Adieu la vie, adieu l'amour, adieu toutes les femmes... C'est bien fini, c(est pour toujours de cette guerre infâme ! C'est à Craonne, sur le plateau, qu'on doit laisser sa peau, car nous sommes tous condamnés, c'est nous les sacrifiés !" Depuis une bonne vingtaine d'années, cette complainte des tranchées aux accents de révolte, s'est imposée comme la chanson par excellence de la Grande Guerre. Elle se chante sur un air de valse lente datant d'avant la guerre. L'un de ses couplets et son dernier refrain sont chargés d'une violente critique sociale. Associée aujourd'hui aux mutineries de 1917 qui ont suivi l'échec de l'offensive sur le Chemin de Dames, elle était en réalité déjà chantée en 1916, avec des paroles un peu différentes, à Verdun et ailleurs, partout où des attaques vaines faisaient rimer "plateau" avec "laisser sa peau". ("La Chanson de Craonne" , p.54)
Le site du memorial terre-neuvien de Beaumont-Hamel incarne la tragédie du 1er juillet 1916, premier jour de la bataille de la Somme qui vit les Britanniques perdre 60000 hommes . Sur les 800 hommes du régiment de Terre-Neuve qui partirent au combat ce jour-là, seuls 68 répondirent présents à l'appel le lendemain. En 1921, le gouvernement de Terre-Neuve et les familles de soldats créèrent le parc. Il est aujourd'hui l'un des deux seuls lieux historiques nationaux du Canada situés hors du Canada. Dans ce parc, le caribou en bronze, l'embllème du Royal Newfoundland Regiment, se dresse sur un monticule, surplombant un réseau de tranchées d'époque admirablement bien conservé. ("Ils ont connu le pire de la guerre", Circuit du Caribou, p. 146-147)