(Hannah commente l'entrée d'Adolf Eichmann à son procès en 1961 à Jérusalem)
Il est entré. On aurait dit un fantôme... En plus, il avait un rhume et il était ravagé de tics. Il faisait toutes sortes de grimaces. Dans sa boîte de verre, il semblait être l'ectoplasme d'une séance de spiritisme.
Et puis, le 8 mai 1945, c'était la fin de la guerre.
Je suis alors devenue directrice à la Commission pour la reconstruction de la culture juive européenne. Ma tâche était de récupérer les biens culturels juifs dérobés par les nazis. Avec une équipe, je devais interroger des réfugiés juifs qui avaient travaillé en Europe dans les bibliothèques ou les musées.
Je découvrais la multiplicité des services et des agences de l'organisation nazie. C'est alors que j'ai commencé à comprendre la structure stratifiée "en oignon" des régimes totalitaires que je développerais dans mon livre "Les origines du totalitarisme".
Il n’existe pas de pensée dangereuse pour la simple raison que le fait de penser est en lui-même une entreprise très dangereuse. Mais ne pas penser est encore plus dangereux…
Ceux qui optent pour le moindre mal tendent très vite à oublier qu'ils ont choisi le mal.
A partir de ce moment, j'en ai eu la certitude : je ne pouvais pas écrire et enseigner en même temps. C'était trop épuisant. J'étais dans un tel état de tension parfois que mes pensées me faisaient l'effet de mouches qui se posaient sur moi et me suçaient le sang. Je ne pouvais m'en débarrasser qu'en écrivant. (p.63)
J'étais jeune et je savais que c'était bien d'être là, mais je n'aimais pas marcher au milieu de cette foule. Je n'aimais pas sa ferveur, sa dévotion. J'avais le sentiment que toute cette émotion, ça empêchait de penser. (p.13)
Il y a des journées qui sont restées gravées dans ma mémoire.
Le 10 mai 1933, par exemple. A Berlin, le soir de l’autodafé… 25000 livres avaient été transportées par camions, la nuit…
Le travail est notre plus grande force, la plus humaine.
Montauban était le point de ralliement de tous les évadés des camps : le maire socialiste avait dit ouvertement son opposition au gouvernement de Vichy.
Il n'existe pas de pensée dangereuse pour la simple raison que le fait de penser est en lui-même une entreprise très dangereuse. Mais ne pas penser est encore plus dangereux.