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Claire de Oliveira (Traducteur)
EAN : 9782234052390
136 pages
Stock (11/10/2000)
3.4/5   30 notes
Résumé :

« J'ai demandé, mais vous n'entendez rien, écoutez un peu. Ce sont les moules, a dit ma mère, et je me rappelle encore que j'ai dit, n'est-ce pas que c'est atroce, alors que je savais bien qu'elles étaient encore vivantes, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elles fassent ce craquement avec leurs coquilles, je m'attendais seulement à ce qu'on les fasse cuire et à ce qu'on les mange, sans plus. Mon frère n'a pas ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ai relu récemment le dîner de moules, premier roman de Birgit Vanderbeke, et retrouvé avec plaisir quelques années après sa plume caustique qui passe au scalpel la vie a priori ordinaire d'une famille allemande.

Lors de ma première lecture cette narration loufoque, décrite par une ado qui écrit comme elle parle, m'avait fait rire aux larmes. Cette famille, la mère et ses deux enfants, fille et garçon, écrasés par la personnalité du père vrai tyran domestique, me rappelait trop des situations similaires, vécues, vues ou entendues largement au cours de ces décennies de guerre froide, système bipolaire qui concerna pratiquement deux générations. Vous allez me dire, quel rapport entre la guerre froide et l'histoire d'une famille dont le destin s'articule autour d'un plat de moules qui finira à la poubelle ?

En fait, accaparée par les détails distillés page après page d'une vie familiale cocasse autant que dramatique, j'avais laissé échapper le contexte plus large d'un pays coupé en deux, d'un couple échappé d'Allemagne de l'Est puis passé par un camp de transit, qui tente de se reconstruire à l'Ouest. D'autres détails alors apparaissent, inquiétants, dont le caractère psychotique du père, obsédé par ce que doit être une vraie famille. La chute est autant inéluctable que brutale, à l'image d'un empire qui s'effondre.

Le dîner de moules, un roman féroce, une écriture maîtrisée et une traduction remarquable.
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En premier jet, je dirais que c'est plus un récit de vie qu'autre chose. Je dirai aussi, que ça va être dure à lire, non dans le sens que le texte est compliqué, mais dans le sens qu'il n'y a aucune structure, aucun paragraphe. C'est un bloque d'une centaine de page! du coup en lisant les premières pages, j'ai l'impression d'avoir quelqu'un qui me raconte un événement et qui n'arrive pas à s'arrêter et les mots se bousculent !

à voir si je me suis trompée...

Ah ben non!!! Mais j'aurais aimé me planter.

On a l'impression qu'elle se perd dans ses souvenirs. La chute est longue à venir.

Typographiquement, il y a trop de virgules, c'est un tourbillon de mot, de phrase... on se lasse. 14 lignes avant d'avoir un point virgule qui annonce un changement d'idée! Les points sont donc rares.

Il n'y a aucun repère possible, on a 139 pages sur un dîner. C'est à mon sens long et inintéressant. Je préfère de loin Annie Ernaux qui va être un peu plus passionnante.

Bref, le point qu'on retient c'est quand cette famille mange des moules, c'est pour un moment important. Là encore, c'est le cas. Si j'ai bien compris, leur père ne rentre pas et ça va créer le bouleversement de leur vie.

Enfin...
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Un père qui traumatise une famille et la famille traumatisée, impossibilitée de sortir du silence. Une famille qui suit la routine imposée par un père autoritaire et peu aimant. Par une mère effacée, soumise.
Et tout bascule lors de cette attente interminable, lors de ce coup de fil, lors de l'attendu de façon inconsciente...
L'écriture de Vanderbeke est légère et profonde en même temps, savante, fraiche, parfaite. Les temps du roman est suspendu dans cette attente familiale, dans ce temps du diner où l'on se permet (enfin) d'ôter les carcasses.
Devenir soit même au travers les lignes de ce roman est pour ces personnages une quête de liberté et pour nous, lecteur, une sorte d'enchantement vis a vis de cette réalité si terrible et si connue par tant des familles du monde entier.
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Mettez-vous à table, nous allons servir des moules-frites ! C'est Birgit Vanderbeke qui est responsable du menu d'aujourd'hui. Cette écrivaine allemande a passé la première moitié de sa vie en Allemagne pour ensuite s'installer avec sa famille en France où elle est décédée l'année dernière. Elle a écrit de nombreux livres mais seulement quelques-uns ont été traduits en français dont son premier roman, le dîner de moules. le lecteur y est invité dans une famille écrasée par un père despotique.

La mère et ses deux enfants sont à la maison dans l'attente du père qui doit revenir de voyage d'affaires. La soirée s'annonce spéciale car le père devrait être promu et pour cette occasion, la mère a préparé des moules même si elle ne les aime pas du tout.

C'est d'ailleurs un trait typique de cette famille de quatre : (devoir) s'adapter complétement au père. Ce biologiste a en effet des idées très arrêtées sur ce à quoi devrait ressembler une vraie famille, un vrai métier, de vraies activités… A son grand désarroi, rien ni personne n'est comme il faut. le fils est trop mou, la fille est trop entêtée, l'épouse a un métier inutile (c'est à dire pas en lien avec des sciences exactes)…

La vie de cette famille nous est racontée du point de vue de la fille. le style de la narration est particulier, il m'a donc fallu quelques pages pour m'y habituer. C'est comme si l'auteure avait couché sur le papier la déposition (très franche) d'une teenager telle qu'elle lui passe par la tête (elle se répète, revient en arrière, passe à un autre sujet) sans y intervenir. J'ai trouvé que ce procédé a donné au récit un côté très naturel qui permet de s'approcher de cette famille.

Même si le sujet est grave, et si certains passages choquants frappent le lecteur sans préavis, grâce à quelques touches de l'humour, l'auteure a réussi à ridiculiser complétement ce père tyrannique en faisant de lui un homme stupide sans confiance en lui, obsédé par les apparences et hanté par ses origines modestes. Aussi, l'histoire ne se limite pas au microcosme de la famille, mais apporte une image intéressante sur la vie en Allemagne.

Au fil du récit, l'histoire est également marquée par un léger suspense – le temps passe, mais le père ne rentre pas, les moules refroidissent sur la table, la mère et ses enfants s'ouvrent une bouteille d'un vin doux et les langues se délient…

***Lecture chroniquée par Eva***

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Caustique, intense, un humour noir flirtant avec le macabre, ce court roman dresse le portrait d'une famille allemande des années 80 étouffée et violentée par les désillusions, les insécurités et les douleurs du père. Une tragi-comédie qui en révèle beaucoup sur une société si proche de la réunification et encore si tourmentée par la peur du manque, et sa confrontation aux nouvelles angoisses des classes moyennes.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ma mère a dit, il y a un moment où ça s'arrête, même si ma mère voulait parler de Wagner et des Martini et pas des concerts. J'ai quand même demandé à ma mère, mais enfin pourquoi les abonnements doivent-ils s'arrêter puisque tu les aimes, c'était une question très impertinente, pendant un moment nous avons tous eu le vertige à cause de tout ce blanc doux et de cette impertinence, parce que ma mère, en fin de compte, ne pouvait pas aller tranquillement aux concerts par abonnement pendant que mon père remuait son Martini dry, ma mère ne pouvait aller nulle part le soir, sauf aux réunions de parents d'élèves […].
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Mon père disait, ton dix-huit, autrefois aurait été un huit, et encore, peut-être même moins, au fond mon père pensait que mon dix-huit aurait même été un zéro. Ce que nous devions faire pour décrocher un dix, disait-il, échappe à tout système d’évaluation ; mon père avait été un élève exceptionnel, et quand les bulletins arrivaient, mon frère n’osait même plus mettre le nez à la maison, et mon père me disait à moi, en apparence ça a l’air tout à fait correct, sauf que les notes, aujourd’hui, n’ont plus aucune valeur ; ensuite, il sortait ses propres bulletins de son bureau et les comparait, et quand le mien était meilleur que le sien, il ne manquait jamais de remarquer la baisse du niveau, et il se rendait compte de toutes les connaissances qu’il avait à mon âge, alors que moi, au même âge, je ne savais presque rien, ou très peu de chose, parce que je jouais du piano et que je lisais, ce qui ne faisait pas vraiment le poids à côté des logarithmes, au contraire, et mon père répondait tout de suite, ce n’est pas ça qui fait marcher un moteur, (…)
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(…) mes parents sortaient rarement à cause des magasins de fins de série où ma mère traînait toujours pour trouver des rabais, alors que mon père, qui était un peu plus jeune que ma mère, portait des costumes sur mesure depuis le début, dès que mon père a eu son poste dans son entreprise, la meilleure qualité était tout juste assez bonne pour lui, la confection, ça se repère tout de suite, disait mon père (…)
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Video de Birgit Vanderbeke (2) Voir plusAjouter une vidéo

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