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EAN : 9782234083301
306 pages
Stock (08/01/2020)
3.8/5   20 notes
Résumé :
Par un hasard miraculeux, Balthazar Janvier, enfant abandonné, devient le domestique dévoué de Lavoisier, père de la chimie moderne, homme encyclopédique : minéralogiste, météorologue, agronome, régisseur des poudres et salpêtres…

Éduqué grâce à la générosité de son maître, Balthazar devient un Sganarelle de laboratoire, ébahi des expériences auxquelles il assiste. Mais ce domestique astucieux sera aussi le témoin des événements de son temps, au momen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Lorsque Balthazar Janvier, jeune homme du peuple, est engagé au service de celui que l'on appelle le père de la chimie moderne, Lavoisier, il ne sait pas encore qu'il va vivre ses plus belles comme ses plus terribles années. Nous sommes à la veille de la Révolution française, et alors que le jeune domestique découvre émerveillé les exploits de la science, la France s'apprête à vivre un bouleversement historique.

« Dans la tête de mon maître » nous plonge au coeur de la Révolution française, et plus particulièrement dans les années de la Terreur. A travers le récit de Balthazar, le lecteur devient le témoin privilégié des événements tragiques de cette période bouillonnante et extraordinaire où l'on croise les grands noms qui ont fait trembler le peuple français - Robespierre, Marat, Danton - mais aussi des hommes comme Lafayette ou encore Benjamin Franklin. Alors que les scientifiques comme Lavoisier continuent à se dévouer corps et âme à leur passion, tentant de résoudre des problèmes de chimie, d'agronomie, de poids et de mesure… le pays s'enflamme et ils ne voient pas vraiment le danger arriver.
Balthazar, lui, le voit, et c'est lors des séances de la Législative auxquelles il assiste avec ses amis que nous suivons les débats enflammés des députés qui donnent lieu à l'adoption de mesures prises sous la pression de la Commune et dont les conséquences sont glaçantes : visites domiciliaires, loi des suspects, dénonciations de « complots aristocratiques »… Arrestations, condamnations à mort … les têtes tombent littéralement les unes après les autres, les massacres du 20 septembre 1792 sont effroyables. La Terreur, ce sont des jours hallucinants où le sang et la guillotine étaient le spectacle quotidien des Français, des jours effroyables où l'on coupait la tête des gens pour un oui et pour un non, des jours nébuleux où une rage instinctive de vengeance et un goût de survivre à tout prix gardaient chacun en vie.

La Terreur, période historique apprise dans nos manuels d'Histoire, n'a jamais autant revêtue toute sa signification qu'à travers les mots de Balthazar. La narration candide et vive de notre héros allège une accumulation parfois déroutante de noms et de faits historiques, allège aussi le récit de tous ces morts. L'attachement à son maître est touchante. On assiste tout simplement à une leçon d'Histoire comme si on écoutait un témoin revenu d'outre-tombe. Enfin, l'originalité et l'intérêt de ce récit est de rendre hommage à Lavoisier, un homme cultivé et intègre, un humaniste de son temps, ainsi qu'aux innovations scientifiques de l'époque. Une belle découverte.
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J'avoue avoir un petit faible pour les romans historiques consacrés à la Révolution française. Après l'excellent le dernier bain de Gwenaële Robert, Dans la tête de mon maître de Béatrice Fontanel plonge lui aussi le lecteur au coeur de la Terreur révolutionnaire à Paris.

Cette fois, ce n'est pas l'ombre de Marat mais celle de Lavoisier (1743-1794) qui plane sur le récit. À l'aube de la Révolution de 1789, celui-ci est un scientifique reconnu et respecté par ses pairs :

« La terre et les minéraux l'avaient tout d'abord passionné, puis ce fut l'eau, sa densité, ses effets dans la nature, son utilisation en ville, enfin ce fut un troisième élément, l'air, qui allait devenir son obsession pour plusieurs années, la chimie des gaz, la chimie pneumatique. »

Malgré ses ascendances nobles, Lavoisier se met dans un premier temps au service du gouvernement révolutionnaire, participant entre autres au développement d'un système uniformisé de poids et mesures. Les scientifiques ne sont toutefois pas à l'abri des soubresauts politiques et la menace approche à mesure que le régime se radicalise…

Le narrateur et personnage principal, Balthazar, est engagé comme domestique par Lavoisier peu avant la Révolution. Vouant une admiration sans borne à son maître, il s'étonne et s'inquiète du contraste entre le monde policé des scientifiques et la montée inexorable de la violence révolutionnaire. L'intérêt du roman est de donner à voir la Révolution de son point de vue de domestique : à la fois homme du peuple et ayant accès au monde des privilégiés.

Dès les premières pages, le décor est campé. Écrivant ses mémoires à la première personne, Balthazar interpelle directement le lecteur, sur le ton de la confidence. Cela crée immédiatement une forte empathie avec son personnage. Dans la tête de mon maître est par ailleurs truffé d'anecdotes intéressantes - et véridiques - sur la Révolution. On apprend ainsi beaucoup de choses sur les progrès scientifiques de l'époque : montgolfières, télégraphe, théorie de la combustion… mais aussi sur la vie quotidienne (les visites domiciliaires, l'obligation de porter la cocarde…).

Si j'ai personnellement pris beaucoup de plaisir à cette lecture, je dois reconnaître que l'intrigue principale (les évènements qui affectent Balthazar et ses proches) ne m'a pas marquée autant que l'ambiance, le style et le côté informatif du récit. Parmi l'une de mes citations préférées :

« C'était un temps où les majuscules proliféraient : le Peuple, la Liberté, la Fraternité, la Révolution, La République, l'Homme… et plus les majuscules se multipliaient, moins les individus comptaient, c'était inversement proportionnel. »

J'ai aimé…
• le style de l'autrice. Béatrice Fontanel a le sens de la formule et le sens de l'humour. Ses descriptions du Paris révolutionnaire sont à la fois informatives et très vivantes.
• Les nombreuses anecdotes intéressantes sur la période révolutionnaire, comme par exemple le fait que certaines petites filles furent baptisées « Télégraphine » suite à l'engouement généré par le télégraphe, ou encore le débat sur la vivisection.
• La mention des femmes engagées dans le monde scientifique et souvent oubliées aujourd'hui, telles la chimiste Claudine Picardet et l'astronome Marie-Jeanne lalande.

J'aurais aimé…
• des descriptions de débats parlementaires un peu moins longues, avec malgré tout un peu plus d'éléments de contexte sur les orateurs.

Merci à NetGalley et aux éditions Stock de m'avoir permis de lire ce livre peu après sa publication officielle le 8 janvier 2020.
Lien : https://histfict.fr/dans-la-..
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Balthazar devient le serviteur du Grand Lavoisier scientifique du 18 ème siècle chimiste et minéralogiste.
Il sera le témoin de son époque celle de la révolution française et de la terreur.
Une parfaite immersion dans cette époque avec chaques protagonistes Robespierre Marat Louis 16 etc nous fait réviser par le biais d un roman haletant l évolution de la France et la construction de notre République française.
Un très bon moment de lecture qui n est pas sans rappeler dans sa construction narrative le Candide de Voltaire.
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Un roman trépidant, vivant, et associé à la Révolution Française. On y suit l'histoire de Bakthazar, que Mr Lavoisier pris à son service et qui nous permet de suivre à travers sa vision de la vie quotidienne, les évènements de la Terreur, et les impacts que cela a entraîné sur la vie de Lavoisier et sa maisonnée.
Balthazar est un témoin intéressant, car il cotoie à la fois le beau monde et le bas monde. Il voit donc les difficultés d'alimentation, de logement, de travail, de peur de dénonciation, mais aussi, les difficultés à prouver son innocence malgré sa place dans la société, place aléatoire, et qui obligent certains à quitter le pays.
C'est bien écrit, facile à lire, attachant, car c'est Balthazar qui raconte, et montre aussi l'attachement à son maître, bon, intègre, et n'acceptant pas d'aide, dévoué à la science et aux recherches.
Au final, une très bonne lecture, agrémentée d'une superbe couverture qui montre bien la période trouble et terrible de l'après-révolution.
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Lorsque j'ai fait le plein à la veille du confinement, j'ai choisi mes livres en pensant dépaysement, voyage dans l'espace autant que dans le temps. Et comme j'apprécie assez les romans se déroulant sous la Révolution française, c'est tout naturellement que j'ai sélectionné celui qui avait déjà retenu mon attention quelques semaines auparavant...

A travers le récit du factotum d'Antoine Lavoisier (le célèbre chimiste ayant abandonné sa particule en cours de route), l'auteure se propose de peindre l'ambiance qui régnait à Paris dans les années qui suivirent la prise de la Bastille, et plus particulièrement celles de la Terreur.

Entre détails de la vie quotidienne et échos des discours enflammés et plus ou moins emphatiques des tribuns, Béatrice Fontanel nous offre un tableau extrêmement vivant de cette époque.
Comment s'alimenter, par exemple, alors que certaines denrées se faisaient rares (tiens, ça vous rappelle quelque chose ?), mais surtout parce qu'il ne fallait pas disposer de plus d'un jour de provisions chez soi, au risque de passer pour un accapareur...

Le contraste qu'offrent le personnage de Balthazar Janvier, jadis enfant trouvé que Lavoisier a pris sous son aile, et ce dernier, ancien fermier général, fortuné et cultivé, permet à l'auteure de poser son regard à la fois sur les plus humbles et sur les plus nantis, l'un et l'autre de ses personnages ayant d'ailleurs d'abord été favorables à la Révolution.

Mais s'il y a une chose dont l'auteure réussit remarquablement à rendre compte, c'est l'omniprésence de la guillotine. On a beau savoir qu'elle fonctionnait à plein régime, il reste néanmoins difficile de se représenter jusqu'à quel point elle avait investi et envahi l'espace public. C'est d'ailleurs sans doute le point fort de ce roman que de nous faire entendre le son mat et glaçant de sa lame, résonnant à tout instant sur les places de la capitale baignant dans un flot ininterrompu de sang... Une lame qui s'abattra en mai 1794 sur la tête de Lavoisier.

Si ce récit ne nous apprend rien de bien nouveau sur cet épisode fondateur de notre histoire, il nous invite néanmoins à une immersion dans un Paris plein de bruit, de mouvement et de fureur, bien éloigné de celui que nous connaissons aujourd'hui...

Lien : https://delphine-olympe.blog..
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critiques presse (1)
Culturebox
28 février 2020
Par la voix de Balthazar et à travers ses yeux, le lecteur découvre le quotidien de la vie parisienne de 1789, et la vie d’un scientifique passionnément dévoué à sa matière et à la recherche. D’une plume alerte, non dénuée d’humour, l’auteure nous emmène dans la tête de son personnage avec fraîcheur.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Alors que l’audience durait depuis trente-six heures, Bachmann, certain d’être condamné, se leva et s’avança avec un sang-froid admirable vers les meurtriers. Le président Lavau arrêta les tueurs d’un grand geste et les conjura de respecter la loi et l’accusé qui était sous son glaive. Ils acceptèrent de se replier et on les vit refluer, comme des hyènes qui ne peuvent s’approcher d’une carcasse parce que des lions la défendent. Mais, dans la cour de Mai, l’orgie de mort continuait. Émile me dit qu’il avait vu des femmes accrocher des oreilles à leur corsage en guise de broches. La foule se bousculait pour voir cette foire à la mort. Dans le tumulte et l’excitation de la tuerie, on vit la charrette du bourreau venir tranquillement se ranger dans la cour, on y pataugeait dans le sang et la boue, Bachmann y monta, enveloppé dans son grand manteau rouge brodé d’or. Il partit pour la guillotine sans que les massacreurs pensent à le réclamer.
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C'était un temps où les majuscules proliféraient : le Peuple, la Liberté, la Fraternité, la Révolution, La République, l'Homme... et plus les majuscules se multipliaient, moins les individus comptaient, c'était inversement proportionnel.
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Je me disais en moi-même que nous vivions une étrange période, où des hommes fabriquaient des machines pour couper la tête de leurs semblables, pendant que d'autres dormaient en plein air pour prendre leur bain d'étoiles.
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Les grandes commotions, l’agitation convulsive, qui avait saisi le pays depuis trois années, la fièvre incessante des tribunes, le clubisme intense pour brasser des idées à grands mots, le patriotisme exacerbé, la trahison des généraux, la faim qui vous tenaillait, le spectacle de l’échafaud, qui avait engourdi les sensibilités, cette rage instinctive de vengeance, ce goût de survivre à tout prix, tout cela en gros et en détail, avaient engendré la Terreur.
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En ce siècle finissant, on avait peur du noir et les Parisiens avaient exigé l’éclairage des rues, même par nuit de pleine lune. Mais si des lueurs inconnues apparaissaient dans l’obscurité, on enquêtait, on saisissait, on incarcérait. Même les lumières devenaient suspectes.
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Videos de Béatrice Fontanel (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Béatrice Fontanel
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