Débuté avec envie (j'ai beaucoup aimé le précédent livre de cet auteur), lu avec ennui et achevé avec soulagement, voilà résumé rapidement mon sentiment sur «
les Apparences ».
L'intrigue débute sur fond de crise financière. Nick et Amy, un jeune couple de bobos newyorkais, perdent successivement leur emploi. Ils quittent alors Manhattan pour s'installer dans la ville natale de Nick, au fin fond de l'état rural du Missouri. Un vrai choc de culture pour la jeune femme. Catastrophe, le jour anniversaire de leur cinquième année de mariage, celle-ci disparaît laissant dans le salon des traces de lutte et de sang. Brr, on tremble !
Commence alors un récit à deux voix : celle du mari à la recherche de sa chère et tendre envolée et celle d'Amy sous la forme d'un journal intime tenu depuis leur rencontre. de fait, on suit la progression de l'enquête en compagnie de ces deux points de vue différents, mais aussi décalés dans le temps. le procédé est censé, j'imagine, apporter un éclairage contradictoire aux propos des deux protagonistes, semer le trouble et, par là même, faire monter un suspens insupportable. Malheureusement, tous ces effets tombent à l'eau. Les petits cailloux semés tout au long du texte, comme autant de signaux d'alerte, sont trop visibles et l'incohérence du journal d'Amy trop marqué pour être crédible un instant. N'ayant trouvé aucun protagoniste particulièrement sympathique, intrigant ni même effrayant, je me suis rapidement désintéressée de leur destin. le rythme mou de l'enquête policière fait écho à la passivité de Nick. Par conséquent, la narration ne trouve à aucun moment une quelconque tension, d'autant que l'intrigue s'éternise sur des pages et des pages…
J'ai bien repris espoir dans la seconde partie (au bout de plus de 300 pages, quand même ! ), où, tout d'un coup, les perspectives sont bousculées par un changement de point de vue, un peu trop téléphoné à mon avis. de ce fait, on revoit tous les évènements avec un léger décalage qui n'insuffle pas véritablement d'angoisse pour autant. Ce rebondissement littéraire se transforme alors en une répétition un peu vaine, au cours de laquelle toutes les clés de résolution sont méthodiquement distribuées.
La version française n'arrange rien à l'affaire. Trop littérale, j'ai eu, de temps à autre, la sensation d'avoir affaire à une traduction automatique sans aucun apport stylistique. L'oralité accentuée de la narration devient pénible au fil des pages et la mise en abîme des caractéristiques de la vie d'une petite communauté américaines vite fatiguante.
Dommage, trois fois dommage, car les sujets de fonds abordés ici (la manipulation, le poids des apparences dans notre société, les jeux sociaux auxquels on se prête, les relations de pouvoir et le délitement d'un couple) constituent une matière en or pour faire, au choix, un roman psychologique de grande tenue ou un thriller angoissant ! Malheureusement,
Gillian Flynn est passée, selon moi, à côté de l'un et de l'autre.