J'ai entamé la Rentrée Littéraire 2017 avec ce livre, que j'ai reçu lors d'un masse critique de Babelio!
Je remercie donc vivement celui-ci, ainsi que les éditions Les Escales pour l'envoi de ce premier roman.
J'ai passé un bon moment avec ce livre. J'aime beaucoup les histoires de famille, ce n'est pas nouveau, c'était donc une certaine valeur sûre. Mais je crois bien que le cadre de la famille est une première pour moi : famille noire américaine dans les années 1950 à 2008, je n'en avais encore jamais lu. Je suis donc ravie d'avoir pu le faire.
Excellente idée d'avoir mis un arbre généalogique au début, cela aide vraiment à se retrouver, surtout lors des réunions familiales.
Je viens d'une famille nombreuse – 5 frères et soeurs -la dynamique de ce genre de famille m'est donc connue. Mais ici, on multiplie par deux. 13 enfants! C'est impressionnant (mais comment faisaient les parents niveau fatigue?!?).
Je me suis reconnue dans plusieurs situations (les réunions de famille qui prennent des heures où souvent, on ne décide pas grand chose, les appels dans la fratrie ou cela part dans tous les sens, les fêtes de famille bruyantes, géniales et épuisantes…), c'était donc assez plaisant à lire.
Par contre, j'ai trouvé que cette famille collectionnait quand même les…problèmes et autres addictions. Ils sont très nombreux bien évidemment, mais ils ont quand même pas mal de soucis, sont beaucoup un peu névrosés sur les bords, il y a peu de membres épargnés. Je me demande si je vis dans un monde de bisounours, ou si ce n'est pas tout à fait crédible.
A chaque début de chapitre, on change de narrateur et on suit un des enfants Turner dans son quotidien. C'est écrit à la troisième personne et le narrateur est omniscient, même s'il se centre particulièrement sur un des enfants.
J'aurais aimé en savoir un peu plus sur les autres membres de la famille, plutôt que de se concentrer surtout sur Charles, Troy et Lelah, qui vont être les trois personnages dont on va vraiment suivre la vie. Soit l'aîné et les deux derniers.
Ce sont des adultes qu'on suit, qui sont parents, voir même grands-parents pour certains. Ils ont déjà plusieurs décennies de boulots derrière eux, ils sont installés dans une certaine routine, ou au contraire, se débattent dans leurs problèmes financiers ou sentimentaux et leurs désillusions.
Mon principal problème est que je ne me suis attachée à personne en particulier, ce qui est dommage.
Mais il y a plusieurs réflexions intéressantes et belles sur le temps qui passe, la famille, l'amour…l'écriture est plutôt agréable et soignée, ce n'était pas une lecture compliquée, j'avais tout de même envie de savoir la suite.
J'aurais aimé avoir la réponse à plusieurs questions non résolues : pourquoi Charles traitait Troy de cette manière enfant? Que va-t-il arriver à la maison? Et bien évidemment, l'histoire du fantôme en lui-même, que je trouve écrite de manière intéressante, mais pas satisfaisante à la fin.
Avec ce roman, on se rend compte de la manière dont la ville de Detroit a évolué.
C'est intéressant et assez dramatique d'ailleurs : Quand Viola et Francis arrivent dans cette ville, la ségrégation vit ses derniers beaux jours et ils se battent pour sortir de la misère et entrer dans la classe moyenne.
Mais tous ses efforts sont vains, puisque la crise industrielle arrive et la région qu'on appelle la « Ceinture de rouille » (Rust-belle à cause de toutes les industries lourdes qui faisaient vivre tout le coin et qui, après la guerre ont périclitées) sombre dans la pauvreté et la dés-urbanisation. Les plus riches quittent la ville, certains quartiers se transforment en ghettos, le racisme et la violence sont la norme…la joie quoi.
Et le coup de grâce arrive avec la crise des subprimes qui vient enlever tout espoir immobilier pendant un long moment.
Ils se retrouvent donc à nouveau à la limite de la pauvreté, dans l'impossibilité de racheter le prêt de la maison, l'impossibilité de la vendre sans le faire à perte…bref, c'est assez désespérant.
J'ai tout de même l'impression que l'autrice aime cette ville, qu'elle décrit avec lucidité, mais tout de même de la tendresse, surtout quand elle parle de cette vieille maison. C'était assez touchant.
Forcément, il est difficile de prendre une décision rationnelle quand on parle de la maison de son enfance. La garder, s'en débarrasser? C'est loin d'être une question facile et devoir prendre une décision à 13 ne facilite pas la tâche.
————————————————-
Une lecture agréable donc, une histoire familiale dans un contexte intéressant et contemporain. Un premier roman réussi, je le conseille, on passe un bon moment (mais ce n'est pas la lecture du siècle ou même du mois). A voir pour son prochain livre si elle en fait un.
Lien :
https://writeifyouplease.wor..