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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant ce livre bien longtemps et il m ' a plus par son analyse et comme critique , je vais prenfre un extrait expressif du livre lui-même :"Le colianisme et
l ' impérialisme ne sont pas quittes avec nous quand ils ont retiré de nos territoires leurs drapeaux et leurs forces de police . Pendant des siècles les capitalistes se sont comportés dans le monde sous-développé comme de véritables criminels de guerre . Les déportations
les massacres , le travail forcé , l ' esclavagisme ont été les principaux moyens utilisés par le capitalisme pour augmenter ses réserves d ' or et de diamants ,
ses richesses et pour établir sa puissance . IL a peu de temps , le nazisme a transformé la totalité de l 'Europe en véritable colonie .
Les gouvernements des différentes nations européennes ont éxigé des réparations et demandé la restitution en argent et en nature des richesses qui leur avaient été
volées . Pareillement nous disons que les états impérialistes commettraient une grave erreur et une injustice inqualifiable s ' ils se contentaient de retirer de notre sol les cohortes militaires , les services administratifs et d ' intendance dont c' était la fonction de découvrir des richesses , de les extraire et de les expédier vers les métropoles . La réparation morale de l ' indépendance nationale ne nous aveugle pas , ne nous nourrit pas . La richesse des pays impérialistes est aussi notre richesse . l'' Europe est littéralement la création du tiers monde . "
Le colonialisme n ' est pas une machine à penser , n ' est pas un corps doué de raison . IL est la violence à l ' état de nature et ne peut s' incliner que devant une plus grande violence ." Frantz FANON
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Sommes-nous sortis du colonialisme? A l'époque où ce livre est écrit, on est en pleine décolonisation et Frantz Fanon montre à la fois à quel point l'homme colonisé a été opprimé, nié, déshumanisé par le colonisateur et à quel point le réveil de sa conscience est un réveil - violent, certes - de son humanité, de sa liberté, de sa vie mise entre parenthèses pendant un siècle. Il montre que le colonisé, l'Africain en particulier, ne se libèrera pas en imitant le colonisateur, que quand la petite bourgeoisie locale à l'esprit européanisée prend le pouvoir, elle devient pire que le colons, que c'est au peuple des campagnes de se saisir de sa liberté et de lutter pour son indépendance. Cinquante ans plus tard, le combat semble s'être enlisé: les petits bourgeois corrompus accaparent toujours le pouvoir, les firmes européennes (et, plus discrètement, les Etats) ont pignon sur rue, les pauvres courbent l'échine, ils ont juste changé d'esclavagistes. Frantz Fanon avait compris qu'il fallait plus que remplacer l'élite ancienne par une élite nouvelle pour changer véritablement un système qui, hier comme aujourd'hui, se base sur l'exploitation des faibles par les puissants.
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10 … 9 … 8 … 7 … 6 … 5 … 4 …
Spécisme et Eugénisme
Racisme et Capitalisme
3 … 2 … 1 …
La guerre éclate.

C'est le comble de la damnation puisqu'on est prêt à mourir pour se libérer d'une machine infernale.

Aujourd'hui, je suis le rouage de quelle machine ? Suis-je autre chose qu'un rouage ?

Laissons le questionnement se développer. Tiens ! Nous venons de passer du Je au Nous. Ce “nous” à la fois simple et complexe. Simple, quasi-substantiel, mobilisateur par magie, polarisé comme une machine. Complexe, recouvrant des motifs d'une diversité quasi-infinie, laissant ouvertes toutes les questions, et qui donne l'impression que les choses arrivent par hazard.

1952.Franz Fanon décrit, dans « Peau noire, masques blancs », un homme noir, qui, depuis 3 générations, « s'achemine par reptation » dans un monde eugéniste, raciste, colonialiste ; un homme qui pense à liquider les déterminations du passé, à devenir imprévisible, et être seulement son propre fondement.
Il entend bien les voix des poètes de la « Negritude », ou celles des jazz men&women. Elles sont en effet entraînantes, mais pas certaines, semble-t-il, de vouloir une lutte face à face pour l'auto-détermination.

Aujourd'hui, je me souviens quand les anciens évoquaient ce monde colonial. La guerre d'Algérie était terminée. Je ne devais évidemment rien savoir des atrocités de cette guerre, mais le peu qui filtrait me laissait deviner confusément. Il m'était seulement donné d'imaginer la beauté exotique des colonies. Des paradis terrestres pour les européens, un enfer pour “les damnés de la terre”.

1961.La guerre a éclaté. Franz Fanon s'adresse exclusivement à ces « damnés de la terre ». Celles et ceux à qui le régime colonialiste ne promettait même pas le ruissellement économique. Pas même un biscuit jeté au peuple, pour faire taire un début de révolte. Il suffisait de poster un gendarme ou un policier. Au nom de la très célèbre « violence légitime ». le colonialisme c'est « la tentation de compromis d'un monde sans hommes ».
Le livre que nous avons aujourd'hui entre les mains, n'était pas destiné aux européens, mais uniquement à celles et ceux qui étaient engagés dans les luttes pour l'indépendance et la décolonisation. Seule la préface de Sartre s'adresse aux européens, en leur révélant la pensée de Fanon.

Aujourd'hui, où en sommes nous de l'eugénisme, ou plus généralement des politiques de régulation des populations, des bio-politiques ? Un conseiller des grands patrons de l'industrie - ca pourrait être n'importe lequel - un chantre décomplexé du capitalisme, associe la sobriété d'actualité avec ses propres fantasmes purificatoires. Écoutons le attentivement : Les prisonniers deviendraient des bouches à nourrir, inutiles. Les personnes âgées de +65 ans devraient se faire interdire toute greffe médicale.

1961.Le « nous » des colonisés a pris une nouvelle allure, en particulier en Algérie. Il affirme maintenant : c'est eux ou c'est nous ! Mais ce « nous », simple en apparence, qu'on nommerait simplement instinct de survie, reste toujours complexe en réalité. «  0 mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge! ».
Rien ne va de soi, ni dans le moment de la lutte armée, ni dans la perspective post-coloniale. Déjà, sur une question d'échelle territoriale, le « nous » s'éparpille, il mute.
A tous les combattants pour l'indépendance, ce livre est un manuel pour éveiller « la conscience nationale », ou disons, plus précisément, pour comprendre les enjeux politiques et lutter efficacement pour la décolonisation.

Aujourd'hui, l'éditeur, dans sa préface, se trouve face à un problème de conscience assez commun. C'est qu'après avoir publié ce livre, il ne faudrait pas donner l'impression d'une “incitation à la criminalité”.
Or, ce que Fanon et Sartre font ensemble, c'est précisément mettre à nue la violence.
Il est donc dramatique de voir l'éditeur se débarrasser du problème en dressant simplement une ligne manichéenne entre Fanon et Sartre. Ce faisant, il rejoint une opinion commune déjà habituée à condamner Sartre, en tronquant ses textes tout en faisant semblant de ne pas comprendre . C'est de bonne guerre et de mauvaise foi. Mais quelle est cette opinion commune, sinon celle qu'on retrouve prompte à innocenter la “violence légitime” étatique ?
Lire Fanon puis Sartre est la seule manière de se faire sa propre opinion. Dans cet ordre, la préface après le texte, je ne vois pas l'une excédant l'autre. Ensemble, ils débordent les déterminismes.
Nous sommes condamnés à être libre, et c'est un rapport charnel. Les personnes ne seront jamais domestiquées. Les muscles bandés, elles vous sauteront à la gorge à la première occasion, dans tous les sens possibles.
Au premier temps de la révolte, le paysan qui prenait un fusil pour tuer un européen, faisait mourir la machine coloniale pour faire vivre l'homme. Cette violence irrépressible, “c'est l'homme se recombinant”. *

1961.Dans une perspective post-coloniale, le « nous », citoyens nationaux des anciens pays colonisés, devait être surpris, en voyant la bourgeoisie nationale prendre pratiquement la place des européens pour continuer l'exploitation du peuple. de même, il devait paraître étonnant de voir un parti nationaliste servir cette bourgeoisie nationale plutôt que se tourner vers le peuple. Dans les pays colonisés, Fanon observe la lâcheté des partis nationalistes au moment du combat, puis leur inévitable évolution vers le chauvinisme et le racisme envers leurs voisins africains.

Aujourd'hui, il est tout aussi choquant d'entendre les partis nationalistes qualifier de « crises épileptiques » les grands mouvements syndicaux et les manifestations populaires de ces dernières années. Lâcheté, racisme et compromissions, on retrouve le tableau décrit par Fanon.

1961.Fanon était psychiatre à l'hôpital de Blida en Algérie, avant de se déterminer à lutter politiquement pour l'auto-determination des peuples colonisés.
En lien direct avec les atrocités commises pendant la guerre, sa description des cas psychiatriques est absolument glaçante - comme une répétition de « La colonie pénitentiaire » de Kafka.
Que dire, sinon que les remèdes réellement efficaces étaient avant tout politiques?

Aujourd'hui, certains médecins ont la main leste pour prescrire des anti-psychotiques à une grande partie des résidents en Ehpad. Comment faire autrement pour calmer les résidents, demande le.la médecin?
Allons plus loin : à quand le moment où les biopolitiques néolibérales, prescriront massivement du risperdal aux manifestants, bonnets rouges, gilets jaunes, wokes, etc… sans oublier les agriculteurs ?

Sérieusement, le “nous”, pour Fanon, ne devait être que le peuple exprimant ses problèmes et ses aspirations, gouverné par le peuple proposant et expérimentant les solutions, sans intermédiaire.
Il est vrai que ce ne sont que des mots, mais qui ne se réduisent pas à prescrire ou décrire. le style de Fanon entre l'impeccable et le sensitif, cette vibration subtile, fait que le discours produit un questionnement intense en le lisant.

* (Sartre dans la préface) Cette violence irrépressible, Fanon le montre parfaitement, n'est pas une absurde tempête ni la résurrection d'instincts sauvages ni même un effet du ressentiment: c'est l'homme lui-même se recomposant.
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Ouvrage incontournable, indispensable, qui éclaire l'histoire de la décolonisation de l'Algérie d'une lumière qui brille trop rarement, surtout en cette période ou les ex de l'OAS commémorent leurs héros et inaugurent des monuments un peu partout dans le pays dans l'indifférence générale.
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L'ouvrage "Les Damnés de la Terre" de Frantz Fanon, publié en 1961, est une oeuvre majeure de la littérature postcoloniale et un texte essentiel dans le domaine des études décoloniales. Fanon, psychiatre et penseur révolutionnaire d'origine martiniquaise, y explore les effets psychologiques et sociaux de la colonisation sur les peuples colonisés, tout en appelant à la libération nationale et à la révolution contre l'oppression coloniale.

Dans cet ouvrage, Fanon expose la violence et l'inhumanité du colonialisme, ainsi que les stratégies utilisées par les opprimés pour se libérer de leur condition. Il met en lumière le processus de décolonisation, mettant en garde contre les pièges de la néo-colonisation et de la dépendance post-indépendance.

Fanon analyse également les dynamiques de pouvoir qui régissent les relations coloniales, ainsi que les conséquences psychologiques de la domination coloniale sur les individus et les peuples colonisés. Il propose des réflexions sur l'aliénation, la violence, la révolte et les luttes de libération nationale comme moyens de récupérer l'identité et la dignité volées par le colonialisme.

Les Damnés de la Terre" est un manifeste révolutionnaire qui insiste sur la nécessité pour les peuples colonisés de se libérer de la domination coloniale à travers des luttes de libération nationale radicales. Cet ouvrage continue d'être une référence majeure pour comprendre les enjeux de la décolonisation, de l'émancipation et de la résistance aux formes contemporaines de domination.
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Une voix puissante pour dénoncer les rouages du système colonial. Fanon tentait alors de tracer une voie nouvelle pour les jeunes nations africaines, une qui ne soit pas vulgairement calquée sur le modèle européen. Il dénonce également l'avarice d'une bourgeoisie nationale qui s'est trop éloignée des masses rurales et continuant à faire le jeu des entreprises européennes bien implantées.
Je rejoins Sartre sur l'idée que ce livre tend un miroir à l'Europe mais ne lui est pas destiné. Il s'adresse aux descendants des peuples colonisés. le message est chargé politiquement mais Fanon le rend tout de même accessible, si on est quelque peu sensible à la question de la colonisation.
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Une analyse d'une clarté et d'une justesse étonnante. Je dirais d'une intégrité incontestable. Nous pourrions nous passer de la présentation un peu paternaliste de Gérard Chaliand et de la préface redondante de Jean-Paul Sartre. Mais le corps du texte nous fait vivre presque comme si nous y étions l'oppression des peuples africains et arabes. Si les prédictions de Frantz Fanon ne se sont pas réalisées elles se laissent entrevoir encore. Les deux dernières sections, quoique succinctes, qui abordent la culture et les troubles mentaux à travers la lutte contre le colonialisme. ajoute à la qualité de son exposé magistral.
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Bien sur le livre est intéressant, la personnalité de l' auteur, l 'approche psychanalytique, l 'analyse très pointu du sujet, mais le tout est un peu lourd.
Finalement, ce que j 'ai préféré c'est la préface de Sartre...
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Je décidai de lire Les damnés de la terre après Peaux noires, masques blancs, qui m'avait beaucoup plu. Cette fois, Fanon analyse les aspects socio-économiques du colonialisme en insistant sur le processus censé y avoir mis fin. Il en dénonce la facticité, tant les Occidentaux, par l'intermédiaire des bourgeoisies nationales, ont perpétué le système colonial et entretenu ses rouages. Mais l'auteur ne se contente pas de constats, il montre aussi la voie : pour que le tiers-monde obtienne sa souveraineté, des prises de conscience nationales émanant des masses sont nécessaires, sans elles aucunes cultures propres ni aucuns développements ne peuvent se pérenniser.
Encore un texte vibrant de Fanon, hélas plus que jamais d'actualité. Je recommande vivement sa lecture.
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