C'est peut-être cela la société postlittéraire ou le monde d'après le roman: un monde peuplé d'Emma Bovary sans Flaubert, d'enfants de Don Quichotte sans Cervantès et de moulins à vents allègrement confondus avec la Bête immonde. (p.202).
La littérature nous apprend à nous défier des théorèmes de l'entendement et à substituer au règne des antinomies celui de la nuance.
"Aucune réussite de l'esprit de géométrie ne saurait absoudre l'homme de ses responsabilités envers l'esprit de finesse" (Constantin Noïca) (p.255-256).
Lénine a voulu briser avec le passé russe, il a cru trancher au bistouri le lien du progrès et du servage; mais par sa radicalité même, il a consolidé ce lien et ce paradoxe tragique a trouvé son apothéose dans la toute-puissance méthodique de l’État stalinien. Tout passe - les régimes, les dynasties, les révolutions - , demeure la servitude. (p.73).
Du matin au soir, le public que nous formons est invité à se marrer. Le rire est devenu la bande-son du monde. (p.36).
La première phrase : Le roi Salomon suppliait l'Eternel de lui accorder un cœur intelligent.
"Autrement dit, il n'y pas d'union sans union sacrée et pas d'union sacrée sans victime expiatoire. Privée de l'aliment de la haine, la fraternité dépérirait; pour exister, elle a besoin de chair fraîche."p.22
L'art a la double vertu de déployer les différences et d'attester l'unité du genre humain. (p.275).
.....il ne lache pas la bride à sa rage.C'est donc en connaissance et même en expérience de cause qu'il affirme qu'à l'opprimé tout n'est pas permis et que la misère ne saurait constituer un certificat d'irresponsabilité ni a fortiori un droit au mal.
L'esprit antiraciste qui souffle sur les campus à l'aube du nouveau millénaire n'abroge pas l'esprit de persécution mais le ravive. La Bête a été terrassée; ce qui rend néanmoins l'air du temps si difficilement respirable, c'est la ressemblance entre la bonne pensée triomphante et les mauvaises pensées frappées d'opprobre. (p.161)
En voulant réduire, jusqu'à la faire disparaître, la part de l'immaîtrisable et de l'incalculable, on bâtit une société d'esclaves. (p.72).