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Critique de Nastasia-B


William Faulkner n'est pas nécessairement un auteur d'approche facile. (C'est le moins que l'on puisse dire.) Personnages torturés, discontinuités narratives, ambiances glauques et ambigües, flashbacks et projections, courant de conscience, etc.

Beaucoup des ingrédients qui ont fait son succès (et aussi mes déboires lorsque je pataugeais dans la boue au milieu des marécages sous une pluie battante où m'avaient planté l'auteur du Bruit Et La Fureur et que j'essayais désespérément de distinguer un quelconque panneau indicateur pour retrouver ma route).

Aussi, pour s'accoquiner à l'univers si particulier de Faulkner n'est-il peut être pas idiot de commencer par ses nouvelles, qui, si elles mettent en scène des personnages aussi torturés et ambigus que ceux des romans, de par leur format, les rapproche plus d'une forme classique et donc, accessible plus aisément au profane.

C'est ainsi que l'on peut sans doute effectuer un rapprochement pas trop scandaleux entre le Docteur Martino et Musique Noire de nouvelles classiques comme le Horla de Maupassant, les unes comme les autres donnant la part belle aux personnages névrosés qui évoluent dans des atmosphères bizarres, un brin glauques, qui touchent aussi bien au réel qu'au surnaturel ou à la folie légère.

Dans le Docteur Martino, l'auteur nous présente un jeune homme assez fier et imbu de lui même, Hubert Jarrod, qui, lors d'une halte de voyage, fait la connaissance d'une charmante jeune fille, Louise King, à laquelle il sert de prétexte pour échapper à la vigilance de sa mère.

De fil en aiguille, la nature humaine étant ce qu'elle est, la question des relations entre ce jeune homme et cette jeune femme va bientôt se poser dans des termes plus précis.

Mais Jarrod découvre, derrière plusieurs nappes de mystères, que Louise est manifestement sous l'influence d'un autre homme. Un rival ? Sans doute. Mais de quel type ? Ça, c'est plus dur à dire. Un certain docteur Martino. Un vieux bonhomme, qui ne dit presque rien et qui reste désespérément assis, immobile, sur le toujours même vieux banc.

Étrange pouvoir magnétique que celui du docteur Martino sur cette imprévisible jeune femme. Quelle est la nature de ce magnétisme ? Son origine ? Et d'ailleurs, ce magnétisme est-il unilatéral ? Qu'implique-t-il ?

Hubert Jarrod doit essayer de dénouer cet imbroglio aidé d'une redoutable partenaire en la personne de la mère King, pas forcément la meilleure carte pour apprendre à lire dans le jeu de la fille...

Dans Musique Noire, Faulkner nous déplace à Porto Rico, dans une ambiance qui, au départ, pourrait éventuellement rappeler celle du Vieil Homme Et La Mer, mais qui, par la suite, s'en détache notablement.

On essaie de comprendre ce qui a bien pu amener Wilfred Migleston à venir s'enterrer dans l'île vingt-cinq ans plus tôt et à vivre désormais comme un trois-quarts clochard, sans ami, sans argent, sans toit véritable et même sans avoir appris trois mots d'espagnol depuis tout ce temps.

Les cancans vont bon train, on lui attribue toutes les réputations, du malfrat en fuite au noeud-noeud de service mais, en pareil cas, le mieux est peut-être de l'écouter s'expliquer lui-même, non ? Alors, écoutons-le.

Deux nouvelles intrigantes donc, bien menées, dont la facture évoque plus clairement les écrivains américains de l'entre-deux-guerres tels Hemingway, Steinbeck ou Caldwell, où la psychologie humaine est bien malaxées entre les mains d'un maître potier nommé Faulkner. Pourtant, comme le Horla pour Maupassant, ce n'est pas dans ce genre de nouvelles que je prends le plus de plaisir, d'où cette appréciation mitigée.

En outre, vous savez bien maintenant que cela n'est que mon avis, assis depuis bien trop longtemps sur son vieux banc, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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