La Chapelle est bien ce pays d'un merveilleux lugubre et prenant, ce paradis des paumés, des mômes de la cloche et des costauds qui ont l'honneur au bout de la langue et la loyauté au bout des doigts ...
Une atmosphère de considération que l'on ne trouve pas ailleurs ...
Le mari déjà juteux de vermouth, sifflote au derrière de ses fils.
L'épouse fidèle et solide appuie sur le trottoir son pas de villageoise.
Cette maison est tellement ancienne, tellement évidente pour les voyageurs du métro comme pour ceux du taxi qu'on se demande si elle n'est pas la maison de famille de l'arrondissement ...
Le prix de la vie y est certainement moins élevé que partout ailleurs, mais les commerçants sont hostiles au crédit.
A toute heure du jour, des équipes d'ouvriers vont et viennent le long des cafés au front bas où l'on peut "apporter son manger", laisser ses gosses "pour une heure", et dormir parfois sans consommer.
Le bruit de la ligne Dauphine-Nation, pareil à une plainte de Zeppelin, accompagne le voyageur jusqu'à ces quartiers cernés de cheminées.
Dans ce cirque grouillant et sonore où le fer se mêle à l'homme, le train au taxi, le bétail au soldat.
Un pays plutôt qu'un arrondissement ...
Des chercheurs de corridas qui s'échelonnent de débit en débit le long des grands murs de la rue de Tanger ou du canal de l'Ourcq, que les marchands de charbon pour sports d'hiver ont colonisés, baptisé, adopté donnant aux ruelles leurs noms célèbres sur les sacs.
Mais cette faune est parasitaire.
Maîtresses ornées de grosses bagues et de sautoirs, qui portent le deuil quand leur amant a perdu quelques grands pères, et dont les seins robustes évoquent toute une série de méditations consacrées à la maternité fictive.