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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un court récit autobiographique tout en nuances, où Yammie se remémore la jeune femme qu'elle a été , au temps où on l'avait envoyée en tant qu'enseignante de français sur un poste en terre Innue , sur une réserve de la Côte Nord, au Québec...

Elle désire accomplir quelque chose , en revenant sur la terre de ses ancêtres , non sans une certaine appréhension :
« Revenir est la fatalité .Dans ce tout petit village, cette nature épineuse sablonneuse , imaginée de toutes pièces depuis mon enfance , immuables souvenirs . »

Manikanetish en langue innue c'est le nom de cette école qui signifie « Petite Marguerite ».

Yammie, partagée entre deux cultures va mettre toute son énergie, sa chaleur humaine, son savoir , son affection et même sa tendresse , malgré quelques maladresses, au service de ses élèves, afin de les faire progresser, les sortir de la détresse,——ceux que s'en sortent assez bien ——ceux qui ont des difficultés ——ceux qui ne peuvent se consacrer entièrement à leurs études à cause de responsabilités de jeunes adultes extra- scolaires,——grossesses précoces, précarité et même suicide ....
On est loin d'une certaine insouciance et de la légèreté .
Cette relation prof - élève évolue plutôt bien au fur et à mesure que Jamie retrouve ses racines ...
C'est un livre serein, extrêmement touchant, pétri d'émotions positives, profond , tendre, une espèce de journal de jeune enseignant qui fait chavirer notre coeur.

Les chapitres sont courts , fluides, bruts , puissants , commençant toujours par un mot- clé englobant l'esprit de chacun de ceux-ci., ce qui donne un certain rythme entraînant le lecteur .

L'écriture est très belle, simple, sans pathos, nue et crue , sincère et intimiste , nuancée qui fait réfléchir .....
Yammie rend hommage au cours de français , aux subtilités de la grammaire , à l'exercice de l'argumentation, à la cohérence textuelle, monte avec ses élèves dans l'enthousiasme une pièce de théâtre, « le Cid » costumes , souffleur , répétitions , répliques , rôles à distribuer , rassurer les jeunes acteurs , alexandrins——-à la représentation , la salle est pleine .——-

Le lecteur est séduit par la justesse du ton, la douceur , où sont abordées avec clarté les notions d'identité , à travers les codes de la réserve ,l'émancipation, la résilience, une belle solidarité, un retour aux sources réussi malgré les difficultés .
Un très bel ouvrage source d'espoir et d'accomplissement.
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Manikanetish, qui signifie "Petite Marguerite" en langue innue, est le deuxième roman de l'autrice Canadienne Naomi Fontaine. Son héroïne, jeune enseignante de français, a choisi d'accepter un poste sur une réserve innue de la Côte-Nord. Elle revient donc sur ses terres, puisqu'elle-même est née dans la réserve, à Uashat, au Québec. L'école porte le nom "Manikanetish". C'est celui d'une ancienne enseignante, elle-même de la Communauté qui, n'ayant pas d'enfant, avait choisi de s'occuper toute sa vie de ceux des autres. N'est-il pas plus beau défi pour l'école que d'aller à la rencontre des enfants et de les accompagner sur un chemin qui les pousse à grandir, à se libérer et à prendre une place active dans la vie citoyenne. Toute matière enseignée n'est jamais le but, seulement un chemin pour atteindre l'épanouissement et le passage de l'enfance à l'âge adulte.
Or, il n'est pas simple ce temps de mûrissement dans une enclave autochtone. le poids des traditions ramène vers un passé réducteur bien plus qu'il ne projette les jeunes dans l'avenir. Il est nécessaire pour ces derniers de développer et de nourrir une résilience qui les pousse à refuser l'injustice du repli et les aide à prendre conscience des mécanismes qu'ils mettent en place pour sortir de leurs problèmes, se libérer du fatalisme des avenirs bouchés et des condamnations populaires consécutives à une reproduction sociale qui enferme plutôt que d'ouvrir à un monde partagé. Tous ces thèmes sont abordés avec pudeur et vérité. Naomi Fontaine sait de quoi elle parle, ses écrits le prouvent !
On a tous, en toute pudeur, effeuiller la Marguerite : "Je t'aime, un peu, beaucoup, tendrement, passionnément, à la folie, pas du tout"... Pour ce roman de Naomi Fontaine, je m'arrêterais, par décision de coeur, à tendrement et passionnément.
Tendrement parce que j'éprouve beaucoup de tendresse pour ces enseignants capables de sublimer la relation maître-élève et de lui donner l'accès au registre de l'être profond et ce, dans la simplicité, la cohérence et le respect mutuel.
Passionnément car j'ai retrouvé, dans ce roman, la passion qui m'a animé durant tant d'années de vie professionnelles, à savoir le développement d'un savoir partagé et construit avec les apprenants eux-mêmes. de plus, Yammie, l'enseignante accepte de se lancer dans un projet un peu fou et de monter, avec ses élèves, une pièce de théâtre. Même si les choix et les chemins qu'elle emprunte n'auraient nécessairement été les miens, je me suis senti assez proche d'elle dans sa manière de veiller à ne pas faire jouer les vedettes mais plutôt à intégrer chacun, selon ses capacités, et de faire de tous des acteurs à part entière, tous responsables du succès de l'entreprise. Mon passé de professeur d'art dramatique ne pouvait que se réchauffer au contact de ces souvenirs et de cette volonté habitée par Yammie de pousser chacun à grandir, se dépasser et se mettre au service d'une cause commune.
L'écriture est simple, non simpliste. Elle illustre la dynamique du récit. Avec des temps forts dans l'action, des pauses pour la réflexion, l'équilibre recherché pour assurer une attention à tous, au collectif et, en même temps, à chacun, dans l'unique vécu par l'individu. L'écriture, construite autour de nombreux chapitres très courts, écrits à partir d'un mot ou d'un nom servant d'incipit et donnant le thème central traité, assure donc un style très accessible et plaisant à suivre. Les personnages, y compris celui de Yammie, sont autant d'individualités confrontées aux difficultés de l'existence qui plus est, celle imposée par le regard des 'blancs' et le poids des traditions d'une 'réserve'. D'entrée de jeu, la jeune enseignante déclare : "Il était impensable que je me résolve à n'enseigner que la grammaire, ses multiples règles incongrues et la cédille qui fait qu'une lettre s'adoucit. Je leur apprendrais le monde. Et comment on le regarde. Et comment on l'aime. Et comment on défait cette clôture désuète et immobile qu'est la réserve, que l'on appelle une communauté que pour s'adoucir le coeur." Comment aurais-je pu ne pas avoir envie de suivre cette jeune enseignante à cette Côte-Nord pour un chant choral où des voix, des luttes, des paysages et des humains nimbés d'espoir écrivaient la partition ?
Un très beau moment de lecture qui ouvre à de nouveaux espaces. En ce temps de confinement, une vraie richesse.

Lien : https://frconstant.com
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Quel étonnement de découvrir la richesse de l'enseignement du français jusque dans cette communauté innue perdue dans le Nord québécois ! Communauté perdue... par son éloignement et par le peu d'espoir qu'elle offre à ses jeunes qui pourtant s'accrochent tant bien que mal à cette ouverture.
Yammie, professeure de français, prend le risque de rentrer chez elle pour leur donner une chance, en laissant son compagnon derrière elle.

À la fois témoignage et roman quand on s'attache à tel ou tel personnage, cet écrit venu d'un bout du monde est divertissant... et poignant aussi.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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Naomi Fontaine est une auteure innue et Manikanetish est son deuxième roman. En langue innue, Manikanetish signifie « Petite Marguerite ». C'est le nom d'une école à Uashat, une réserve de la Côte-Nord où Yammie, enseignante de français, a été envoyée. Originaire de ce village, elle y revient avec joie et inquiétude. Elle nous confie son expérience auprès de ses cinquièmes et parvient à nous toucher profondément.

Cette autofiction relate le difficile retour aux sources. Partagée entre deux cultures, Yammie a le désir de faire progresser ses élèves pour qu'ils aient une chance de sortir de leur détresse. Mais ayant vécu longtemps à Québec, elle ne se sent pas vraiment intégrée. Elle n'a pas d'ami, n'est pas invitée à sortir par ses collègues, elle ne connait même pas l'ensemble de ses cousins et cousines vivant à Uashat. Peu à peu, elle va réapprendre la vie dans sa communauté et ses codes. La stricte enseignante, certaine que le savoir est primordial pour ces jeunes, va peu à peu se détendre et nouer des liens avec eux jusqu'à les apprivoiser.

La relation prof-élèves évolue au fur et à mesure que Yammie trouve sa place dans la communauté et retrouve ses racines et sa famille. Malgré quelques maladresses, elle est appréciée de ses étudiants et éprouve pour eux beaucoup de tendresse et d'affection que la dureté de la vie renforcera encore. Ces adolescents sont en effet confrontés à la précarité, les grossesses précoces, la mort, la consommation d'alcool ou de stupéfiants… On est loin de l'insouciance qui devrait être celle des jeunes de cet âge.

Interrogeant l'identité et l'appartenance, il propose aussi une double lecture liant l'individu et la communauté, les choix de l'un rejaillissant sur les autres immanquablement.

La langue est belle, déterminée et d'une grande poésie. Les chapitres courts confèrent un rythme constant à ce récit brut et sincère entraînant le lecteur de page en page.

Une fois la lecture achevée, je suis retournée lire les passages que j'avais marqués. Moment émouvant ou description d'un paysage, d'une atmosphère, Naomi Fontaine séduit par sa justesse de ton et la subtilité de ses mots. Un coup de coeur.
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Deuxième roman de Naomi Fontaine et troisième lecture pour #QuebecEnNovembre. Récit de l'année scolaire qu'elle a passée dans une réserve innue en tant que prof de français, toujours de petites textes courts brossant au fil des pages un univers aussi âpre que tendre. On le termine tout ému !
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J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous plonge dans la réalité des jeunes autochtones et de leur enseignante. Manikanetish, petite marguerite, est le nom d'une école secondaire du nord du Québec dans une réserve innue. Beaucoup de résilience chez ces jeunes qui font face à des difficultés mais qui restent soudés, tout en cherchant leur place dans la société actuelle entre modernité et tradition. Une belle lecture qui m'interpelle en tant qu'enseignante.
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Autre texte de Naomi Fontaine à être édité « Manikanetish » (Petite Marguerite) (2017, Mémoires d'Encrier, 144 p.) raconte la vie d'une jeune autochtone, enseignante de français dans une réserve indienne de la Côte-Nord. C'est sa vie et celle de son fils de 5 ans, et de ses élèves qui cherchent à se prendre en main. « Mon père, mort dans un accident de voiture quand j'étais petite, s'appelait Marco. J'ai longtemps pensé que Marc-Aurèle s'épelait Marcorèle » Ce sera le nom de son fils. Naomi Fontaine abandonne un peu le seul fait indien pour inventer une écriture spécifique, directement en français. « Je me suis choisie. J'ai voulu ma vie […] Motiver ces graines d'humains qui créeraient notre futur».
Aux questions de ses élèves qui ne voient pas pourquoi parler français « « À quoi ça sert, le français ? » elle répond « Ça sert à écrire comme il faut et à parler comme il faut. Si vous savez lire, écrire et parler correctement, alors personne ne pourra vous dire quoi penser. C'est d'abord ça, la liberté. »

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La lecture de ce très cours roman, aux airs autobiographiques, remonte à déjà un mois et demi, mais la trace qu'il m'a laissé est assez forte.
Car pour moi qui vient de Belgique, le problème lié aux réserves m'est relativement inconnu. Je me doute de certaines choses et est amenée à réfléchir sur la place qu'a occupé l'homme blanc sur des territoires qui ne sont pas les siens.
Mais comment sont vécues les choses à l'intérieure la réserve? Quel est le quotidien de ces populations regroupées, labellisées et donc stigmatisées? Que se passe-t-il lorsqu'un des membres de la communauté décide de quitter le bercail? Et puis d'y revenir?

C'est un peu tout cela qu'aborde ce livre, à travers une sorte de journal de bord de l'enseignant. L'autrice amène ses interrogations assez brutales quant à l'avenir des jeunes inuits. Sont-ils condamnés à un destin prédéfini depuis des générations ou peuvent-ils avancer comme n'importe quels gamins, sans pour autant perdre leur identité?

Manikanetish nous parle donc de la notion d'identité à travers la réappropriation des codes de la réserve, d'émancipation (de la femme mais pas que, mais surtout), de solidarité et de résilience.

C'est brut, puissant et intimiste à la fois. C'est un point de vue autochtone sur la rudesse de leur vie.
C'est une très belle découverte.
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Touchant, doux et bienveillant sont les mots qui décrivent le mieux ce roman. Les personnages sont complexes et uniques. On s'attache beaucoup à leurs relations et leurs personnalités.Le tout se lit très bien et rapidement. J'ai adoré ce livre, je le recommande fortement.
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Une enseignante innue récemment diplômée accepte un poste sur sa réserve d'origine. Sur ce thème tout simple Naomi Fontaine a pondu un livre d'une justesse de ton incroyable, tant quant à la vie sur une réserve que sur son dur apprentissage du métier d'enseignante. On est loin du cliché méchants blancs-pauvres autochtones trop souvent rabâché. Au contraire, tout est en nuance, apporté finement, sans aucune tentative de moralisation quelconque. C'est un très beau roman, court et touchant.
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