la démesure, l'appât du gain, au détriment de la mécanique bien huilée de leur business qui ne devait être qu'éphémère.

Roman protéiforme, qui a tant du roman noir que du roman social, en passant par le roman d'apprentissage dans la violence et dans le sang, supermarché nous dépeint avec une certaine acuité, dans une acmé tragique, pessimiste, mais allant finalement de soi, la situation des favelas brésiliennes, et les choix qui s'offrent à ses habitants, entre survie dans la légalité, et opulence, mais risque, dans l'illégalité.

Les personnages, bien campés, assez attachants, surtout Pedro et Marques, ont quelque chose du picaresque dans leurs faits, gestes et dialogues, ce qui vient donner un peu de légèreté à toute la gravité ambiante du sujet, sans pour autant oublier de nous proposer un regard mordant et engagé sur la situation sociale actuelle d'une bonne partie de la population brésilienne. C'est sans compter, aussi, sur la plume spontanée, particulièrement vivante, de José Falero, qui fait souvent mouche pour nous emmener avec lui dans cet univers.

Une découverte, en somme, que j'ai franchement appréciée.
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