AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Apprendre à vivre : Traité de philosophie à l'usage des jeu.. (69)

Pour les stoïciens ce qui était bon, c'était ce qui était conforme à l'ordre cosmique. L'essentiel était de parvenir dans la pratique à s'accorder à l'harmonie du monde afin d'y trouver la juste place qui revenait à chacun dans le Tout.
Si tu veux comparer cette conception de la morale à quelque chose que tu connais et qui existe encore aujorud'hui dans nos sociétés, pense à l'écologie.
Pour les écologistes, en effet, et en cela ils reprennent, bien que souvent sans le savoir, des thèmes de l'Antiquité grecque, la nature forme une totalité harmonieuse que les humains auraient tout intérêt à respecter.
La "biosphère" a remplacé le "cosmos" des Grecs.
Commenter  J’apprécie          210
Comme le disent chacun à leur façon plusieurs penseurs contemporains, on ne philosophe pas pour s'amuser, ni même seulement pour comprendre le monde et se comprendre mieux soi-même, mais parfois, "pour sauver sa peau". Il y a dans la philosophie de quoi vaincre les peurs qui paralysent la vie, et c'est une erreur de croire que la psychologie pourrait aujourd'hui s'y substituer.
Commenter  J’apprécie          104
Il est des moments où nous ne sommes pas là pour transformer le monde, mais tout simplement pour l'aimer, et goûter de toutes nos forces les beautés et les joies qu'il nous offre.
Commenter  J’apprécie          80
On peut distinguer trois grandes conceptions de la transcendance. (...)
-La première est celle que mobilisaient déjà les Anciens pour décrire le Cosmos. Fondamentalement, bien sûr, la pensée grecque est une pensée de l'immanence puisque l'ordre parfait n'est pas un idéal, un modèle qui se situerait ailleurs dans l'univers , mais au contraire une réalité de part en part incarnée en lui. Le divin des stoiciens, à la différence du Dieu des chrétiens, n'est pas un Etre extérieur au monde, mais il est pour ainsi dire son ordonnancement même, en tant qu'il est parfait. Cependant, (...), l'ordre harmonieux du cosmos n'en est pas moins transcendant par rapport aux humains, en ce sens précis qu'ils ne l'ont ni crée ni inventé. Ils le découvrent au contraire comme une donnée extérieure et supérieure à eux. Le mot "transcendant" s'entend donc ici par rapport à l'humanité. Il désigne une réalité qui dépasse les hommes sans pour autant se situer ailleurs que dans l'univers. La transcendance n'est pas au ciel mais sur la terre.
-Une deuxième conception de la transcendance , tout à fait différente et même opposée à la première, s'applique au Dieu des grands monothéismes. Elle désigne tout simplement le fait que l'Etre suprême est, au contraire du divin des Grecs, "au-delà" du monde crée par lui, c'est-à-dire tout à la fois extérieur et supérieur à l'ensemble de la création. Contrairement au divin des stoiciens, qui se confond avec l'harmonie naturelle et n'est par conséquent pas situé hors d'elle, le Dieu des juifs, des chrétiens et des musulmans est totalement supranaturel -pour ne pas dire "surnaturel". Il s'agit donc là d'une transcendance qui ne situe pas seulement par rapport à l'univers lui-même conçu tout entier comme une création dont l'existence dépend d'un Etre extérieur à elle.
-Mais une troisième forme de transcendance, différente des deux premières, peut encore être pensée. Elle prend racine, déjà, dans la pensée de Kant, puis chemine jusqu'à nous à travers la phénoménologie de Husserl. Il s'agit de ce que Husserl nommait la "transcendance dans l'immanence".
La formule n'est pas très parlante, mais elle recouvre une idée d'une très grande profondeur. (...) : il n'y a pas d'omniscience, pas de savoir absolu car tout est visible se donne toujours sur un fond d'invisible (exemple d'un cube à six faces: il y a toujours trois faces visibles et trois faces cachées). En d'autres termes, toute présence suppose une absence, toute immanence une transcendance cachée, toute donation d'objet, quelque chose qui se retire.

Commenter  J’apprécie          70
L'action vraiment morale, l'action vraiment "humaine" (...) sera d'abord et avant tout l'action désintéressée, c'est-à-dire celle qui témoigne de ce propre de l'homme qu'est la liberté entendue comme faculté de s'affranchir de la logique des penchants naturels. Car il faut bien avouer que ces derniers nous portent toujours vers l'égoisme. La capacité de résister aux tentations auxquelles il nous expose est très exactement ce que Kant nomme la "bonne volonté", en quoi il voit le nouveau principe de toute moralité véritable : alors que ma nature -puisque je suis aussi un animal- tend à la satisfaction de mes seuls intérêts personnels, j'ai aussi, telle est du moins la première hypothèse de la morale moderne, la possibilité de m'en écarter pour agir de façon désintéressée, altruiste (c'est-à-dire tournée vers les autres et non seulement vers moi). (...)
Sans l'hypothèse de la liberté, une telle idée n'aurait évidemment aucun sens : il faut bien supposer que nous sommes capables d'échapper au programme de la nature pour admettre que nous puissions parfois mettre notre "cher moi" de côté.
Commenter  J’apprécie          70
Enfin, il y a dans le contenu du christianisme notamment sur le plan moral, des idées qui, même pour des non-croyants, ont encore aujourd'hui une importance majeure, des idées qui vont, une fois détachées de leurs sources purement religieuses, acquérir une autonomie telle qu'elles vont pouvoir être reprises dans la philosophie moderne, et même par des athées.
Par exemple, l'idée que la valeur morale d'un être humain ne dépend pas de ses dons ou de ses talents naturels, mais de l'usage qu'il en fait, de sa liberté et non de sa nature, est une idée que le christianisme va donner à l'humanité et que bien des morales modernes, non chrétiennes voire antichrétiennes, vont malgré tout reprendre à leur compte. Voilà aussi pourquoi il serait vain de vouloir passer sans transition du moment grec à la philosophie moderne sans dire un mot de la pensée chrétienne.
Commenter  J’apprécie          60
Les Evangiles, le quatrième en particulier, qui fut rédigé par Jean, témoignent d'une connaissance certaine de la philosophie grecque, et notamment du stoicisme. Il y a donc bel et bien eu confrontation, pour ne pas dire compétition entre les deux doctrines de salut, celle des chrétiens et celle des Grecs, de sorte que la compréhension des motifs pour lesquels la première l'a emporté sur la seconde est au plus haut point éclairante pour saisir non seulement la nature exacte de la philosophie, mais aussi pour percevoir comment, après la grande période de la domination des idées chrétiennes, elle va pouvoir repartir vers d'autres horizons -ceux de la philosophie moderne.
Commenter  J’apprécie          60
Nous vivons presque toute notre vie entre souvenirs et projets, entre nostalgie et espérance.
Commenter  J’apprécie          40
Dans quelque domaine que ce soit, toute grande oeuvre d'art est toujours, au départ, caractérisée par la particularité de son contexte d'origine. Elle est toujours marquée historiquement et géographiquement par l'époque et "l'esprit du peuple" dont elle est issue. C'est là, justement, son côté "folklorique" - le mot folklore vient du mot folk, qui veut dire "peuple"- (...). (...)
Pourtant, le propre de la grande oeuvre, à la différence du folklore, c'est qu'elle n'est pas rivée à un "peuple" particulier. Elle s'élève à l'universel ou pour mieux dire elle s'adresse potentiellement à l'humanité tout entière. C'est ce que Goethe appelait déjà, s'agissant des livres, la "littérature mondiale". L'idée de "mondialisation" n'était nullement liée dans son esprit à celle d'uniformité : l'accès de l'oeuvre au niveau mondial ne s'obtient pas en bafouant les particularités d'origine, mais en assumant le fait d'en partir et de s'en nourrir pour les transfigurer toutefois dans l'espace de l'art. Pour en faire quelque chose d'autre que du simple folklore.
Du coup, les particularités, au lieu d'être sacralisées comme si elles n'étaient vouées à ne trouver de sens que dans leur communauté d'origine, sont intégrées dans une perspective plus large, dans une expérience assez vaste pour être potentiellement commune à l'humanité. Et voilà pourquoi la grande oeuvre, à la différence des autres, parle à tous les êtres humains, quels que soient le lieu et le temps où ils vivent.
Commenter  J’apprécie          40
Là où l'esprit borné reste englué dans sa communauté d'origine au point de juger qu'elle est la seule possible ou, à tout le moins, la seule bonne et légitime, l'esprit élargi parvient, en se plaçant autant qu'il est possible du point de vue d'autrui, à contempler le monde en spectateur intéressé et bienveillant.
Acceptant de décentrer sa perspective initiale, de s'arracher au cercle limité de l'égocentrisme, il peut pénétrer les coutumes et les valeurs éloignées des siennes, puis, en revenant en lui-même, prendre conscience de soi d'une manière distanciée, moins dogmatique, et enrichir ainsi ses propres vues.
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (693) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Thésée et le minotaure

    Qui est le père de Thésée?

    Héraclès
    Zeus
    Hadès
    Poséidon

    8 questions
    14 lecteurs ont répondu
    Thème : Thésée et le Minotaure de Luc FerryCréer un quiz sur ce livre

    {* *}