AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782868205254
252 pages
Presses Universitaires de Strasbourg - PUS (29/11/2016)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Vingt-cinq ans après la chute de l'URSS, la transition de ses anciennes républiques vers l'Etat-nation et la démocratie parlementaire reste souvent une entreprise périlleuse, pouvant mener jusqu'à la guerre civile, comme le montre la crise ukrainienne actuelle.
Dans ce contexte, la réussite balte semble un contre-exemple, susceptible de servir de modèle à d'autres ex-républiques socialistes. Or, derrière les paisibles façades hanséatiques, les tensions couvr... >Voir plus
Que lire après L'impossible nation lettone. Etude des lieux d'une nation post-sociétiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La Lettonie, ce petit pays méconnu à la grande histoire. Indépendant depuis 1991, les études francophones à son sujet se font encore rares. Dans L'impossible nation lettone, André Filler, maître de conférences en études slaves, entreprend justement d'étudier ce territoire fracturé par l'histoire.

Ecrit à partir de sources françaises, anglaises, russes et lettones, cet écrit universitaire est à la fois complexe et complet. Complet, car il brosse le portrait de l'identité lettone, qui s'est façonné à travers des siècles de domination germano-russes. Complexe, car l'auteur se veut exhaustif et présente de nombreuses thèses opposées, s'appuie sur de multiples chiffres venant de documents officiels, et ne cherche pas à vulgariser la complexité de la construction de l'Etat letton. En outre le style est parfois jargonneux : "allogène", "idiome", "aglossie", "diatopique" pour ne citer que ces termes...

Pour son étude, André Filler se fixe comme cadre temporel le début de la Perestroïka en 1985 jusqu'à 2011, année du dernier recensement de la population. Il définit le nationalisme comme "toute tentative d'asseoir la suprématie d'une seule et unique identité nationale, d'en proclamer la nature légitime et d'en assurer le caractère exclusif, dans l'ensemble des lieux de natio-genèse." (p. 35).

Il commence tout d'abord par distinguer les étapes de la formation de l'identité nationale lettone, en remontant jusqu'au début du XVIè siècle, quand une identité linguistique lettone émerge, notamment via les dainas, poèmes lettons, et ce, malgré les conquêtes germaniques. André Filler décrit les différents partis en lutte pour la conquête du territoire, les influences romantiques sur lesquelles se construit le renouveau national des années 1860 et les premières formulations identitaires...

Finalement, l'Etat letton indépendant naît le 18 novembre 1918. Arrive alors ce que l'auteur appelle "le siècle des extrêmes", durant lequel la Lettonie connaît de 1920 à 1934 une république parlementaire, puis de 1934 à 1940 la dictature et régime autoritaire de K. Ulmanis, qui a pris le pouvoir par un coup d'état. La décennie 1940-1950 s'avère ensuite la plus bouleversante pour le territoire puisque les Allemands s'emparent du pays, avant que les soviétiques ne leur succèdent en 1946. A ce moment là, en raison de leur histoire complexe, les légions lettones des Waffen SS combattent la division lettone de l'armée soviétique sur les champs de bataille de la seconde guerre mondiale. Il n'est alors pas rare que deux frères s'affrontent.

En Lettonie, l'arrivée des troupes du Reich n'a pas été vue par tout le monde comme quelque chose de néfaste, mais parfois comme une opportunité pour se libérer de la domination soviétique. Les lettons étaient bien considérés dans la hiérarchie des races nazie et dès l'arrivée des soldats, les conditions de vie économiques se sont améliorées, la propriété confisquée a été restituée, la vie culturelle a reprise et l'esprit national était vivement encouragée. Les russes se réapproprient le territoire en 1944. Les explications de l'auteur permettent en tout cas de mieux comprendre l'ambiguïté de certains lettons vis-à-vis des célébrations victorieuses de la seconde guerre mondiale.

André Filler développe ensuite toute une partie sur la formation des élites postsoviétiques de Lettonie, qui ont des trajectoires atypiques par rapport à la France ou à l'Angleterre, puis s'intéresse plus précisément aux différents partis politiques du pays : ceux de la droite nationale, du centre-droit national et de la gauche pro-russophone.

Sont ensuite étudiés "le bruissement des langues dans un contexte bicommunautaire", "le remodelage de l'espace post-colonial" et la "concurrence des narratifs" russes et lettons. A travers cet exposé, nous sommes finalement plus en mesure de comprendre le penchant nationaliste des lettons, leurs rapports complexes avec les russophones apatrides et leurs désirs quant à l'Europe et la Russie.

L'impossible nation lettone demeure un écrit scientifique et la lecture s'avère difficile si on ne dispose pas de connaissances préalables par rapport à l'histoire de l'URSS, voire de la Lettonie. Je regrette quelque peu l'absence d'une lecture purement chronologique des événements, et des sous-titres plus clairs, de sorte à bien suivre et comprendre l'histoire du pays. L'auteur cherche à dire beaucoup de choses, peut-être trop par rapport au cadre temporel et au propos fixé. Je pense qu'il peut être intéressant de travailler ce livre extraits par extraits, plutôt que d'en faire une lecture linéaire sans réel travail d'approfondissement.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Nous entendrons ainsi par "nationalisme", toute tentative d'asseoir la suprématie d'une seule et unique identité nationale, d'en proclamer la nature légitime et d'en assurer le caractère exclusif, dans l'ensemble des lieux de natio-genèse.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : cohésionVoir plus

Autres livres de André Filler (1) Voir plus

Lecteurs (4) Voir plus




{* *}