Troisième lecture dans le cadre du Prix Relay Voyageurs-Lecteurs, je remercie Babelio et les Éditions
Actes Sud pour l'envoi de ce roman.
Seconde Guerre Mondiale.
Relier le Siam à la Birmanie est l'objectif du Japon. Objectif militaire mais c'est aussi pour asseoir sa supériorité sur les occidentaux qui avaient renoncer à la construction d'une telle ligne ferroviaire en temps de paix.
Les prisonniers de guerre, esclaves, main d'oeuvre corvéable et abondante à souhait, subissent les pires traitements imaginables aux mains de bourreaux à l'imagination perverse débordante pour assouvir la volonté de l'Empereur nippon.
À l'automne de sa vie, Dorrigo Evans, survivant, se souvient…
Aussi terribles soient-ils, j'ai adoré les passages sur la Voie ferrée de la Mort, sur ce camp japonais, pendant la seconde Guerre Mondiale. Il est impossible de les lire sans avoir des flashs des images de certaines productions cinématographiques, telles le pont de la rivière Kwai, Invincible ou le très récent et excellent film, Les voies du destin.
La différence culturelle japonaise est ici mise en avant pour tenter d'expliquer les horreurs extrêmes infligées aux prisonniers. La vie dans le camp est très bien documentée et analysée, en des scènes à la limite du soutenable parfois. Entre famine, maladie et brimades, ce ne sont plus que des morts-vivants…
Je n'ai pas apprécié ce roman comme il aurait dû l'être. J'ai été gêné par la construction même du roman, le jonglage entre l'histoire de la Ligne et la romance « impossible » entre Dorrigo et Amy. J'entends bien que la volonté de l'auteur était peut-être d'alléger les scènes parfois très dures du camps de prisonniers mais cela a eu l'effet inverse chez moi: je me suis vite lassée de ce va et vient incessant, de cette opposition entre un sujet terrible et cet amour que j'ai estimé, par contre-coup, superficiel.
Alors oui, c'est un très beau duo livresque qui oppose la mort à la vie, les ténèbres à la lumière, de la fragilité de la condition humaine à la force de la résistance, des aléas du destin à la constance de l'âme et du coeur, mais j'y ai trouvé des longueurs et une difficulté à me passionner totalement pour l'ensemble.
Si j'ai éprouvé de l'empathie pour Dorrigo, le médecin soldat, j'avoue que je suis restée assez insensible à Dorrigo, l'homme civil… Peut-être pour son côté Don Juan d'ailleurs… Et ce grand amour « impossible » promis par la quatrième de couv' est apparu à mes yeux comme un simple adultère…
La plume de l'auteur est puissante et intense; les digressions intellectuelles et poétiques sont profondes.
La réflexion sur l'héroïsme mérite également le détour: de ce besoin pour les peuples d'ériger des héros, des modèles de fierté, des monuments de dignité et des symboles de courage pour alimenter leur foi en leur pays, exacerber leur patriotisme, justifier leurs guerres.
Quand l'homme devenu héros, survivant de l'horreur, n'a plus droit à l'oubli car il porte la responsabilité et le devoir du souvenir de ceux qui ne sont pas revenus.
Les derniers chapitres nous éclairent également sur ces japonais vaincus, face à la Loi internationale, devant répondre de leurs actes, ne comprenant pas ce qu'on leur reproche. Et de l'absurdité de la vie, de l'endoctrinement des peuples, de la mentalité de ces soldats, de la chaîne de commandement, de la cruauté humaine, de l'ignorance de la valeur d'une vie, de l'absence de morale universelle.
Alors je sais, je suis sévère, malgré une plume remarquable, je n'ai mis que 3 sur 5: j'ai adoré tout le pan du roman sur le camp de prisonniers, mais la vie privée de Dorrigo Evans m'a profondément ennuyée, malheureusement!
Je recommande tout de même cette lecture à tous les amateurs d'Histoire!
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