Côté père

Un roman reçu dans le cadre du jury des lecteurs des éditions Librinova.

Lucien est parti à la légion étrangère sans aucune explication, puis quelques mois plus tard, il est mort en Afghanistan lors d'une embuscade des Talibans. Estelle n'a jamais compris les raisons du départ de son fiancé et n'arrive pas à faire son deuil. Depuis deux ans, elle ne vit plus et se lance dans une difficile enquête pour essayer de comprendre ses motivations. Après de nombreux refus de ses autres camarades, Quentin, un pêcheur belge accepte de la rencontrer et de lui parler de Lucien, devenu Alex. Il lui parle de leur amitié, du fait que Lucien lui a fait découvrir l'amour des livres, ce qui est totalement incongru dans son milieu modeste. Estelle sent toutefois qu'il refuse de lui dire l'essentiel, qu'il prétend ignorer. Lucien appartient à un milieu très privilégié, son père était un universitaire très réputé, spécialiste de la littérature du dix-neuvième siècle, sa mère dirige une entreprise prospère, il a eu une éducation qui lui a ouvert toutes les portes. Estelle s'obstine, rencontre les différentes personnes qui ont gravité autour de Lucien et finit par découvrir ce que cache ce magnifique vernis.

Ce livre est magnifiquement écrit, avec un vocabulaire très riche et une très belle langue. Toutefois j'ai eu beaucoup de peine à y entrer, je n'ai pas du tout aimé le début. Vers la moitié il devient enfin plus intéressant. Je pense qu'il manque une touche d'émotion et de magie pour que le lecteur soit vraiment accroché. Et ce n'est pas dû à un manque de maîtrise de la langue, elle est absolument parfaite. C'est un parfait exercice de style, mais il lui manque la petite touche qui en ferait un roman réussi. Aucun des personnages n'est vraiment attachant, peut-être parce que l'auteur a choisi la technique du narrateur omniscient, qui juge souvent ses personnages d'un point de vue extérieur, on ne les voit pas vivre. Dans la première moitié il y a des longueurs et un certain étalage de culture. Les personnages sont somme toute assez caricaturaux et les préjugés ne manquent pas, comme l'idée qu'un pêcheur ne peut pas parler de livres, comme si le goût de la lecture était réservé à une élite. L'histoire est aussi assez banale et convenue, tout à fait dans l'air du temps.

L'auteur a une très grande maîtrise de la langue et de l'écriture, il a les outils pour passer de ce brillant exercice de style à un vrai roman. Donc un avis mitigé pour ce livre.
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