Un ouvrage assez moyen, dans lequel
Nic Fields se laisse trop souvent aller à du hors-sujet et des platitudes pour meubler, secondé par une iconographie médiocre semblant elle aussi servir essentiellement à faire du remplissage.
Les nuages commencent à s'accumuler dès les premières lignes de l'introduction, lorsque l'auteur arrive à citer pêle-mêle en quelques phrases
Tom Wolfe, Hollywood,
Rosa Luxemburg, Marcos,
Che Guevara, Marx et Engel. J'avais déjà remarqué dans mes précédentes lectures du même auteur qu'il a une certaine tendance à recourir à la philosophie de comptoir quand il ne sait pas quoi dire : avec une soupe pareille dès l'introduction, on sent qu'on va être gâté pour la suite !
Au cours de la lecture, on remarque rapidement que, la pseudo-philosophie mise à part, la structure du propos est assez bancale, avec des parties dont le contenu ne correspond pas vraiment au titre ou des sous-parties qui paraissent s'être égarées là tant elles tombent comme un cheveu sur la soupe.
On trouve ainsi une partie intitulée « l'ordre social romain » ; au début on se dit que penser pouvoir décrire l'ordre social de cette république romaine agonisante en une douzaine de pages est un brin ambitieux, puis on se rend compte qu'en fait la section ne parle que de l'esclavage...sauf une demi-page consacrée aux peuples osques, qui semblent avoir été mis là parce qu'il fallait bien en parler quelque part. La grande question demeure la raison d'être de cette partie, alors qu'il y a un peu plus loin une autre dédiée aux armées en présence dans laquelle les explications sur la traite des esclaves auraient facilement pu trouver leur place. Par ailleurs, en ce qui concerne les Osques, soit ils sont importants et ils méritent alors plus qu'une demi-page, soit ils ne le sont pas et on peut peut-être alors se passer de contexte à leur sujet.
En ce qui concerne l'iconographie, dire que les photographies ne sont pas terribles semble être un doux euphémisme : beaucoup sont minuscules, en noir et blanc et de mauvaise qualité de manière générale, donnant l'impression d'être issues des photos de vacances des années 80 de l'auteur plutôt que de vrais photographes. Par ailleurs, l'intérêt de certaines images est parfois discutable : je ne vois ainsi guère l'intérêt de mettre une photo d'une éruption du Vésuve au XIXe siècle, alors qu'au moment de l'action c'était une montagne comme les autres, ou une image médiévale de la Crucifixion de Jésus, d'autant plus qu'elle ne montre pas fidèlement la méthode romaine de crucifixion…
Le constat est un peu similaire en ce qui concerne les cartes : assez basiques dans l'ensemble, certaines sont en plus sans aucun intérêt, comme une carte détaillée de la Sicile alors qu'à aucun moment les révoltés dont il est question n'ont mis les pieds sur l'île.
Les grandes peintures de batailles de
Steve Noon viennent heureusement un peu sauver l'honneur, en dépit de quelques approximations anatomiques.
À noter également qu'au niveau éditorial, la mise en page est souvent défaillante, avec en particulier de grands blancs parfois supérieurs à une demi-page en fin de chapitre, ce qui ne devrait pas arriver dans un livre qui traite un sujet si complexe en si peu de page (et aussi à ce prix : je ne paye pas un livre 15 € pour me retrouver avec des pages blanches !)
Tout n'est pas à jeter, il y a quelques bons passages, mais dans l'ensemble ce livre me donne l'impression d'avoir été écrit à la va-vite, avec un manque de réflexion sur la structure, qui par ricochet impacte le contenu, ce dernier finissant beaucoup trop souvent en hors-sujet.