L'IMPÉRIALISME
On a été amenés à chercher une solution à nos propres problèmes : il y en a qui y sont venus par l'esprit et d'autres y sont venus par le ventre. On ne fait pas de distinction entre les travailleurs qui veulent rejeter le capitalisme parce qu'ils se rendent compte dans leur vie quotidienne que c'est inhumain, que ce n'est pas moral, ni entre ceux qui s'aperçoivent que le capitalisme, c'est l'impérialisme et plus, donc a-national. Ni entre ceux qui y sont venus par des voies intellectuelles, qu'ils aient étudié le marxisme, le léninisme ou qu'ils aient étudié n'importe quelle autre philosophie ou théorie. Nous avons autant de respect pour les uns que pour les autres. On n'a pas à décider de la conscience des gens ni de leur cheminement. Ce que nous réalisons, c'est qu'en Amérique du Nord, au Québec, nos abondantes ressources naturelles ont été données à des gens qui les exploitent à leur profit au détriment de la population.
L'activité économique est réglée en fonction du profit. Nous savons que dans ce système-là, notre marge de décision et de liberté n'existe à peu près pas. Même nos conventions collectives sont restreintes à une très petite marge de liberté. Il y aurait même des bouffons pour dire que, aujourd'hui, les travailleurs sont trop forts et qu'on a rompu l'équilibre entre les travailleurs et le capital, entre les représentants syndicaux et les représentants de l'administration. Nous savons parfaitement que la plupart de nos conventions collectives sont des contrats de reddition, des trêves. Nous nous engageons à offrir nos services à telle et telle condition, mais il y a tous les droits de gérance dont nous sommes exclus. De plus en plus de travailleurs prennent conscience que, lorsqu'ils sont mis à pied sans même avoir reçu d'avis, s'ils avaient participé à la direction de leur entreprise, s'il y avait eu une démocratie industrielle, eh bien, ils auraient su ce qui se passe.
Congrès du CCSNM, 1972.
Vous avez pu voir dans les journaux la lutte et les combats entre les gouvernants réactionnaires et les Palestiniens qui se sont fait chasser de chez eux depuis 1948, avec la complicité des grandes nations, les États-Unis, l'Angleterre, la France et l'Union soviétique. Ils ont installé un gouvernement non seulement réactionnaire, mais agresseur, comme les Européens agresseurs dans le monde entier, les Européens dégénérés qui sont allés conquérir par les armes des peuples plus faibles, souvent avec l'aide de l'Évangile ou d'une pseudo-Évangile. Ç'a été l'histoire des Portugais qui occupent toujours le Mozambique où on fait encore des massacres qui durent depuis 1495. Les Espagnols ont ravagé l'Amérique latine et les ont volés. Les Français et les Anglais se sont installés au Proche-Orient et en Afrique du Nord ; ils les ont volés et les ont massacrés tant qu'ils ont pu. Ç'a été la [103] même chose en Asie du Sud-Est, en Indochine française. Les Français sont sortis depuis 20 ans aujourd'hui de Diên Biên Phu d'où ils ont été chassés et où les Américains ont recommencé. Et notre pays est complice de tout ça, de l'exploitation des gens de l'Amérique latine, des Caraïbes, du Proche-Orient et de l'Asie du Sud-Est. [...]
Le prix du pétrole a monté parce que les gens du Proche-Orient veulent se libérer. Que la guerre continue entre les trois millions de gens qui sont en Israël, ceux qui ont volé littéralement le territoire des Palestiniens, qui les ont chassés de chez eux et un autre trois millions de Palestiniens, ça veut dire qu'il y a six millions d'humains qui vont s'entre-tuer pendant encore un autre 20 ans pour le bénéfice des exploiteurs des États-Unis et des autres pays.
Congrès du CCSNM, 1973. - Michel Chartrand -