Citations sur Les amants du dernier jour (10)
Certains de vos rites sont semblables aux miens. Ainsi, on bénit le pain et le vin nous aussi, et nous partageons avec vous d’autres traditions dont nous discuterons plus tard. En attendant, et c’est le plus important, je vous trouve ravissante, intelligente, et la façon dont vous avez, par moments, regardé mon fils, me laisse à penser que vous l’aimez vraiment. En un mot, vous me plaisez, et une belle-fille comme vous est une bénédiction.
— Une fille. Je n’en veux pas. C’est un garçon que je voulais.
— Ton fils n’a pas passé la bonne commande, lui répondit la sage-femme en riant.
Ces Juifs et leur argent, ils s’imaginent pouvoir tout acheter.
En tant qu’interprète, je peux entendre des conversations, des décisions ou d’autres choses qui doivent absolument rester secrètes. Certains seraient ravis d’apprendre ce que je sais, et ils pourraient même employer la méthode forte. Aussi suis-je constamment suivie par un garde du corps. Mon ange gardien, en quelque sorte.
Je n’étais pas amoureuse. J’ignorais tout de l’amour, de celui que je rencontrais dans les livres. Puis, après notre mariage, il y a longtemps, la première guerre n’était pas encore finie et ton père se trouvait encore sur le front, j’ai contracté une mauvaise grippe. J’avais énormément de fièvre, je ne tenais pas debout. Si bien que ma voisine avait appelé un médecin. Celui-ci m’avait soignée. Il était très gentil et venait tous les jours prendre de mes nouvelles. Lorsque j’ai été guérie, il a continué à venir me voir et nous avons pris l’habitude de boire un thé ensemble, de nous raconter des histoires.
Ce genre d’individu, qu’on croise sans le voir, sera toujours dans votre sillage, où que vous soyez. Sous sa veste, des muscles d’acier qui font bon ménage avec l’artillerie qu’il porte sous l’aisselle. C’est un familier des sports de combat. Non, ne le regardez pas. Personne ne doit savoir que vous le connaissez ou que vous l’avez déjà vu. Cependant, vous l’apercevrez toujours non loin de vous. On ne le remarque pas plus qu’une plante d’appartement. Il est là, prêt à intervenir en cas de nécessité.
Il la trouvait jolie, si jolie qu’il en était presque tétanisé ; à tel point qu’il n’avait rien trouvé à lui dire, lui qui se montrait si loquace habituellement. Pour se donner une contenance, il avait sorti son étui à cigarettes et lui en avait proposé une, qu’elle avait acceptée. Il lui avait tendu son briquet dont la flamme s’était éteinte sous la brise.
— Mais papa, je n’ai que vingt ans.
— C’est l’âge auquel on se marie. De mon temps, c’était déjà presque trop tard.
— Mais on n’est pas de ton temps. Aujourd’hui, on profite un peu de sa jeunesse.
Il nous resterait la vie et ça, ça n’a pas de prix. Plutôt vivre en France que mourir en Russie sous les coups des moujiks ou des soldats ivres. D’ailleurs, ne dit-on pas « heureux comme un Juif en France » ?
« Ce petit animal qui ne pèse qu’un peu plus d’un kilo et ne mesure pas plus de cinquante centimètres est recherché par tous les aristocrates. La famille du tsar et les riches maisons du monde entier. Je vends les miennes en France pour les femmes qui en font des manchons, des manteaux et des garnitures de toute sorte. »