APRÈS avoir lavé et essuyé la vaisselle du dîner, les Adler quittèrent la cuisine et se dirigèrent vers le salon.
En tête marchait Gottfried Helmuth Adler, dit Gott ; il songeait que la famille n’aurait pas dû prendre ses repas à la cuisine, mais dans une belle salle à manger où les auraient servis des domestiques de couleur. Le grand verre à cognac qu’il avait en main contenait le restant d’un cocktail à base de gin et de vermouth, dilué dans de l’eau glacée mais plus tassé que sa femme n’était censée le savoir. Cet élixir faisait partie intégrante du programme que Gott avait soigneusement mis au point pour finir ses journées en beauté. Dieu lui-même ne s’était-il pas reposé pendant la Création ?