Citations sur Bernice se coiffe à la garçonne - Le pirate de la côte (4)
Passé la quarantaine, les gens se laissent rarement convaincre de quoi que ce soit. A dix-huit ans, nos convictions sont des collines du haut desquelles nous regardons le monde ; à quarante-cinq, des cavernes où nous nous en cachons.
L’espace d’un instant, la mer et le ciel retinrent leur souffle et l’aurore posa une main rose sur la jeune bouche de la vie ; puis monta du lagon la complainte d’un canot à rames et le chuintement des avirons.
Soudain, se détachant sur la fournaise dorée encore basse vers l’est, leurs deux silhouettes graciles se fondirent en une seule : il embrassait sa bouche d’enfant gâtée.
Le chant des Noirs s’était éteint en un murmure plaintif et il semblait que de minute en minute la luminosité et le vaste silence s’amplifiassent au point que le jeune homme pût presque entendre les sirènes à leur toilette nocturne peigner leurs boucles ruisselantes d’argent dans le rayon de lune et se raconter les belles épaves qui leur servaient de demeures bordant les avenues opalescentes et glauques des fonds marins.
« Vous voyez, fit doucement Carlyle, voilà la beauté que je désire. Il faut que la beauté soit étonnante, étourdissante… Il faut qu’elle s’impose comme un rêve, comme les yeux exquis d’une jeune fille. »
Malgré ses dix-neuf ans, elle faisait l’effet d’une enfant précoce et enjouée : dans la radieuse douceur de sa jeunesse et de sa beauté, tous les hommes et toutes les femmes qu’elle avait connus n’étaient que morceaux de bois flotté sur les vaguelettes de son tempérament.