Citations sur La Fille sauvage (61)
Combien de bébés indiens, par exemple, ont-ils été massacrés par nos soldats ? Seules les atrocités des rebelles sont qualifiées de crimes. Alors que celles des conquérants, qui écrivent les livres d’histoire, sont reconnues comme nécessaires, héroïques même. Pire, elles illustrent une prétendue volonté divine. Quelle différence y a-t-il, en fin de compte, entre les soi-disant civilisés et les barbares ?
Et ainsi, nous dansâmes sous la lune pleine, devant les brasiers crépitants. Nous sûmes bientôt par coeur chacune des danses, un pas dans l'alignement, un pas en cercle, un pas avec la cavalière qui vient et qui repart, avant le tour d'une autre et ainsi de suite... Une transe qui nous fit perdre la notion de temps, car la vie tout entière se fondait dans la danse, tout avait disparu, le passé, le futur, rien n'avait d'importance que la danse elle-même, immédiate et urgente, cette danse qui nous engloutissait... et dès lors nous n'avions plus peur.
Big Wade prétend que, contrairement au photographe, l'appareil ne peut pas mentir. Que celui qui s'en sert n'a qu'une seule responsabilité :la vérité. (p.171)
« Cette enfant indomptée, différente, était issue d’une race d’hommes beaucoup plus ancienne, comme un vestige de temps immémoriaux. » (p. 33)
« Elle planait, flottait comme un oiseau. Plus qu’une d’une autre race, elle était issue d’un ordre différent. » (p. 361)
Daalk’ida ‘aguudza’ – il y a bien longtemps. Elle rêve que Tze-gu-juni, sa tante, est en train de la laver pour la cérémonie de la puberté, qu’elle lui chante les chants rituels d’une voix douce et basse. Femme-Peinte-en-Blanc, mère de tous les Apaches. Cinq mille ans et deux cents générations plus tôt, tu es déjà parmi nous, à la fois homme et femme, enfant et aïeule, chasseur et mère nourricière, vêtue des peaux épaisses des mastodontes, tandis que nous glissons dans le blizzard sur les plaines gelées de Sibérie.
La mémoire est l’instrument le plus imparfait qui soit ; le souvenir se transforme aisément en réunion ; l’âge et la distance le ternissent, faisant le jeu de chagrin, de la déception et de l’orgueil. Et l’espoir entêtant de transformer le passé, de l’habiller à notre guise, sera toujours contrarié. Voilà pourquoi une mémoire d’homme est, par définition, suspecte. En revanche, une photographie ne ment jamais.
Intéressant ce que tu écris, petit frère, mais je suis navrée de te dire que tu manques de discernement à bien des propos. pour commencer, tu ne sais absolument rien des femmes - que ce soit, la nina bronca ou n'importe quelle autre. Existe-t-il un homme qui fasse exception à la règle ? Certainement pas un freluquet de dix-sept ans.
Jusqu'à la fin de sa vie, jamais il n'allait oublier comment, pendue à son crochet sur un mur de la grange, cette petite l'avait regardée ce matin-là. Jamais il n'allait oublier les trilles joyeux des oiseaux dans le calme frais du printemps. Jamais il n'allait oublier cette enfant qui, au bout de sa jeune vie, fondues dans la brutalité de ses dernières secondes, avait vu les horreurs plusieurs fois séculaires d'une guerre entre les races, menée au nom de dieux abjects et dépravés, ces dieux qui permettent aux humains de massacrer les gosses de leurs ennemis. D'un regard calme et fixe, elle scrutait les yeux de Goso avec un air de ... pitié. Et de pardon. Comme pour s'excuser, elle sourit et tendit les bras pour qu'il la pose par terre. Il la décrocha et voulut l'installer sur son cheval. Alors, très tendre, elle lui passa ses bras légers autour du cou et elle mourut.
Une curieuse chose se produisit. Épuisés comme nous l'étions par les épreuves de la journée, par ce pays étrange, par l'incertitude terrifiante de notre situation, nous nous sommes pourtant laissés prendre, hypnotiser par l'atmosphère singulière du lieu, par la musique et ces gestes arythmiques. Le martèlement des tambours s'est frayé un chemin vers un être primitif, à l'intérieur de nous, qui, d'instinct, a trouvé les bons pas, et la danse nous a dévorés. Margaret affirme qu'elle est la première forme de communication humaine, d'art et de spectacle. Elle dit que, dès la formation de l'espèce, l'homo sapiens a dansé pour célébrer la guerre, l'amour, avec un éventail de fête entre les deux ; qu'étant la seule activité commune à nos cultures, elle est universelle.