Je pense qu'il s'agit là de l'un des premiers romans de
Paul Féval. L'auteur se "cherchait" encore. Ce petit roman, écrit comme un fabliau du temps jadis, n'en a pas moins de charme et l'on se laisse volontiers prendre à sa simplicité, pour ne pas dire sa naïveté. On le lit en souriant avec indulgence, tendresse, amusement.
Comme dans les contes, tout finira pour le mieux : le courage, la loyauté et l'honneur seront vainqueurs, le preux chevalier sauvera et épousera sa belle, la justice triomphera, le petit pêcheur de coques "plus poltron que les poules" prendra de l'assurance, deviendra un héros et obtiendra, lui aussi, la main et le coeur de sa dulcinée. Oh et bien entendu, les méchants seront punis.
Le morceau de bravoure final est construit autour de la légende de la marée du Mont Saint-Michel, "qui monte à la vitesse d'un cheval au galop". Ainsi donc, Aubry de Kergariou, notre héros, ayant sauvé la belle Reine de Maurever, est pris au piège entre les sables mouvants dont il ne connaît pas l'emplacement et la fameuse marée, qui monte, qui monte... à vitesse grand V ! Guidé par son chien fidèle entre les "lises" (les sables mouvants), Aubry s'en remet donc à son vaillant destrier qui lutte de vitesse avec la mer... C'est tout joli, tout naïf, plein de fraîcheur.
Frère Bruno racontera cette histoire durant des années, à en racasser les oreilles de tout le monde, et moi, franchement dit, j'adore ! J'adore ce passage. Qui pourrait d'ailleurs donner une jolie scène au cinéma.
Cela parait fade ? Non, ça ne l'est pas. Car si simpliste qu'elle soit, l'intrigue est servie par la plume de
Paul Féval, qui nous entraîne avant tout, entre Bretagne et Normandie, autour du Mont Saint-Michel, dans les brumes, les mystères et les légendes du pays breton (ou normand) de l'an de grâce 1450. Et ce voyage est enchanteur. Et puis honnêtement, ça fait du bien, tellement de bien parfois de revenir aux sources et de lire un petit bijou comme celui-là, pétri de folklore et de simplicité !