Ballades et découvertes d'un Paris vivant, réel dans ses blessures et ses mensonges; dans son honnêteté et ses réalités.
Superbe hommage à une ville déchirée par les envies et délires des uns et des autres qui, un peu plus, chaque jour la fait disparaître dans l'anonymat des grandes villes de modernité d'un temps où, l'histoire s'efface au tableau de l'oubli.
A lire par devoir de richesse et de mémoire pour une ville qui se meure d'avoir été trop riche de ces générations d'envies et de talents.
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Le Moulin de la Galette où, il n'y a pas si longtemps, on débitait encore de la galette, et le Moulin Rouge, avant leur colonisation par des nègres sans exotisme, des Russes sans Russie, des peintres sans talent ni palette ni chevalet, des politiciens sans parti et des voyous sans occasions, ont été réellement habités par des artistes, au premier rang desquels il faut mettre Lautrec, et Maurice Utrillo, un des imagiers les plus vrais de Montmartre, le peintre d'histoire de cette Butte qui se présente aujourd'hui aux cervelles étonnées de nos futurs bacheliers avec tout le charme et le mystère de l’Égypte des Pharaons.
« Je suis né à Paris dans le 1er arrondissement, au 8 de la rue Coquillière, dans une maison où il y avait deux magasins importants et significatifs, la crémerie Nortier, célèbre par son beurre et la charcuterie Battendier, par ses pâtés en croûte. Cela explique bien des choses, ma gourmandise notamment.Mon père était né à Paris de famille bordelaise.Mon père et mon oncle avaient des ateliers de céramique et de verrerie.J’ai été élevé à Montrouge, rue Mouton-Duvernet. De là nous allâmes à la Chapelle où mon père, après avoir été ingénieur chez Faber en sortant de l’École Centrale, fit fortune en inventant une plume miraculeuse écrivant sans encre, qui annonçait le stylo, et un traitement nouveau des perles de couleur. Cette fortune, il l’a perdue en la plaçant dans d’autres inventions.Après la Chapelle, ce fut la rue du Colisée, puis la rue de Dunkerque. Nous commencions à entrer dans le 10e arrondissement où j’ai été au collège Rollin en même temps que Barbusse.Ensuite nous habitâmes Passy, rue Gustave-Courbet.Quand j’étais tout enfant on m’a montré deux fois le père Hugo qui rentrait chez lui dans son petit hôtel bas de l’avenue d’Eylau.De Passy nous retournâmes dans le 10e où se trouvaient nos ateliers de céramique, faubourg Saint-Martin et rue de Saint-Quentin.À ce moment-là je faisais de la peinture. Au lycée, j’avais toujours les prix de dessin, et je me croyais quelque chose. Un jour, je suis allé pour la première fois à l’Exposition des Indépendants, qui se tenait au Cours-la-Reine.Cette année-là, il y avait des envois de Van Gogh qui venait de se tuer à Auvers-sur-Oise, Cézanne, d’immenses Seurat.- Gauguin, Émile Bernard, Lautrec, etc. Je fus sidéré. En une minute je reçus le choc, et je compris que c’étaient ces peintres-là qui avaient raison et que c’étaient ceux du Salon qui se trompaient. Et je renonçai modestement à mes pinceaux.
Je ne fis donc plus beaucoup de peinture, mais j’avais déjà mon cahier de poésie. Je faisais aussi de la musique. Il était bien entendu, – chez mes amis de la vingtième année qu’on ne se spécialiserait pas : on avait envie de tout faire. Choisir dans notre esprit, c’était sacrifier tout le reste, Gide a dit : « Prendre Un parti, c’est le pire parti prendre. »Nous faisions un peu de tout. Nous n’avions pas de soucis de carrière.…Nous fondâmes des revues : l‘Art littéraire, avec Alfred Jarry, qui était mon camarade de lycée. C’est à cette époque que je fis mes vrais débuts littéraires au Mercure de France.Toute cette vie un peu dispersée fut entrecoupée de périodes de travail avec les céramistes de mon père. Je crois qu’on sait le reste. »
Ce quartier là n'est pas seulement la fleur à la boutonnière de Paris, mais l'honneur de l'humanité !
Des chercheurs de corridas qui s'échelonnent de débit en débit le long des grands murs de la rue de Tanger ou du canal de l'Ourcq, que les marchands de charbon pour sports d'hiver ont colonisés, baptisé, adopté donnant aux ruelles leurs noms célèbres sur les sacs.
Mais cette faune est parasitaire.
Et nous sommes là entre nous, les vivants et les morts, exécutant notre devoir d'exister, sevrés d'élans, vers le vide des convenances et des menaces ...
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